MACKAY, JOHN, chirurgien adjoint sur un navire, circa 1785–1787.
On connaît peu de chose de la vie de John Mackay avant la fin de 1785, époque où il s’embarqua pour une expédition qui mit à la voile à Bombay (Inde), sous la direction d’un marchand de Madras, James Charles Stuart Strange*, pour commercer avec les Indiens des côtes de l’actuelle Colombie-Britannique. Selon Alexander Walker*, qui participa à l’entreprise et qui plus tard s’entretint avec Mackay, ce dernier était né en Irlande et avait quelque peu étudié la médecine avant de s’engager au service de l’East India Company, à titre de simple soldat. On l’avait choisi pour ce voyage à cause de ses connaissances médicales, suffisantes pour qu’il servît comme chirurgien adjoint à bord du senau Experiment, qui accompagnait le Captain Cook, sur lequel se trouvait un chirurgien tout à fait compétent. Strange avait d’abord projeté de laisser une garnison de soldats à la baie de Nootka, mais, une fois sur les lieux, il se ravisa, à cause des coûts que pouvait représenter un tel établissement. Il n’y laissa plutôt qu’un seul homme, John Mackay.
Dans des rapports postérieurs fondés sur de maigres renseignements, on a eu tendance à exagérer la formation médicale de Mackay. Il ne fait point de doute que, dans son journal, Strange surestime les mérites, à cet égard, de Mackay ; il n’avait guère intérêt, du reste, à admettre que le seul individu qu’il laissa derrière, lors de son départ de la baie en juillet 1786, n’était pas particulièrement compétent. Selon Strange, Mackay était un jeune homme brillant qui s’était déjà acquis l’affection de Muquinna en guérissant l’enfant de ce chef nootka, qui avait les mains et les jambes galeuses, et « à mesure que sa pratique [médicale] s’étendait, son importance aux yeux de ces gens ne pouvait manquer de gagner chaque jour du terrain ». Néanmoins, Strange fit montre, par ailleurs, d’un manque certain de confiance en Mackay, notant qu’il n’avait mis à sa disposition que des remèdes ne contenant pas de poison. Il laissa aussi à Mackay tous les vivres nécessaires, de grandes quantités de semences, un couple de chèvres, de même que des livres, de l’encre et du papier, de façon qu’il pût noter « chaque fait, si banal fût-il, qui pût servir à élargir [la] connaissance jusque-là limitée des mœurs et coutumes, de la religion et du gouvernement de ces peuples ». C’était une occasion en or pour l’ethnographie.
Malheureusement, le choix de Mackay ne se révéla pas des plus heureux. Il accepta de rester à la baie de Nootka, en grande partie pour n’avoir pas à rentrer dans le rang en Inde, et, de l’avis d’Alexander Walker, c’était un homme sans « grande instruction ni grande intelligence ». Le capitaine George Dixon, qui rencontra Mackay en Chine en 1787, corrobore ce jugement en le décrivant comme un «jeune homme fort ignorant [...] doué d’une capacité qui n’est rien qu’ordinaire ». Les difficultés que rencontra Mackay ne furent pas, toutefois, entièrement son fait. Le premier problème fut l’insistance de Muquinna pour que Strange laissât à Mackay un mousquet et des munitions, car les indigènes voyaient principalement, dans leur hôte, quelqu’un qui pût frapper leurs ennemis. Ils demandèrent aussi qu’on laissât à Mackay un manteau rouge, parce qu’un tel vêtement jetterait à lui seul la terreur parmi leurs adversaires. Strange essaya de leur donner l’impression que l’arme à feu n’avait de pouvoirs qu’entre les mains d’un Blanc, mais Mackay négligea de tirer avantage de cette ruse. Un mois après le départ des navires de Bombay, le Sea Otter, dont le capitaine était James Hanna, relâcha à la baie de Nootka. On rapporta que Mackay était « en bonne santé et content, vêtu et vivant à la mode indigène » ; de fait, Mackay rappela plus tard qu’au temps de la visite de Hanna, il avait commencé « à savourer le poisson séché et l’huile de baleine », et qu’il était extrêmement « satisfait de son mode de vie ». Les Nootkas montrèrent fièrement le mousquet à l’équipage du Sea Otter, un geste que comprirent les Européens qui avaient les premiers utilisé des armes à feu contre eux l’année précédente. Les Indiens persuadèrent bientôt Mackay de les laisser examiner cette arme. Il en démonta même le verrou de percussion. Les pièces passèrent de main en main, furent admirées et disparurent promptement.
Malgré la perte de son arme, Mackay continua d’être bien traité jusqu’au jour où il enfreignit sans le savoir un tabou en enjambant le berceau de l’enfant de Muquinna, qu’on avait placé devant la porte. Le chef le chassa hors de sa maison et se livra sur lui à des voies de fait. Pendant quelques semaines, Mackay fut forcé de vivre à l’extérieur ; son bannissement fut prolongé par suite de la mort de l’enfant peu de temps après. Plus tard, on lui donna une hutte et on le nourrit, mais il ne regagna jamais la faveur de Muquinna. Tout ce qui lui servait à écrire fut détruit peu après par un autre chef ; négligées, les chèvres moururent. Quand le village se déplaça vers l’intérieur des terres pour y passer l’hiver, Mackay ne reçut aucune nourriture pendant le voyage ; il subsista en mangeant toutes ses semences céréalières et potagères. Sans son fusil, il était inutile à la chasse ; on le laissa derrière avec les femmes et les enfants, pendant que les hommes allaient faire provision de nourriture. Quelle que pût être son habileté en médecine, les femmes ne l’auraient point laissé exercer son art car elles avaient leurs propres remèdes. Naturellement, il fut atteint de dysenterie et passa un hiver misérable.
En juin 1787, l’Imperial Eagle, ayant comme capitaine Charles William Barkley*, mouilla dans l’anse Friendly et, selon le journal, aujourd’hui perdu, de Mme Barkley (Frances Hornby Trevor), Mackay parut bientôt à bord, vêtu seulement d’une peau de loutre marine et incroyablement sale. Même si le capitaine Dixon, qui arriva en août, rapporta que Mackay maîtrisait peu la langue nootka – ce qui n’était pas surprenant, puisqu’il avait passé la plus grande partie de son séjour en disgrâce – Mackay put aider Barkley à acquérir, des gens du village, un chargement de 700 peaux. Il était de toute évidence désireux de partir et, selon toute apparence, il s’embarqua avec Dixon, à bord du King George. À son arrivée à Canton (République populaire de Chine), Mackay affirma qu’il avait été ramené de force et que s’il eût pu « choisir librement, il n’aurait pas quitté son poste ». À l’époque de son retour en Inde, il buvait tellement qu’on avait du mal à le comprendre. Peu après son entretien avec Walker à Bombay (à un moment ou l’autre de l’année 1788, apparemment), Mackay disparut. Il mourut peu après, probablement. Quant à son expérience en Amérique, elle représente plus un fait curieux qu’une source importante de connaissances.
National Library of Scotland (Édimbourg), Dept. of manuscripts,
J. M. Bumsted, « MACKAY, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mackay_john_4F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/mackay_john_4F.html |
Auteur de l'article: | J. M. Bumsted |
Titre de l'article: | MACKAY, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |