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MACDONALD, JAMES ALEXANDER, rédacteur en chef, ministre presbytérien, directeur d’école, orateur, réformateur social et auteur, né le 22 janvier 1862 dans le canton d’East Williams, Haut-Canada, fils de John Alexander Macdonald, fermier, et de Jane Grant ; le 11 juin 1890, il épousa à Oil City, Ontario, Grace Lumsden Christian, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 14 mai 1923 à Toronto.
La généalogie de James Alexander Macdonald remontait jusque dans la Glen Urquhart, dans les Highlands d’Écosse. Son arrière-arrière-grand-père avait survécu à la bataille de Culloden en 1746, immigré en Caroline du Nord et combattu avec ses deux fils aux côtés des Britanniques pendant la Révolution américaine. Par la suite, la famille s’installa dans le comté de Pictou, en Nouvelle-Écosse, puis dans le canton d’East Williams. Bon nombre des habitants du milieu où grandit Macdonald avaient le gaélique comme première langue. La congrégation dont il faisait partie appartenait à une Église libre qui resta à l’écart des unions presbytériennes de 1861 et de 1875 afin de demeurer fidèle au principe de la primauté du Christ sur l’Église et l’État. Néanmoins, durant toute sa jeunesse, Macdonald subit l’influence de la tradition presbytérienne qui se maintenait dans le sud-ouest de l’Ontario et qui inspirait le libéralisme politique de George Brown*, d’Oliver Mowat* et du Globe de Toronto.
Macdonald fréquenta l’école dans le canton d’East Williams, puis alla dans des établissements secondaires de Hamilton et de Toronto. En 1878, il entra à la University of Toronto, où le professeur de philosophie intellectuelle et morale George Paxton Young*, qui mettait l’accent sur la pensée critique et la foi chrétienne, lui fit plus grande impression que tout autre maître. De 1883 à 1887, Macdonald étudia au Knox College à Toronto ; le directeur, William Caven*, exercerait aussi une influence durable sur lui. En ces temps de vifs débats théologiques où les hommes de savoir réclamaient de l’Église qu’elle prouve les vérités fondamentales du christianisme, Macdonald trouva en lui un mentor qui acceptait « sans joie excessive ni angoisse » que l’on fasse de la critique biblique dans un esprit de piété et reformule prudemment des éléments de théologie. De l’enseignement de Caven, il retint « un christianisme évangélique fort et positif » dont le but était de relever le défi de la pensée moderne. Cet homme l’aida à approfondir l’intégration du militantisme social et politique et du christianisme qui caractérisait le libéralisme de Brown et de Mowat.
C’est au Knox College que Macdonald commença sa carrière de journaliste. En 1885, il se joignit à l’équipe de rédaction du Knox College Monthly, revue fondée en 1883 en vue de diffuser des nouvelles du collège et de débattre de questions de foi. Dirigé par Macdonald jusqu’en 1892, le Monthly connut un grand essor : le nombre de pages augmenta, les abonnés se multiplièrent, sa réputation s’accrut. Macdonald y abordait les questions les plus pressantes en matière de pensée biblique et théologique et discutait des méthodes modernes de recherche. Il se mit à s’intéresser à des missions de l’Ouest canadien et d’outre-mer. Il explorait l’application des principes chrétiens à la solution des problèmes sociaux qui accompagnaient l’immigration et l’urbanisation. En outre, il recensait des écrits de théologie et de dévotion, et il recommandait les auteurs qui défendaient les doctrines traditionnelles d’une manière nouvelle. Après avoir reçu son diplôme en 1887 et s’être vu attribuer la bourse d’études Fischer en théologie spéculative, il demeura rédacteur en chef du Monthly et fut bibliothécaire du collège.
L’adhésion de Macdonald à une interprétation progressiste de l’évangélisme se renforça au cours d’un séjour en Écosse en 1888–1889. Des journaux d’Édimbourg vantèrent ses prestations en chaire et sur la tribune. L’exégète de l’Ancien Testament George Adam Smith, le spécialiste du Nouveau Testament Marcus Dods, le théologien Alexander Balmain Bruce et le naturaliste Henry Drummond l’influencèrent particulièrement. Tant dans le Monthly que dans les autres périodiques qu’il dirigerait, Macdonald suivait avec attention leur lutte pour l’évangélisme progressiste. Ce qui se passait en Écosse l’intéressait d’autant plus qu’il était très fier de ses origines. Membre de la Gaelic Society of Toronto depuis 1887, il déplorait que les ministres du culte n’utilisent plus le gaélique. En 1888, dans le Monthly, il soulignait que le prédicateur et l’orateur avaient besoin de l’« élément mystique » ; ce trait, il l’associait à ses antécédents celtiques. Son ami sir Robert Alexander Falconer* noterait dans une nécrologie que son éloquence brûlait du « feu celtique ». Alfred Gandier, un de ses camarades de chambre à Édimbourg et de ses proches collègues dans les années où il dirigea le Knox College, disait que Macdonald avait « le mysticisme du Highlander et sa nature profondément religieuse ».
En 1891, Macdonald fut ordonné et affecté à l’église presbytérienne Knox de St Thomas, en Ontario. L’année suivante, il démissionna du Monthly. Il continuerait cependant à écrire et à faire du travail d’édition. On lui doit en particulier d’avoir préparé pour la publication From far Formosa [...], biographie du missionnaire George Leslie Mackay* parue à Toronto en 1896. Macdonald, qui étudiait sérieusement la prédication, avait affirmé dans le Monthly que les prédicateurs de l’ancien temps qui puisaient leur orientation dans la doctrine de la rédemption, tels l’apôtre Paul, Luther et Calvin, « marqu[aient] le progrès du christianisme ». Prêcher exigeait à la fois « une âme compatissante, l’esprit méditatif du poète [et] la passion dominante du prophète ». À St Thomas, sa notoriété de prédicateur grandissait. Au fil de sa carrière, il prit la parole dans des circonstances et devant des auditoires très divers : assemblées de fidèles de l’ensemble du monde anglo-américain, conférences ecclésiastiques et conférences de paix, organisations pour hommes, associations d’affaires et associations professionnelles, clubs sociaux, associations d’entraide, universités. Son thème, qu’il reprenait en de multiples variantes, était la christianisation de la civilisation. L’amour du Christ, le dévouement et l’objectif de la fraternité universelle, dirait-il au Canadian National Missionary Congress en 1909, sauveraient la vie publique : ils purgeraient « le discours public de sa bassesse, les charges publiques de leur malhonnêteté et la fonction publique de toutes les formes de corruption et de malversation [… ainsi que] des idéaux païens qui l’[avaient] rendue sordide et mesquine ». La liberté, la démocratie et l’internationalisme favoriseraient ce processus. Au moment de sa mort, Macdonald serait réputé avoir pris la parole devant un plus grand nombre d’auditeurs à l’extérieur du pays que tout autre Canadien de sa génération.
En 1896, Macdonald retourna à Toronto pour assumer la direction du Presbyterian Ladies’ College (fonction qu’il exercerait durant cinq ans) et, surtout, pour occuper le poste de rédacteur en chef au Westminster. Ce nouveau mensuel presbytérien était voué à l’application de principes chrétiens à toutes les dimensions de la vie. La Westminster Company, qui en était l’éditeur, fut constituée juridiquement en 1897 sous la présidence de Christopher Blackett Robinson. Dès 1902, grâce à l’acquisition et au regroupement de périodiques de moindre importance, elle créait un hebdomadaire, le Presbyterian, et donn ait de l’expansion au Westminster. À la direction de ces deux publications, Macdonald affichait le même optimisme moral et la même confiance dans le renouveau de la société que dans toutes ses autres activités. Le fait qu’il publia dans le Westminster en octobre 1897 un poème du presbytérien radical John Wilson Bengough – qui voyait la « main de Dieu » dans l’élection récente du premier ministre libéral sir Wilfrid Laurier* – témoigne de son enthousiasme et de son libéralisme :
Sur la vaste plaine d’Égypte,
Devant les tribus anciennes,
Elle apporta paix et union
Après moult luttes et peines.
Par ailleurs, la Westminster Company se lança dans l’édition de textes de fiction à l’intention du grand public et d’ouvrages de dévotion. Son auteur le plus célèbre fut le révérend Charles William Gordon*, de Winnipeg, qui avait été un condisciple de Macdonald au Knox College et avait dirigé le Knox College Monthly avec lui dans les années 1880. Macdonald encouragea Gordon à reprendre certains des textes qu’il avait déjà fait paraître dans le Monthly et à en faire des fictions, en vue de les publier dans le Westminster pour promouvoir les missions de l’Ouest canadien. Ainsi naquirent les premiers chapitres de Black Rock : a tale of the Selkirks. Paru à Toronto en 1898, ce roman fut un best-seller, comme plusieurs autres signés par Gordon sous le pseudonyme de Ralph Connor. Le succès de Black Rock et le fait que lui-même écrivait pourraient avoir encouragé Macdonald à participer à la formation du Canadian Authors’ Club en 1899. Un autre de ses condisciples et rédacteur en chef du Monthly en vint à travailler avec lui, soit le révérend Robert Haddow. Avec Malcolm McGregor, représentant de l’Ouest, Haddow prit la relève à la direction du Presbyterian et du Westminster quand Macdonald accepta de diriger la rédaction du Globe à compter du 1er janvier 1903.
Le passage de Macdonald au plus grand quotidien du Canada et principal organe du Parti libéral en Ontario surprit bien des gens. Le conseil d’administration du Globe, qui était présidé par le propriétaire Robert Jaffray* et comprenait le laïque méthodiste Newton Wesley Rowell*, estimait Macdonald capable de maintenir les traditions libérales et évangéliques du journal. Dans un dernier éditorial paru dans le Presbyterian du 10 janvier 1903, Macdonald fit valoir que le Globe n’était pas simplement « un organe de parti, mais aussi un grand journal, fidèle dans ses motifs et ses buts aux principes éthiques et aux vérités morales qui sous-tendent toute saine politique et toute haute fonction ». Dans le monde de l’édition profane, où il était un néophyte, un de ses modèles était le Britannique William Thomas Stead, journaliste, réformateur social et militant pour la paix. Les administrateurs du Globe étaient sans doute au courant des interventions de Macdonald relativement à des questions d’intérêt public, dont la plus récente avait été en faveur de la prohibition au référendum provincial de décembre 1902.
Le gouvernement libéral de l’Ontario, au pouvoir depuis 1872, avait à sa tête un homme vieillissant, George William Ross*. Des tensions internes et des accusations de corruption affaiblissaient son administration au moment où Macdonald assumait ses fonctions de directeur de la rédaction au Globe. Le 9 novembre 1903, il dénonça le pourrissement du navire de l’État : « Une seule possibilité s’offre aux libéraux de l’Ontario, et cette possibilité est leur premier et plus pressant devoir. Ils doivent arracher d’une main de fer les bernacles accrochées au navire. » À la fin de la campagne électorale qui se solda par la défaite des libéraux en janvier 1905, Macdonald dit, dans un autre éditorial de premier plan, jusqu’où, selon lui, devait aller la loyauté envers le parti. Le Globe recherchait le bien public et soutenait les hommes et les mesures qui y contribuaient le mieux. Le plus souvent, on trouvait ces hommes dans les rangs des libéraux, mais l’idée que le journal était obligé d’appuyer tout ce que faisaient les chefs libéraux était « choquante pour tout journaliste qui se respecte ». À l’échelle fédérale, ce furent surtout les projets de loi d’autonomie de 1905 et leurs articles sur l’éducation qui mirent à l’épreuve la loyauté de Macdonald et du Globe. Laurier voulait que, dans les nouvelles provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, les catholiques aient droit à leurs propres écoles. Parlant au nom d’un bon nombre de protestants ontariens, Macdonald et le Globe s’appuyaient sur la doctrine libérale des droits provinciaux et affirmaient que les nouvelles provinces devaient déterminer elles-mêmes leur politique scolaire. Partisan zélé de la pureté sur la scène publique et politique, Macdonald se laissait aller à ce que le journaliste Hector Willoughby Charlesworth* a appelé « invective calomnieuse ». Pour cette raison, des hommes politiques conservateurs attaqués par le Globe intentèrent contre lui une série de poursuites en diffamation. La plus célèbre d’entre elles, celle de George Eulas Foster*, vieux routier des Communes accusé en 1908 d’avoir empoché illégalement des profits venant de transactions commerciales, se termina par l’acquittement de Macdonald en 1910.
Les années pendant lesquelles Macdonald dirigea la rédaction du Globe, soit de 1903 à 1915, furent pour lui une période d’activité intense et d’engagement public. Il semblait constamment en train d’écrire, de prendre la parole et d’assumer de nouvelles responsabilités. Côté journalistique, il appartint au conseil d’administration de la Canadian Associated Press et assista en 1909 à l’Imperial Press Conference en Grande-Bretagne, où il fut frappé surtout par les chômeurs et les miséreux – le « sédiment humain » – des grandes villes. Nommé en 1906 au conseil d’administration nouvellement réorganisé de la University of Toronto, il contribua à l’accession de Falconer à la présidence en 1907. La University of Glasgow, la University of Edinburgh et l’Oberlin College en Ohio lui décernèrent des doctorats honorifiques, respectivement en 1909, en 1911 et en 1915. Dès 1912, il appartenait au conseil d’administration du Toronto General Hospital et était l’un des vice-présidents du Toronto Conservatory of Music. On le trouvait aussi au conseil de gestion du Knox College et au comité directeur de la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic. Il œuvrait toujours dans le domaine ecclésiastique, tant dans sa propre Église que dans l’ensemble des réseaux œcuméniques. Il participa à la fondation du Board of Moral and Social Reform de l’Église presbytérienne en 1907 et en fut membre. La même année, avec Charles William Gordon, il implanta la Presbyterian Brotherhood au Canada afin de mobiliser les laïques. Le même motif l’amena à s’engager dans le Laymen’s Missionary Movement. Fervent partisan de l’union des Églises depuis les années 1880, il défendait cette cause dans ses journaux. Naturellement, un engagement aussi vaste lui attirait des critiques. Certains de ses contemporains le trouvaient arrogant. Le périodique méthodiste Christian Guardian se demandait comment un prohibitionniste pouvait justifier la présence de publicité sur l’alcool dans le Globe. En 1913, le producteur torontois de viandes préparées Joseph Wesley Flavelle*, que Macdonald avait déjà dénoncé en tant que monopoleur, estima que l’appui apporté par le révérend directeur de la rédaction au programme naval de Laurier était une forme manifestement malhonnête de christianisme partisan. Malgré tout, en raison de son poste au Globe, de son éloquence, de sa faculté de convaincre et de sa présence sur la scène publique, Macdonald influait plus sur la vie canadienne que tout autre ministre du culte de sa génération.
En 1911, Newton Wesley Rowell avait accédé à la direction du Parti libéral de l’Ontario. Il soutenait Macdonald dans les mouvements de réforme morale et sociale, la promotion des missions et le débat sur l’union des Églises. En retour, Macdonald appuya sa réorganisation du parti, sa position sur la tempérance et sa campagne de 1911 pour la réciprocité – question qui divisait les libéraux torontois et empêcha Laurier de se faire réélire. La Première Guerre mondiale changea la donne. Alors que Rowell s’employait à intensifier l’effort de guerre, Macdonald, pacifiste modéré, ne l’appuyait qu’avec hésitation et voyait d’un œil critique le rôle de la Grande-Bretagne dans la promotion du militarisme. Cet appui modéré et ce pacifisme étaient liés à un besoin de préserver la tradition démocratique. « Au fond, la guerre dans laquelle est maintenant engagée toute l’Europe et qui menace le monde, écrivait-il dans le Globe le 4 août 1914, est la lutte de l’humanité pour la vie, la lutte pour la liberté, pour l’intégrité nationale, pour une citoyenneté libre au sein d’une libre démocratie des nations. C’est la vieille lutte que l’esprit de l’humanité, libéré et passionné, [mène] contre l’autocratie arrogante et privilégiée. » La présence de Macdonald exerça d’ailleurs une influence modératrice sur la réaction du Globe à la guerre. Ses éditoriaux de l’automne de 1914 découragèrent l’expression de sympathies antiallemandes parmi la jeunesse canadienne.
Macdonald quitta le Globe soudainement le 24 novembre 1915 en disant avoir besoin de liberté pour se consacrer à des activités littéraires ou autres. Son essai Democracy and the nations : a Canadian view avait paru à Toronto dans le courant de l’année et des critiques canadiens trouvaient « problématique » qu’il s’y fasse le champion de la démocratie américaine. En fait, sa participation à des manifestations pour la paix aux États-Unis et ses liens avec des leaders américains opposés à toute contribution à l’effort de guerre avaient déclenché une vive controverse dans les journaux torontois, et sa démission du Globe survint à la fin de cette controverse. Depuis 1911, il faisait partie du conseil d’administration de la World Peace Foundation, organisme dont le siège se trouvait à Boston et qui avait été fondé par l’éditeur Edwin Ginn. La dénonciation de l’« impérialisme arrogant » par Macdonald à Philadelphie en octobre 1914 était typique. À la suite du discours contre la guerre qu’il prononça à Detroit en avril 1915, le géant de l’industrie automobile et militant pacifiste Henry Ford lui donna « spontanément » une voiture. L’acceptation de ce présent par Macdonald, le fait qu’il atténua, dans le Globe, l’opposition de Ford au soutien des États-Unis à l’emprunt de guerre des Alliés et l’expression constante de ses opinions pacifistes (à une époque où la ferveur belliqueuse grandissait au Canada), ajoutés au mécontentement que le personnel et les administrateurs du Globe éprouvaient parce qu’il négligeait les affaires du journal et était souvent parti en tournée de conférences, donnèrent lieu à une mise au point entre lui et le conseil d’administration. Même les commanditaires s’inquiétaient. Selon un reporter du Globe, Melvin Ormond Hammond, la rivale de Ford sur le marché canadien, la McLaughlin Motor Car Company [V. Robert McLaughlin], retira sa publicité jusqu’au départ de Macdonald. Les membres du personnel du Globe ne cachèrent pas leur grande satisfaction lorsqu’il démissionna. « La plupart d’entre eux n’aiment pas Macdonald ou le méprisent, nota Hammond dans son journal personnel, parce qu’il leur paraît manquer à ses obligations et parce qu’il accapare la vedette. » Thomas Stewart Lyon, qui avait supervisé les affaires courantes au Globe pendant la plus grande partie du mandat de Macdonald, le remplaça.
Macdonald continua d’écrire pour le Globe et pour d’autres publications et à prendre la parole de façon régulière, souvent aux États-Unis, qui n’entreraient en guerre qu’au printemps de 1917. De son côté, sa femme, Grace Lumsden Christian, participait aux œuvres de la Croix-Rouge et militait à l’Ontario Women’s Liberal Association, qui en mai 1917 adopta une motion de censure à l’endroit du gouvernement conservateur pour sa manière d’agir dans le conflit. Même si Macdonald était de plus en plus convaincu de la nécessité de stopper l’agression allemande, il ne cessait d’insister sur le fait que le premier objectif de l’effort de guerre était de restaurer la paix. Il demeurait critique à l’endroit du militarisme et du chauvinisme des deux camps. D’après lui, la paix émergerait d’un effort de guerre d’envergure continentale. Il avait réclamé ce genre de solidarité dans un discours prononcé à New York en janvier 1916 : « si l’Amérique du Nord ne se lève pas en cette heure tragique et solennelle, cela signifiera que les Américains de la génération présente renoncent à [l’héritage de] leurs Pères pèlerins, répudient Washington et se montrent indignes de Montcalm et Wolfe ». En 1917, il prononça les conférences Cole à la Vanderbilt University au Tennessee. Publiées la même année à Toronto sous le titre The North American idea, elles exprimaient ses positions mûrement réfléchies sur la liberté, la démocratie et la paix mondiale. Macdonald considérait la relation entre le Canada et les États-Unis comme un exemple de bon voisinage entre nations. Ce qu’il appelait l’« idée » nord-américaine était le droit d’un peuple libre de se gouverner lui-même, et il pressait les Canadiens de s’enrôler et de se battre pour la défendre. Selon lui, elle provenait du fond celtique dans la vie britannique, américaine et canadienne, et sa qualité la plus précieuse était la fidélité aux serments. L’obligation morale dans la vie publique était l’aspect déterminant de la lutte contre l’autocratie et le militarisme allemands, affirmait-il, tout comme il l’avait fait dans des éditoriaux écrits au début de la guerre. Il fallait s’engager dans le conflit, dit-il à son auditoire à la Vanderbilt University, mais pour des mobiles purs et clairs. Avant et durant toute la guerre, il eut des réserves sur ceux de la Grande-Bretagne comme sur ceux de l’Allemagne. Peu après ses conférences à Vanderbilt, sa santé se détériora par à-coups, au moral comme au physique, ce qui l’obligea à prendre sa retraite.
Selon l’analyse de James Alexander Macdonald, le triomphe de la droiture dans les affaires publiques était menacé avant tout par le matérialisme et le militarisme. Doté d’une imagination morale digne d’un prophète et inspiré par une spiritualité celtique, il s’était donné comme mission de promouvoir cet objectif. Il en vint à poser qu’un christianisme progressif résoudrait les problèmes du monde. Cependant, la guerre détruisit les fondements de ses idées et leur enleva toute crédibilité. Certes, l’épuisement causé par ses voyages explique en partie qu’il se soit effondré en 1917 (il ne se remit jamais et mourut en 1923), mais il faut tenir compte aussi du désespoir que lui causaient le retour de la barbarie et l’échec de sa chère vision d’une civilisation qui se christianiserait par la liberté, la démocratie et l’internationalisme.
Les publications de James Alexander Macdonald comprennent : « A biographical sketch », dans William Caven, Christ’s teaching concerning the last things, and other papers (Londres et Toronto, 1908), xiii–xxxii ; « The Christianization of our civilization », dans Canadian National Missionary Congress, Canada’s missionary congress : addresses delivered at the Canadian National Missionary Congress, held in Toronto, March 31 to April 4, 1909, with reports of committees (Toronto, 1909), 115–121 ; What a newspaper man saw in Britain (Toronto, 1909) ; et William T. Stead and his peace message (Boston, 1912).
AO, F 1075-3, [M. O. Hammond], « Ninety years of the Globe » (texte dactylographié, [1934]) ; F 1075-5, 23–24 nov. 1915 ; RG 80-5-0-178, nº 6119 ; RG 80-8-0-910, nº 4243.— EUC-C, Biog. file.— Globe, 9 nov. 1903, 15 mai 1923.— Michael Bliss, A Canadian millionaire : the life and business times of Sir Joseph Flavelle, bart., 1858–1939 (Toronto, 1978).— Canadian annual rev., 1901–1920.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925), 210 ; More candid chronicles : further leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1928), 122.— B. J. Fraser, Church, college, and clergy : a history of theological education at Knox College, Toronto, 1844-1994 (Montréal et Kingston, Ontario, 1995) ; « Peacemaking among Presbyterians in Canada, 1900–1945 », dans Peace, war and God’s justice, T. D. Parker et B. J. Fraser, édit. (Toronto, 1989), 126–131 ; The social uplifters : Presbyterian progressives and the Social Gospel in Canada, 1875–1915 (Waterloo, Ontario, 1988).— Knox College Monthly (Toronto), 1 (1883)–5 (1887) ; paru ensuite sous le titre Knox College Monthly and Presbyterian Magazine, 6 (1887)–20 (1896).— J. P. MacPhie, Pictonians at home and abroad : sketches of professional men and women of Pictou County ; its history and institutions (Boston, 1914).— Outlook (New York), 30 mai 1923.— D. M. Page, « Canada as the exponent of North American idealism », American Rev. of Canadian Studies (Washington), 3 (1973), nº 2 : 30–46.— Margaret Prang, N. W. Rowell, Ontario nationalist (Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).— Presbyterian (Toronto), nouv. sér., 1 (juill.–déc. 1902) : 5 ; 2 (janv.–juin 1903) : 37s.— J. D. Rabb, « Canadian idealism, philosophical federalism, and world peace », Dialogue ([Waterloo]), 25 (1986) : 93–103.— T. P. Socknat, Witness against war : pacifism in Canada, 1900–1945 (Toronto, 1987).— Westminster (Toronto), nouv. sér., 3 (juill.–déc. 1897) : 293, 406s. ; 9 (juill.–déc. 1900) : 686s. ; 13 (janv.–juin 1902) : 603.— World Peace Foundation, The World Peace Foundation : its present activities (Boston, 1912).
Brian J. Fraser, « MACDONALD, JAMES ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_james_alexander_15F.html.
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Auteur de l'article: | Brian J. Fraser |
Titre de l'article: | MACDONALD, JAMES ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |