MACKINTOSH, JAMES CROSSKILL, banquier, courtier en valeurs mobilières et homme politique, né le 1er février 1839 à Halifax, fils de John Mackintosh et de Mary Catherine Crosskill, frère de Kate Mackintosh ; le 15 avril 1869, il épousa dans cette ville Emma Isabel Grant, et ils eurent deux filles et deux fils ; décédé le 8 mai 1924 au même endroit.
Fils d’un immigrant d’Inverness, en Écosse, devenu l’un des Écossais les plus réputés de Halifax – ce qui n’était pas un mince exploit dans une ville pleine de prospères immigrants écossais – et d’une mère qui, bien que native de la Nouvelle-Écosse, était aussi d’ascendance écossaise, James Crosskill Mackintosh grandit dans une stricte discipline presbytérienne. Il fréquenta la St John’s School et la Free Church Academy. Plus tard dans sa vie, il consacrerait une grande partie de ses temps libres à des œuvres religieuses. Il devint le premier président de la Young Men’s Christian Association (YMCA) de Halifax et membre du conseil d’administration du Presbyterian College. En 1871, il participa à la fondation de la congrégation presbytérienne Fort Massey, où il fut tour à tour conseiller presbytéral, secrétaire du tribunal ecclésiastique, président du comité de direction, administrateur, secrétaire-trésorier et membre du chœur. Enseignant bénévole à l’église, il fut également directeur de l’école du dimanche pendant un certain temps.
À 16 ans, ses études terminées, Mackintosh entra à la Banque de la Nouvelle-Écosse comme commis principal et commença sa formation de comptable. Deux ans plus tard, soit en 1857, il devint la première personne à détenir le titre de comptable dans cet établissement et son salaire annuel passa de 100 £ à 125 £. Il resterait 18 ans encore au service de la banque et s’y ferait remarquer par la qualité supérieure de son travail. En 1870, il avertit le président Mather Byles Almon* et le conseil d’administration que le caissier (directeur général) de la banque, James Forman*, avait détourné tout près de 315 000 $, somme énorme pour l’époque. Peu après, il fut promu caissier adjoint. Bien qu’on ne connaisse aucune description de lui à cette période, Mackintosh semble avoir été un jeune homme consciencieux, d’une austérité, voire d’une ascèse, toute presbytérienne.
En 1873, Mackintosh quitta la Banque de la Nouvelle-Écosse pour s’associer à Mather Byles Almon, fils et homonyme de l’ancien président de la banque. Se présentant comme banquiers, courtiers et conseillers financiers, les deux hommes se lancèrent dans l’achat et la vente de valeurs mobilières, secteur d’activité passablement nouveau. Selon une description de leurs débuts, la Almon and Mackintosh était organisée « selon les mêmes principes qu’une banque à charte » : elle acceptait des dépôts, versait des intérêts, négociait des prêts et des billets à ordre et encaissait des traites sur des expéditions de marchandises. Cependant, elle se concentrait surtout sur l’achat et la vente d’actions et d’obligations locales canadiennes et américaines.
Malgré l’apparent succès de l’entreprise, les deux associés se séparèrent assez rapidement. Almon opta pour l’assurance-vie et Mackintosh poursuivit seul sa carrière de courtier et de banquier sous le nom de J. C. Mackintosh and Company. Tout en vendant des obligations des gouvernements, des municipalités et des compagnies de chemin de fer, il s’introduisit sur le marché relativement nouveau des titres d’entreprises industrielles et sociétés de service public locales. De son siège social de Halifax, sa firme ouvrit des succursales à Fredericton, à Saint-Jean, à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, et à Montréal. Elle achetait des actions et des obligations dans toutes les grandes Bourses, y compris celle de Montréal, dont Mackintosh était membre à part entière, et les revendait à ses clients dans tout l’est du Canada.
Dès 1912 et peut-être avant, la J. C. Mackintosh and Company s’imposait assez pour diffuser un bulletin annuel, l’Investor’s manual for the Maritime provinces of Canada. À en juger par cette publication, Mackintosh s’adressait aux investisseurs prudents de sa région. Il offrait, sur des placements dans des entreprises solides, des rendements qui, sans être remarquables, n’en demeuraient pas moins satisfaisants. Il évitait de promouvoir de nouvelles émissions d’actions ou de prêter à des entreprises naissantes, car ces transactions étaient nécessairement risquées. En d’autres mots, il était un courtier en valeurs mobilières plutôt qu’un preneur ferme. De fait, il détestait le style « nouveau riche » et plus encore le goût de la spéculation des jeunes financiers, tels que William Maxwell Aitken*. Il causa même un déplorable incident en bousculant Aitken, qui occupait une place privilégiée dans le cortège funèbre de John Fitzwilliam Stairs* ; vraisemblablement, il était outré que le jeune homme se tienne si près de Stairs et de sa famille immédiate.
Si accaparantes qu’aient été ses affaires, Mackintosh trouvait néanmoins du temps à consacrer à ses devoirs civiques. Élu échevin de Halifax en 1878, puis maire en 1884, il pilota, durant ses trois années à la mairie, de grands travaux publics, dont l’aménagement d’un bassin de radoub et l’instauration d’un service régulier de traversier entre Dartmouth et Halifax. Il réforma complètement le système d’imposition municipal, devenu suranné, en remplaçant l’impôt sur les résidents par un impôt foncier.
En politique, Mackintosh était un ardent conservateur et impérialiste. Adepte de la Politique nationale, il préconisait aussi, comme membre de la Navy League, la création d’une fédération impériale. Fier de son héritage écossais, il était actif dans la North British Society, où il avait été élu en 1859, et dont il fut secrétaire, principal assistant et président. Devenu « membre à vie » de cette société en 1895, il y établirait d’ailleurs un record de durée de 66 ans.
Victorien dans l’âme, Mackintosh considérait de son devoir de consacrer chaque semaine des douzaines d’heures à de nobles causes. En plus du bénévolat qu’il faisait à l’école du dimanche et au YMCA, il fut membre actif, puis président, de la Nova Scotia Society for the Prevention of Cruelty [V. John Naylor*], l’un des premiers organismes canadiens à exiger une loi sur la protection de l’enfance et à offrir des refuges aux femmes victimes de violence conjugale. Il fut aussi pendant un certain temps vice-président de la Halifax School for the Blind [V. sir Charles Frederick Fraser], membre du comité de direction de la Moral Reform Association et trésorier de la Children’s Aid Society. De 1905 à 1919, il fit partie du conseil d’administration de la Dalhousie University. Sa femme œuvra dans le Halifax Local Council of Women, dont elle fut la première présidente, et dans des organismes de charité comme le Halifax Infants’ Home et le Home for the Aged.
En dépit de ses problèmes de santé, James Crosskill Mackintosh continua à s’occuper de son entreprise jusqu’en 1922, année où il fut forcé d’en confier les rênes à son fils Alexander Forrester et à son gendre John E. Wood, qui y avaient tous deux travaillé comme courtiers. Il espérait de tout cœur que sa compagnie lui survive. Ce ne fut pas le cas. Mackintosh mourut de vieillesse et de maladie le 8 mai 1924 et la firme qu’il avait tant travaillé à bâtir fut vendue à un courtier en valeurs mobilières montréalais avant la fin de l’année.
Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, nº 10722.— NSARM, MG 1, 1731.— British Colonist (Halifax), 17 avril 1869.— Evening Echo (Halifax), 9 mai 1924.— Presbyterian Witness (Halifax), 21 mars 1857 : 42s.— Annals, North British Society of Halifax, 1924–1949 (Halifax, 1949), 10s.— Canada Gazette, 29 nov. 1924 : 1603s.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Dalhousie College and Univ., Calendar (Halifax), 1905/1906.— Dalhousie Univ., President’s report (Halifax), 1918/1919.— History of the Bank of Nova Scotia, 1832–1900, together with copies of annual statements ([Halifax, 1901]).— J. C. Mackintosh and Company, The investor’s manual for the Maritime provinces of Canada (Halifax), 1912 (exemplaire aux NSARM, Library, Vert. file).— G. P. Marsildon, Profits and politics : Beaverbrook and the Gilded Age of Canadian finance (Toronto, 1996).— Joseph Schull et J. D. Gibson, The Scotiabank story : a history of the Bank of Nova Scotia, 1832–1982 (Toronto, 1982).— D. M. Sinclair, Fort Massey Church, Halifax, Nova Scotia, 1871–1971 : a century of witness ([Halifax, 1971]).— G. A. White, Halifax and its business [...] ([Halifax, 1876]).
Gregory P. Marchildon et Barry Cahill, « MACKINTOSH, JAMES CROSSKILL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mackintosh_james_crosskill_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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