MACLELLAN, ROBERT, éducateur, né le 14 juillet 1849 à Durham, Nouvelle-Écosse, deuxième fils et sixième enfant de John Maclellan, fermier, et de Helen Hogg ; le 1er janvier 1887, il épousa à Scotsburn, Nouvelle-Écosse, Martha Maria Fraser et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 12 juillet 1922 à Pictou, Nouvelle-Écosse.
En 1775, l’arrière-grand-père de Robert Maclellan, Anthony Maclellan, et sa famille s’embarquèrent à Balcary, en Écosse, sur le Lovely Nelly en partance pour l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard). L’année suivante, les Maclellan s’installèrent à West River (Durham) dans le comté de Pictou, en Nouvelle-Écosse. Pendant des générations, la famille cultiva la terre ; en 1871, John Maclellan était propriétaire d’une ferme de 80 acres. Robert fréquenta l’école à Durham, la Pictou Academy et, en 1871–1872, le Dalhousie College de Halifax, où il reçut la médaille d’or en mathématiques et en rhétorique, ainsi que le deuxième prix en humanités. Il s’avéra aussi un assez bon joueur de football et de crosse. À l’automne de 1872, une occasion d’enseigner se présenta, et il accepta le poste à Upper Green Hill (Greenhill) dans le comté de Pictou.
L’année suivante, Maclellan fut employé par le département d’études préparatoires de la Pictou Academy. En 1876, il devint maître d’anglais et d’humanités, poste qu’il occupa jusqu’au printemps de 1883, année où il démissionna pour devenir inspecteur des écoles du district de Pictou et de South Colchester. Le 8 juillet 1889, il fut nommé maître d’humanités et directeur de la Pictou Academy ; il succédait (comme directeur) à Alexander Howard MacKay, adepte de la discipline sévère. À ce moment, l’académie comptait 245 élèves, ce qui en faisait le plus important établissement scolaire de la province, et l’un des plus influents. Sous la direction de MacKay, l’académie avait servi de modèle à la mise en place d’un régime provincial d’éducation centralisé, avec un programme uniformisé, des classes distinctes, ainsi que des examens et des permis provinciaux destinés aux enseignants. Le cours secondaire de l’académie fut marqué par deux points saillants : accès accru de la population à ce cours et examens rigoureux.
Maclellan ne fut pas le premier choix du conseil d’administration de l’académie – ce dernier souhaitait Ebenezer Mackay – mais en réalité, il poursuivit la direction exceptionnelle de son prédécesseur. Lorsque l’édifice fut détruit par un incendie en 1895, Maclellan et le conseil d’administration firent reconstruire un immeuble de trois étages en deux ans. Sa bibliothèque, son laboratoire scientifique ainsi que le Convocation Hall furent considérés comme les plus modernes de la province. En 1897, la British Association for the Advancement of Science fit l’éloge de la grande collection de spécimens de l’académie. Sous la direction de Maclellan, les diplômés de l’académie se classèrent premiers dans la province aux examens d’admission de la Dalhousie University (1890–1893), pour le nombre d’étudiants diplômés qui fréquentaient cette université (1895) et pour les notes des étudiants de quatrième année en Nouvelle-Écosse (1912). De plus, un élève de l’académie, Frank Parker Day, obtint une bourse Rhodes en 1905. La Pictou Academy Alumni Association fut mise sur pied en 1893 pour maintenir l’intérêt des diplômés ; l’association amassait des fonds, et offrait un certain nombre de médailles et de prix pour encourager l’excellence scolaire. Dans le but de modérer cet élan méritocratique sur le plan scolaire, Maclellan mit au programme des activités sociales et sportives en 1898–1899. Il soutint les plaintes des élèves quant à la lourdeur de la charge de travail, ce qui entraîna des révisions de programme à l’échelle provinciale en 1908. Il fit aussi la promotion des célébrations du centenaire de l’académie en 1916.
Le style de direction de Maclellan fut plus subtil que celui de MacKay, dont les manières étaient autoritaires. Par exemple, il choisit de suspendre, plutôt que d’expulser, deux élèves trouvés coupables d’ivresse publique. Ultérieurement, devant des demandes de congédiement d’un membre du personnel, il réussit à obtenir une démission sans fracas grâce à des prestations de départ de trois mois. En ce qui concerne les activités sociales de l’académie, il mit l’accent sur la respectabilité et la conduite que de « véritables gentlemen et de ladies » devaient adopter. Ses efforts pour encourager la collaboration et une cohésion de la culture de l’école convenaient bien aux élèves de la ville de Pictou, mais eurent un effet limité sur ceux qui, à partir de 1890, faisaient la navette en train à partir de New Glasgow. Ces derniers et ceux venant de milieux ruraux d’ailleurs dans le comté, et également plusieurs filles, se sentirent de plus en plus brimés. Elizabeth Tibbel, élève de la campagne, qui aimait le programme des lettres et composait de la poésie, ne montra jamais ses poèmes aux titulaires de classe parce qu’elle manquait de courage pour le faire. En 1913, le conseil d’administration de l’académie refusa à des filles la permission de jouer au basket-ball dans le Convocation Hall, alors que leurs compagnons utilisaient depuis deux ans les installations de la Young Men’s Christian Association pour leurs cours de gymnastique. La culture de l’école changea encore plus pendant la Première Guerre mondiale : combiné aux réalités de la guerre, le mythe du passé vertueux écossais, évoqué dans le discours émouvant d’Arthur Stanley Mackenzie*, recteur de la Dalhousie University, livré à l’occasion des célébrations du centenaire de 1916, créa un nouveau sens communautaire dans l’académie.
La direction de Maclellan pendant trois décennies fut largement marquée par le consensus et la conciliation, situation résultant de son immense popularité, à la fois auprès des élèves et du personnel. La rigoureuse formation scolaire dont il faisait la promotion permit à beaucoup de jeunes hommes talentueux de s’épanouir dans leurs professions. Les élèves médaillés d’or qui laisseraient leur marque à l’échelle nationale comptent dans leurs rangs Henry Fraser Munro* (1893), qui devint surintendant des écoles de la Nouvelle-Écosse, James McGregor Stewart* (1906), avocat, financier et proche ami de Maclellan, ainsi que John Hamilton Lane Johnstone (1908) et George Hugh Henderson (1910), professeurs à la Dalhousie University, qui élaboreraient une méthode pendant la Seconde Guerre mondiale permettant de démagnétiser les navires pour les protéger des mines magnétiques. Beaucoup d’autres élèves se servirent du contenu de leur programme d’études pour avoir accès à la profession d’enseignant ou pour rehausser leur diplôme. Sous l’habile direction de Maclellan, l’académie continua à encourager l’excellence scolaire et une orientation vers la culture de la classe moyenne, qui se sont répandues dans le comté de Pictou et au delà. Il n’est pas surprenant que les gens cultivés aient constaté que Maclellan avait « rétabli un véritable amour du savoir dans l’établissement. »
En 1908, Robert Maclellan reçut un doctorat honorifique en droit de la Dalhousie University. Les membres du personnel de l’académie et leurs prédécesseurs lui présentèrent une coupe de l’amitié en argent pour souligner cette occasion. En 1916, pendant les célébrations du centenaire, on lui fit l’honneur d’un repas qui dura six heures. À partir de 1914, l’état de santé de Maclellan devint chancelant. Ce dernier donna sa démission le 11 février 1919 ; trois ans plus tard, il mourut. Ses funérailles eurent lieu à l’église First Presbyterian de Pictou sous la direction de l’Oddfellow’s Easter Star Lodge No. 1. Enterré au cimetière Haliburton, il laissait dans le deuil un fils et une fille vivants ainsi que deux frères, James, de Rogers Hill, et William Edward, surintendant des postes et écrivain. En 1933, un dernier hommage fut rendu à Robert Maclellan lorsqu’un donateur anonyme (probablement James McGregor Stewart) créa une bourse portant son nom. À ce moment, Maclellan fut décrit par le Pictou Advocate comme « un enseignant d’humanités inspirant et un merveilleux compagnon ».
Une photographie et une plaque en l’honneur de Robert Maclellan ornent les murs de la Pictou Academy, à Pictou, au Nouveau-Brunswick.
NSARM, 1889–1919 (mfm).— Halifax Herald, 13 juill. 1922.— Pictou Advocate, 5 mai 1908, 6 déc. 1913, 21 juill. 1922.— Journal of Education (Halifax), 3e sér., 10 (1920–1922), nº 6.— C. J. W. Kedy, « Pictou Academy from its founding to the present : an important narrative in the history of education in the province of Nova Scotia » (mémoire de m.ed., Mount Allison Univ., Sackville, N.-B., 1933).— J. P. MacPhie, Pictonians at home and abroad (Boston, 1914).— B. A. Wood, « Constructing Nova Scotia’s “Scotchness” : the centenary celebrations of Pictou Academy in 1916 », Hist. Studies in Education (London, Ontario), 6 (1994) : 281–302 ; Pictou Academy in the nineteenth century (Pictou, 1997) ; « Pictou Academy : promoting “schooled subjectivities” in 19th-century Nova Scotia », Acadiensis (Fredericton), 28 (1998–1999), nº 2 : 41–57
Allan C. Dunlop et B. Anne WOOD, « MACLELLAN, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maclellan_robert_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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