MacNEILL (McNeil), MARY (Fulkerson), médecin, née vers 1859, probablement dans le canton d’Arran, Haut-Canada, fille d’Alexander McNeill et d’une prénommée Mary ; après 1908, elle épousa, peut-être à Buffalo, New York, D. E. Fulkerson ; circa 1861–1908.

Les parents de Mary MacNeill étaient originaires de l’île de Colonsay, en Écosse, et ils auraient immigré dans le Haut-Canada vers 1852. Ils s’installèrent dans le comté de Bruce et devinrent des agriculteurs prospères. Les registres du recensement de 1861 indiquent qu’ils étaient baptistes et vivaient dans le canton d’Arran avec leurs cinq enfants dont Mary, la benjamine, âgée de deux ans, qui était née au Canada. En 1871, ils s’y trouvaient toujours et Mary fréquentait l’école. En 1881, elle ne vivait plus à la maison familiale.

Quand son père mourut, en 1884, Mary MacNeill hérita de 500 $. Cette somme peut l’avoir aidée à financer ses études au Woman’s Medical College of Chicago, où elle s’inscrivit pour l’année 1887–1888. L’accès à la formation médicale était encore limité au Canada pour les femmes [V. Emily Howard Jennings] et il n’était pas rare qu’elles aillent faire leurs études aux États-Unis. Mary fréquenta le Woman’s Medical College de Toronto en 1888–1889, mais elle retourna à Chicago pour l’année universitaire 1889–1890 et elle obtint son diplôme au printemps de 1891.

Ce que fit Mary MacNeill durant les deux années suivantes n’est pas certain. Des membres de sa famille croient qu’elle entreprit des stages de spécialisation à San Francisco. Elle peut avoir poursuivi des études avancées à l’école de médecine de la University of California ou au Cooper Medical College. Les femmes éprouvaient encore des difficultés à obtenir des places d’internes dans les hôpitaux à ce moment-là ; donc, si elle fit son internat à San Francisco, ce fut sans doute au Pacific Dispensary for Women and Children.

Au printemps de 1893, Mary MacNeill se trouvait à Victoria, centre urbain alors en pleine croissance. Elle fut la première femme à s’inscrire comme docteur en médecine au College of Physicians and Surgeons of British Columbia et elle reçut son certificat du conseil de cet organisme à Victoria le 4 mai 1893. Sa sœur la plus jeune vint la rejoindre pour s’occuper de la maison. Bien qu’Annie Mackenzie Chambers, qui avait peut-être étudié avec Mary MacNeill à Toronto, ait pratiqué la médecine à Victoria de 1900 jusqu’au milieu des années 1930, le milieu médical de Victoria était dominé par les hommes. John Sebastian Helmcken*, un des premiers médecins de la ville et homme politique, ainsi qu’Ernest Amos Hall, défenseur reconnu de la chirurgie gynécologique pour le soulagement des désordres mentaux, y étaient très en vue. Ce monde professionnel masculin doit avoir contrasté radicalement avec la formation qu’avait reçue Mary MacNeill dans les établissements destinés exclusivement à un effectif féminin. Elle fit partie de la Victoria Medico-Chirurgical Society, qui exista de 1895 à 1899, mais elle n’y joua pas de rôle de direction et elle n’assista pas aux séances de l’organisme qui prit la relève, la Victoria Medical Society, dont les réunions commencèrent en 1899. Son absence peut indiquer un certain désillusionnement par rapport à la profession médicale.

Mary MacNeill quitta Victoria en 1907 pour aller vivre à Southampton, en Ontario, et s’occuper de son frère Malcolm, veuf, et de sa fille de neuf ans, Katherine. Cette dernière se rappellerait que sa tante était alors une femme religieuse et austère, et non la « personne enjouée, pleine d’entrain et vivante » qu’elle attendait en se basant sur le souvenir qu’en gardaient des membres de sa famille. Un résident de la ville se souvient de Mary MacNeill prêchant dans l’église baptiste de la ville. L’American medical directory de 1909 la mentionne comme médecin de Southampton qui n’exerce pas.

Quand le frère de Mary MacNeill se remaria en 1908, celle-ci quitta la ville. Elle ne demanda jamais à être inscrite pour pratiquer la médecine en Ontario et l’on croit qu’elle avait renoncé à sa profession. À cette époque, elle en était venue à croire au pouvoir de guérison de la foi, et non en celui de la médecine. Charles Joseph Laird, médecin de Southampton, s’est rappelé que lorsqu’elle se maria, elle jeta ses instruments médicaux dans un lac. Des sources familiales permettent de penser qu’elle devint évangéliste, mais un résident de Southampton soutient qu’elle se fit missionnaire.

S’il est vrai que la carrière médicale de Mary MacNeill prit fin en 1907, alors ses études et son travail de médecin couvrent la période la plus fertile en réussites féminines dans le domaine. Après 1910, le nombre d’étudiantes et de femmes médecins diminua radicalement et les collèges médicaux féminins fermèrent progressivement leurs portes. Aucune autre trace de Mary MacNeill n’a pu être trouvée, et sa vie demeure un fragment curieux de l’histoire des Canadiennes et de la profession médicale.

Megan B. Davies

L’information provenant des souvenirs de la famille de Mary MacNeill nous a été gracieusement fournie par Mary Knechtel, de Toronto, petite-nièce du sujet, dans des lettres datées du 26 avril et du 31 mai 1992, et au cours d’une conversation téléphonique que nous avons eue avec elle le 30 septembre 1992. Les données concernant la formation de Mary MacNeill et les études avancées qu’elle a pu faire ont été puisées dans divers dossiers aux Medical College of Pa (Philadelphie), Arch. and Special Coll. on Women in Medicine et nous ont été communiquées par Teresa R. Taylor, archiviste adjointe, dans des lettres datées du 12 février et 3 septembre 1992.  [m. b. d.]

AN, RG 31, CI, 1861, 1871, 1881, Arran Township.— AO, RG 22, Ser. 284, reg. C : 471–474.— British Columbia Medical Assoc., Medical Museum and Arch. (Vancouver), Committee on arch. coll., 2, dossier 9 (notes tirées des procès-verbaux de la Victoria Medical Soc., 1895–1900) ; Notes prepared by Dr Trapp for a proposed history of women doctors in British Columbia.— Medical College of Pa, Arch. and Special Coll. on Women in Medicine, MS-112 (dossiers tirés des Northwestern Univ. Woman’s Medical School records, auparavant le Woman’s Medical College of Chicago).— American medical directory (Chicago), 1909.— College of Physicians and Surgeons of British Columbia, British Columbia medical register (Vancouver), 1907.— Wendy Mitchinson, The nature of their bodies : women and their doctors in Victorian Canada (Toronto, 1991), 341.— Mary Roth Walsh, « Doctors wanted, no women need apply » : sexual barriers in the medical profession, 1835–1975 (New Haven, Conn., 1977).— V. [J.] Strong-Boag, « Canada’s women doctors : feminism constrained », A not unreasonable claim (L. Kealey), 109–129.— Women and medicine in Toronto since 1883 : a who’s who, Rose Sheinin et Alan Bakes, compil. (Toronto, 1987).

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Megan B. Davies, « MacNEILL (McNeil), MARY (Fulkerson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macneill_mary_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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