MACFARLANE, THOMAS, ingénieur des mines, géologue, chimiste et fonctionnaire, né le 5 mars 1834 à Pollokshaws (Glasgow, Écosse), fils de Thomas Macfarlane, maître ourdisseur, et de Catherine Macalpine ; le 20 septembre 1858, il épousa au même endroit Margaret Skelly, et ils eurent six filles et trois fils ; décédé le 10 juin 1907 à Ottawa.

Thomas Macfarlane quitta l’école à l’âge de 11 ans pour entrer dans un cabinet d’avocat à Pollokshaws. Cependant, sa véritable passion était la chimie. Il étudia cette science à la maison et en assistant à des conférences à l’Andersonian Institution de Glasgow, ville voisine de sa localité. En 1854, après avoir travaillé trois ou quatre ans à la McClintock’s Chemical Works de Glasgow, il obtint un poste de chimiste à la Modum Cobalt Works à Drammen, en Norvège. En 1856–1857, il étudia à Freiberg, en Allemagne, à la célèbre École royale des mines de Saxe, après quoi il retourna à la Modum occuper un poste de direction. En 1859, il alla exercer une fonction semblable aux mines de cuivre Aamdal, dans le district de Telemark, toujours en Norvège.

Macfarlane arriva au Bas-Canada en 1860 et travailla d’abord dans une fonderie de Longueuil. L’année suivante, il alla diriger dans les Cantons-de-l’Est une exploitation minière ouverte depuis peu, l’Acton Copper Mine. En l’espace de quelques années, il devint un habitué des cercles de géologues et de chimistes, et établit des liens avec des personnalités du monde scientifique et du monde des affaires, particulièrement le professeur Thomas Sterry Hunt* et l’industriel Joseph Wharton. En partie à cause de ces relations, la Commission géologique du Canada lui confia en 1865 la mission d’examiner les minéraux de la portion de la rive du lac Supérieur allant de Sault-Sainte-Marie à l’île Michipicoten dans le Haut-Canada, d’étudier les minéraux et la géologie du comté de Hastings et d’analyser les gisements de cuivre de la péninsule de Keweenaw dans le Michigan.

Trois ans plus tard, Macfarlane entreprit une série d’explorations à la demande de la Compagnie de Montréal pour l’exploitation minière. C’est ainsi que, en juillet 1868, il découvrit un gisement d’argent à un endroit tout à fait inattendu : un affleurement rocheux du lac Supérieur auquel il donna le nom d’îlot Silver. C’était la première fois que l’on trouvait, au Canada, un riche dépôt argentifère. Dans le courant des années 1870, Macfarlane travailla à diverses reprises pour le nouveau propriétaire de ce gisement, une société américaine appelée Silver Mining Company of Silver Islet : il analysa du minerai, recruta des mineurs norvégiens grâce à ses relations en Europe, et dirigea la fonderie et l’usine de raffinage de Wyandotte, dans le Michigan. Toutefois, il exerça d’autres activités dans les périodes où il n’était pas au service de la compagnie.

Les travaux ayant été suspendus à l’Acton Copper Mine vers 1865, Macfarlane avait supervisé d’autres mines et fonderies de cuivre dans la province de Québec : de 1866 à 1868, l’Albert Mine à Lennoxville, puis, de 1873 à 1875, les installations de la Canadian Copper Pyrites and Chemical Company à Capelton. Ensuite, en 1875–1876, il fut expert-conseil en exploitation minière en Nouvelle-Écosse et en Amérique du Sud pour Joseph Wharton et la Bethlehem Steel Company. En 1878–1879, il examina des gisements dans le Nevada, l’Utah et la Caroline du Nord. En 1880, il travailla comme métallurgiste pour des fondeurs de Leadville au Colorado. En 1881, il exerça à nouveau son premier métier, celui de chimiste, dans une compagnie montréalaise de peintures dont il était copropriétaire, la A. Ramsay and Son. Cinq ans plus tard, il entra dans l’administration fédérale, à Ottawa, à titre d’analyste en chef aux départements du Revenu intérieur et des Douanes. Sa fonction, qu’il ne cessa d’exercer que quelques mois avant sa mort, consistait principalement à détecter les aliments frelatés au moyen d’analyses chimiques.

En 1874–1875, Macfarlane avait défendu la géologie et l’exploitation minière dans les milieux politiques en faisant pression pour la création de bureaux géologiques provinciaux en Ontario et au Québec. Il l’avait fait en partie dans l’espoir de gagner un emploi permanent, mais aussi parce que, à son avis, la Commission géologique du Canada ne répondait pas tout à fait aux besoins de l’industrie minière. En 1884, il comparut devant un comité spécial du Parlement sur la Commission géologique et se montra très sévère à l’endroit des travaux de celle-ci. Depuis longtemps, il déplorait le manque d’esprit pratique dont la commission faisait preuve, à son avis, sous l’autorité du directeur Alfred Richard Cecil Selwyn ; il aspirait à devenir directeur lui-même, ou du moins à voir Thomas Sterry Hunt promu à cette fonction. Quand le comité eut terminé ses travaux, Selwyn demeura en place et les ambitions de Macfarlane restèrent insatisfaites, mais on ajouta une section des mines à la commission.

Au début des années 1890, même s’il ne travaillait plus pour aucune société minière, Macfarlane suivit de près l’implantation de l’industrie du cuivre et du nickel dans le bassin de Sudbury [V. Samuel J. Ritchie]. Il espérait intéresser son ancien associé Joseph Wharton aux applications commerciales d’un procédé qu’il avait fait breveter et qui permettait d’extraire du nickel des minerais. Dans la même période, toujours actif dans le milieu des géologues, il pressa le gouvernement d’encourager le Congrès international de géologie (dont il était vice-président canadien) à tenir ses assemblées au Canada en 1895.

Polyglotte et grand voyageur, Macfarlane montrait pour les affaires nationales et internationales un intérêt qui dépassait de beaucoup ses préoccupations professionnelles. Conservateur convaincu et anglican fervent (quoique non dénué d’esprit critique), il avait embrassé la cause des écoles protestantes indépendantes au Bas-Canada dès les premières années qui avaient suivi son arrivée dans cette province, et il la défendit avec vigueur dans la décennie suivante. Cela ne l’empêchait pas de chercher à concilier science et religion, ni d’affirmer qu’il fallait aborder l’une et l’autre avec un esprit ouvert. Il fut un porte-parole infatigable de l’Imperial Federation League du Canada, fondée à Montréal en 1885 ; par la suite, il s’opposa à l’absorption de cet organisme par la British Empire League, prônant plutôt la création d’une « ligue commerciale de l’Empire unifié ». En 1882, il reçut le titre de membre fondateur de la Société royale du Canada et fut président de la section des sciences mathématiques, physiques et chimiques en 1886–1887. Son discours à titre de président porta sur « une question qui [l’avait] occupé toute [sa] vie, à savoir l’utilisation des rebuts dans divers secteurs de l’industrie chimique et dans la vie courante [des sociétés] civilisées ». On peut donc le ranger parmi les premiers scientifiques du Canada qui manifestèrent leur préoccupation pour la préservation des ressources.

Homme aux champs d’intérêt nombreux (dont la littérature et la musique) et aux convictions bien arrêtées en matière de science, de politique et de religion, Thomas Macfarlane personnifie l’immigrant écossais qui connut le succès au Canada. Les débuts de sa carrière illustrent les possibilités, les incertitudes et le caractère international que présentait l’industrie minière au xixe siècle. Par la suite, sa vie de fonctionnaire témoigne du rôle grandissant que jouait la recherche scientifique en un temps où le souci de l’hygiène publique forgeait des liens nouveaux entre la science et le gouvernement.

Victor C. Smith

Thomas Macfarlane a publié de nombreux textes en géologie et en chimie, surtout dans le Canadian Naturalist (Montréal) et dans les Mémoires de la Société royale du Canada. Une longue liste de ses écrits scientifiques figure dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald), mais elle ne fait pas mention des ses comptes rendus sur le comté de Hastings et le lac Supérieur publiés dans Commission géologique du Canada, Report of progress from 1863 to 1866 (Ottawa, 1866), 91–113 et 115–147 ; le deuxième compte rendu comprend une annexe intitulée « Appendix on the rocks and cupriferous beds of Portage Lake, Michigan », 149–164. La liste ne mentionne pas non plus les textes publiés dans Canada, Dép. du Revenu de l’intérieur, Laboratory, Bull. (Ottawa).

Macfarlane a rédigé, entre autres, des articles pour les journaux, en particulier des compte rendus de ses voyages en Amérique du Sud et dans l’ouest des États-Unis pour la Gazette de Montréal, 1875–1879, et des articles sur la fédération impériale pour l’Ottawa Citizen, à compter de 1885. Il a aussi fait paraître des monographies sur divers sujets, dont plusieurs sur la fédération impériale ; on en retrouvera la liste dans Canadiana, 1867–1900, et dans le Répertoire de l’ICMH.

L’allocution prononcée par Macfarlane à titre de président de la section des sciences de la Société royale du Canada figure dans les Mémoires de cet organisme, 1re sér., 5 (1887), sect. iii : 1–15. On retrouve le témoignage qu’il a présenté au comité spécial sur la Commission géologique dans Canada, Chambre des communes, Journaux, 1884, app. 8 : 44–19. Des extraits de son journal personnel pour 1868 ont paru sous le titre « The discovery of Silver Islet [...] », R. C. Rowe, édit., Canadian Mining Journal (Gardenvale, Québec), 57 (1936) : 222–227, 266–271.

GRO-E, Eastwood, reg. of births and baptisms, 5 mars 1834 ; reg. of marriages, 20 sept. 1858.— MUA, MG 4000.— Gazette (Montréal), 14 juin 1907.— Ottawa Citizen, 11 juin 1907.— Ottawa Evening Journal, 11 juin 1907.— Elinor Barr, Silver Islet : striking it rich in Lake Superior (Toronto, 1988).— Canada, Dép. du Secrétaire d’État, The civil service list of Canada [...] (Ottawa), 1886.— W. M. Courtis, « The Wyandotte Silver Smelting and Refining Works », American Institute of Mining Engineers, Trans. (Easton, Pa.), 2 (1873–1874) : 89–101.— Dianne Newell, Technology on the frontier : mining in old Ontario (Vancouver, 1986).— SRC Mémoires, 3e sér., 2 (1908), proc. : nécrologie rédigée par A[nthony] McGill ; photographie en regard de la p. xxii ; et notes additionnelles de R[obert] G[ilmour] Leckie, de Sudbury, Ontario, xxii–xxiv.

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Victor C. Smith, « MACFARLANE, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macfarlane_thomas_13F.html.

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Auteur de l'article:    Victor C. Smith
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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