Titre original :  MacLean, Annie Marion. Canada's Early Women Writers. SFU Library Digital Collections. Simon Fraser University, Burnaby, BC, Canada. 1980-2014.

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MacLEAN, ANNIE MARION, professeure, sociologue et auteure, née le 20 janvier 1870 à St Peters Bay, Île-du-Prince-Édouard, fille de John Anderson MacLean et de Christina MacDonald ; décédée célibataire le 4 mai 1934 à Pasadena, Californie.

Érudite d’avant-garde, Annie Marion MacLean fut, parmi les Canadiens, la première à recevoir une formation en sociologie, discipline universitaire alors naissante. Presque toute sa carrière se déroula aux États-Unis. Fille d’un ministre baptiste, elle obtint à l’Acadia University de Wolfville, en Nouvelle-Écosse, une licence ès arts en 1893 et une maîtrise ès arts l’année suivante. Puis, jusqu’en 1896, elle fut préceptrice dans un collège baptiste pour femmes en Illinois, le Mount Carroll Seminary. Elle entreprit ensuite des études de troisième cycle à la University of Chicago, à laquelle le collège s’était affilié en prenant le nom de Frances Shimer Academy. Le frère de Mlle MacLean, Murdock Haddon, avait commencé des études supérieures à la University of Chicago ; à compter de 1896, il y exerça diverses fonctions administratives avant d’amorcer une carrière dans la banque et la philanthropie.

La University of Chicago avait ouvert le premier département de sociologie aux États-Unis en 1892, sous la direction d’Albion Woodbury Small, et était le plus important centre de cette discipline. (La Société royale du Canada n’inscrirait la sociologie parmi ses champs d’études qu’en 1912 [V. Robert-Errol Bouchette*] et la McGill University fonderait le premier département au Canada en 1922 [V. Carl Addington Dawson*].) Annie Marion MacLean a peut-être été la première femme à recevoir, en 1897, une maîtrise en sociologie de la University of Chicago ; son mémoire s’intitulait « Factory legislation for women in the United States ». Elle fut l’une des premières femmes à qui cette université décerna, en 1900, un doctorat en sociologie et science politique. Sa thèse, « The Acadian element in the population of Nova Scotia », qu’elle rédigea sous la direction de Charles Richmond Henderson, a malheureusement été perdue.

L’immigration, la race, et les femmes et le travail étaient les principaux sujets d’études de Mlle MacLean. Ses recherches sur les femmes, riche documentation pour les sociologues des années à venir, se caractérisaient par une observation participante. Elle-même travailla pendant de courtes périodes comme simple employée ou ouvrière dans divers milieux : grand magasin, atelier de misère, exploitation agricole, usine. Ses études portaient sur l’analyse des problèmes des femmes et ne proposaient qu’occasionnellement des solutions. Ainsi, dans un article sur la législation canadienne relative aux femmes en usine, paru en 1899–1900, elle appuyait les arguments du National Council of Women of Canada en faveur d’une réglementation provinciale et de l’embauche d’inspectrices.

À l’exemple de Small, Annie Marion MacLean manifestait, pour la réforme sociale, une passion qui allait au delà de son travail universitaire. Membre fondatrice de la National Consumers League, elle soutenait également la Consumers’ League of Illinois. Celle-ci, installée au centre social Hull House de Chicago en 1898, était un symbole permanent de la ligue formée l’année précédente par d’anciennes étudiantes de l’université. Mlle MacLean fut peut-être la première Canadienne à participer, en juin 1900, à la session estivale de la New York Charity Organization Society. Elle habitait alors au New York College Settlement, dans le Lower East Side. Ce même été, elle prêta son assistance à la New York State Tenement House Commission.

Annie Marion MacLean avait enseigné l’histoire et l’économie au Royal Victoria College pour femmes en 1899–1900, soit dans la première année d’activité de cet établissement montréalais. Elle devint ensuite professeure de sociologie et d’économie à la Stetson University à DeLand, en Floride, où elle fut la première à occuper le poste de doyenne des femmes. En 1902, elle quitta la Stetson University pour la University of Chicago, où elle exerça, au département d’études par correspondance, la fonction d’« instructrice de sociologie », de 1903 à 1907, et de « professeure adjointe de sociologie », de 1907 à sa mort en 1934. Pendant qu’elle était à la University of Chicago, elle rédigea le chapitre consacré à la France dans Modern methods of charity […], étude marquante de Charles Richmond Henderson parue à New York en 1904. Elle fut titulaire d’une chaire en sociologie à l’Adelphi College de Brooklyn (New York) entre 1906 et 1912. Au cours de cette période, elle dirigea une grande étude du conseil national de la Young Women’s Christian Association (YWCA), qui fut publiée à New York en 1910 sous le titre de Wage-earning women. Elle s’installa à New York, ce qui l’amena aussi à travailler pour la National Training School de la YWCA. Membre fondatrice de l’American Sociological Society, établie en 1905, elle prit également une part active à l’American Social Science Association.

Ce furent peut-être des problèmes de santé qui empêchèrent par la suite Mlle MacLean d’occuper des fonctions à plein temps dans des établissements d’enseignement. Elle continua toutefois de subvenir à ses besoins en écrivant et en donnant des cours par correspondance à la University of Chicago. Dans les années 1910, elle commença à étudier les problèmes qu’elle associait à l’assimilation. Elle voulait faire en sorte que la population nord-américaine reste à l’abri de l’influence des immigrants. Elle ne se retenait aucunement quand il s’agissait d’exprimer sa préférence pour les États-Unis. Dans un article de l’American Journal of Sociology de Chicago sur l’immigration canadienne aux États-Unis, elle avait dénigré son pays natal : « Pour les Canadiens, le Canada est un mythe ; pour les Britanniques, le Canada est en déclin, alors que, pour les Américains, l’Amérique – un État continental – est l’espoir de l’avenir. » Sa production totalise au moins 8 livres et 29 articles parus dans des périodiques tels que Sociology and Social Research (Los Angeles), Charities and the Commons (New York) et Popular Science Monthly (New York).

Dans les 20 dernières années de sa vie, Annie Marion MacLean écrivit également sur l’arthrite rhumatoïde, sujet d’intérêt personnel, et sur ses difficultés à trouver le bonheur. Elle reçut en 1923 un doctorat honorifique en littérature de l’Acadia University ; elle habitait alors à Evanston, en Illinois. En 1925, elle vivait avec sa sœur Jessie Mildred MacLean – elle aussi universitaire et auteure – à Pasadena. Elle y mourut en mai 1934.

Tiffany Colannino et Suzanne Morton

Annie Marion MacLean est l’auteure de : « Factory legislation for women in the United States », American Journal of Sociology (Chicago), 3 (1897–1898) : 183–205 ; « France », dans C. R. Henderson, Modern methods of charity : an account of the systems of relief, public and private, in the principal countries having modern methods (New York, 1904), 512–555 ; « Significance of the Canadian migration », American Journal of Sociology, 10 (1904–1905) : 814–823 ; Mary Ann’s malady : fragmentary papers dealing with a woman and rheumatism (New York, 1914) ; « Cheero ! » (New York, 1918) ; Some problems of reconstruction (Chicago, 1921) ; Our neighbors (New York, 1922) ; This way lies happiness (Chicago, 1923). Elle collabora également à trois collections : The citizen’s library of economics, politics, and sociology, The national social science series et la Lippincott sociological series. Dans la première, elle fit paraître Wage-earning women, introd. de G. H. Dodge (New York, 1910 ; réimpr., 1974), dans la deuxième, Women workers and society (Chicago, 1916) et, dans la troisième, Modern immigration : a view of the situation in immigrant receiving countries (Philadelphie, 1925). Une liste d’autres écrits de MacLean se trouve dans Jenn Bumb, « Annie Marion MacLean » : www2.webster.edu/~woolflm/anniemaclean.html (consulté le 3 déc. 2012).

Acadia Univ. Vaughan Memorial Library, Esther Clark Wright Arch. (Wolfville, N.-É.), 1900.006 (Acadia Ladies Seminary coll.).— Northern Illinois Univ., Regional Hist. Center (DeKalb, Ill.), RC 77 (Frances W. Shimer College coll. (Mt Carroll), 1838–1980).— Stetson Univ., duPont-Ball Library, Arch. and Special Coll. (DeLand, Fla), Presidents papers.— Univ. of Chicago Library, Special Coll. Research Center, Handbooks, directories, and guides.— New York Times, 5 mai 1934.— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4e éd., Wolfville, 1953).— « Annie Marion MacLean », American Journal of Sociology, 40 (1934–1935) : 104.— D. F. Campbell, « Annie Marion MacLean : the first Canadian-born sociologist », Société (Montréal), 24 (2000), no 1 : 5–6.— Charities : a Review of Local and General Philanthropy (East Stroudsburg, Pa), 16 juin 1900.— V. K. Fish, « Annie Marion MacLean : a neglected part of the Chicago School », Journal of the Hist. of Sociology ([Brookline, Mass.]), 3 (1981), no 2 : 43–62.— Tim Hallett et Gregory Jeffers, « The long-lost mother of contemporary ethnography : Annie Marion MacLean and the legacy of a method » (communication présentée à l’American Sociological Assoc., Philadelphie, 12 août 2005).— H. J. MacMillan, « Annie Marion MacLean : the public career of an American progressive from the Maritime provinces of Canada, 1897–1933 » (travail de b.a., Acadia Univ., 1987).— H. D. Oakeley, My adventures in education (Londres, 1939).— Simeon Spidle, Eminent sons of Acadia ([Wolfville, s.d.]).— The women founders : sociology and social theory, 1830–1930 : a text/reader, P. M. Lengermann et Jill Niebrugge-Brantley, édit. (Boston, 1998).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Tiffany Colannino et Suzanne Morton, « MacLEAN, ANNIE MARION », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/maclean_annie_marion_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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