MACDONALD, CHARLES, professeur de mathématiques, né le 19 juillet 1828 à Aberdeen, Écosse, fils de John Macdonald, constructeur, et d’une prénommée Elizabeth ; le 18 mai 1882, il épousa à Halifax Maryanne Stairs, et ils eurent un fils ; décédé le 11 mars 1901 au même endroit.

Charles Macdonald étudia les arts et la théologie au King’s College d’Aberdeen. En 1850, à l’âge de 22 ans, il reçut le Hutton Prize, qui couronnait les études de celui qui s’était le plus distingué dans le programme de lettres. La tradition raconte qu’il était en lice pour la médaille de mathématiques et pour la médaille d’humanités, récompenses généralement décernées à des étudiants qui s’étaient spécialisés dans un seul des deux programmes, et que la médaille de mathématiques lui fut injustement refusée. Après une maîtrise ès arts, Macdonald étudia la théologie et devint aspirant à un pastorat dans l’Église d’Écosse. Il se tourna cependant vers l’enseignement, et il était à l’Aberdeen Grammar School lorsque, en 1863, l’Église presbytérienne de Nouvelle-Écosse en fit son candidat à la chaire de mathématiques du Dalhousie College de Halifax.

Macdonald était un pédagogue doué. Il connaissait à fond les mathématiques et avait l’art de les enseigner de manière concise et lumineuse. Il visait la précision et n’était pas pédant ; au contraire, il semblait se délecter dans les exposés d’une sobre élégance. Un de ses étudiants, James Gordon MacGregor*, qui devint professeur au Dalhousie College puis à la University of Edinburgh, l’a décrit ainsi devant son tableau noir : « la veste couverte de poussière de craie [...] sa tête massive légèrement rejetée en arrière, et le visage rayonnant à la pensée que ses élèves se passionnaient pour le nouveau champ du savoir qu’il leur ouvrait ». « Messieurs, disait-il avec son fort accent écossais, l’idée que je vous initie aux mystères merveilleux des mathématiques me ravit, et j’ai confiance que nous allons bien nous amuser tous ensemble. » Immanquablement, les élèves répondaient : « Allez-y, nous sommes enchantés de suivre un pareil guide. » À la fin des années 1860 et au début des années 1870, il enseigna aussi la philosophie naturelle. En comptant ses cours de mathématiques, cela lui faisait quatre heures de classe par jour.

Macdonald était certainement le professeur le plus populaire et, même s’il était probablement plus sévère que ses collègues, il s’exprimait avec tant de piquant que ses remontrances mordantes n’étaient pas bien difficiles à avaler. Après avoir toussoté un peu, il lançait par exemple : « Euclide pensait autrement, mais il devait se tromper ». Quand un étudiant invoquait Euclide, il disait : « Vos arguments manquent de cohérence ; vous parlez de manière oblique. Ce n’est pas bon. [...] Servez-vous de la première équation comme d’une sorte de marteau pour faire éclater les autres. »

Grâce à Macdonald, le Dalhousie College prit une place importante dans la collectivité. On invitait souvent cet homme plein de verve, d’énergie et de bon sens à parler en public. La superficialité lui inspirait du mépris ; sa profondeur était ce qui frappait le plus ses élèves. Ceux de ses étudiants qui se spécialisaient en mathématiques ne passaient pas inaperçus. Il était toujours heureux d’apprendre qu’ailleurs, dans quelque classe de deuxième ou troisième cycle, une question difficile avait fait le tour d’un séminaire de mathématiques sans trouver de réponse jusqu’à ce que le professeur tombe sur un des « gars de Macdonald ».

Son mariage fut une triste histoire. En 1882, il épousa Maryanne Stairs, fille aînée de William James Stairs. Elle mourut un an plus tard, après avoir donné naissance à leur premier enfant. Dès lors, Macdonald vécut seul avec son fils. Il consacrait ses loisirs aux échecs et à la pêche. Plus d’un étudiant, venu plein d’effroi à sa première interrogation orale, le vit transformer une discussion sur les lignes parallèles en une conversation sur la pêche dans la rivière Salmon.

Charles Macdonald ne cessa d’enseigner que cinq jours avant son décès. Il attrapa un rhume qui dégénéra en pneumonie et mourut dans son sommeil. Le collège fut atterré. Le mercredi 13 mars 1901, jour des obsèques, deux groupes de six étudiants (car il était lourd) se relayèrent pour porter son cercueil au Camp Hill Cemetery, à quelques centaines de verges du collège où il avait enseigné si longtemps. Il n’est guère étonnant qu’il ait légué par testament 2 000 $ pour acheter des livres, de littérature anglaise surtout : le point le plus faible de l’université était sa bibliothèque. Depuis 1890, elle ne s’était enrichie que grâce à des dons de professeurs, de citoyens ou d’anciens élèves, car le conseil d’administration lui avait à peine alloué 2 000 cents. Ce fut autour du splendide legs de Macdonald que se forma le premier regroupement d’anciens de Dalhousie. Ils n’avaient pas oublié la magie de son enseignement et voulaient construire, en son honneur, une bibliothèque digne de ce nom. Dès 1909, des sommes substantielles étaient amassées, mais le conseil d’administration mit encore un peu de temps à trouver l’emplacement qu’il fallait. Finalement, au printemps de 1914, un vieil ami de Macdonald, Allan Pollok, du Presbyterian College de Pine Hill, posa la première pierre de la bibliothèque. Beau monument à la mémoire d’un grand homme, la Macdonald Memorial Library demeurerait la principale bibliothèque de la Dalhousie University jusque dans les années 1970, et elle existe toujours.

P. B. Waite

Des notices nécrologiques pour Charles Macdonald figurent dans le Halifax Herald, 11 mars 1901, le Morning Chronicle, de Halifax, 12–13 mars 1901, et dans l’Aberdeen Free Press (Aberdeen, Écosse), 26–27 mars 1901. On trouve un peu de correspondance de Macdonald éparpillée dans les procès-verbaux du Dalhousie board of governors (Dalhousie Univ. Arch., Halifax, MS 1-1, A). L’absence de toute prétention de Macdonald se manifeste dans la brochure anonyme qu’il a publiée, The University of Halifax criticised in a letter addressed to the chancellor by a professor (Halifax, 1877). Il n’est pas difficile de deviner qui est l’auteur : personne ne possédait si bien à la fois les mathématiques et les humanités, ni un tour de phrase si lapidaire. La Dalhousie Gazette (Halifax) d’avril 1901 est un numéro commémoratif en son honneur qui renferme d’excellents essais d’étudiants et de collègues.  [p. b. w.]

Dalhousie Univ., Dept. of Mathematics, Arnold Tingley, « History of mathematics at Dalhousie ».— J. W. Logan, « Charles Macdonald, M.A. : for memory », Dalhousie Rev., 22 (1942–1943) : 55–57.— A. [McK.] MacMechan, The life of a little college and other papers (Boston et New York, 1914).— G. [G.] Patterson, The history of Dalhousie College and University (Halifax, 1887).— J. P. Wilkinson, « A history of the Dalhousie University main library, 1867–1931 » (thèse de ph.d., Univ. of Chicago, 1966).

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P. B. Waite, « MACDONALD, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_charles_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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