Titre original :  James Buchanan Macaulay - Wikipedia, the free encyclopedia

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MACAULAY, sir JAMES BUCHANAN, officier dans l’armée et dans la milice, avocat, homme politique et juge, né le 3 décembre 1793 à Newark (Niagara-on-the-Lake, Ontario), deuxième fils de James Macaulay* et d’Elizabeth Tuck Hayter ; le 1er décembre 1821, il épousa à York (Toronto) Rachel Crookshank Gamble, et ils eurent un fils et quatre filles ; décédé le 26 novembre 1859 à Toronto.

James Buchanan Macaulay naquit dans le nouvel établissement loyaliste de Newark, peu après que ses parents furent arrivés d’Angleterre. Son père, chirurgien dans l’armée britannique, et sa mère étaient des anis personnels du premier lieutenant-gouverneur de la province, John Graves Simcoe*, comme en témoignent éloquemment les noms de baptême du frère aîné de James, John Simcoe Macaulay. En 1795 ou 1796, les Macaulay suivirent le siège du gouvernement à York, le père ayant reçu un lot dans la campagne environnante. Cette terre, qui s’allongeait vers le nord jusqu’à l’orée d’une forêt dense, fut bientôt surnommée Macaulay Town et devint pour la famille un atout financier considérable grâce à l’expansion d’York.

En 1805, James alla rejoindre les fils d’autres membres des professions libérales du Haut-Canada à l’école du révérend John Strachan* à Cornwall, fréquentée par l’élite. Il y fit sans doute la connaissance d’un bon nombre de ceux qu’il allait côtoyer plus tard dans la vie publique, dont trois futurs juges : John Beverley Robinson*, Archibald McLean* et Jonas Jones*. Le 14 décembre 1809, quelques jours après son 16e anniversaire de naissance, Macaulay fut nommé enseigne dans le 98e d’infanterie, alors cantonné à Québec. Au début de 1812, il fut promu lieutenant dans les Canadian Fencibles puis, les rumeurs d’une guerre contre les États-Unis se faisant de plus en plus persistantes, il fut nommé en juin lieutenant d’un régiment levé dans la province, celui des Glengarry Light Infantry Fencibles, où il servit comme adjudant. Dès le 19 juillet, il reçut le baptême du feu à Sackets Harbor, dans l’état de New York, et fut blessé à la hanche gauche. Au cours de la bataille d’Ogdensburg en février 1813, il franchit le Saint-Laurent sur la glace avec ses hommes pour affronter le tir de l’artillerie américaine. Ce geste vaillant, sinon tout à fait judicieux, lui valut des éloges de son commandant, le lieutenant-colonel George Richard John Macdonell*, et du lieutenant-colonel John Harvey, adjudant général adjoint des troupes du Haut-Canada. En juin 1814, il commanda pendant un court laps de temps la garnison d’York et, plus tard au cours de l’été, combattit de nouveau avec courage à Lundy’s Lane et au fort Erie (Fort Erie). Une fois la guerre terminée, la carrière militaire n’offrait guère de perspectives d’avenir. Lorsque son régiment fut licencié à l’été de 1816, il aurait même songé, assez curieusement, à s’installer dans le nouvel établissement militaire de Perth, dans le Haut-Canada, comme fermier défricheur. Finalement, il embrassa plutôt le droit, profession fort attrayante dans la jeune province.

Macaulay s’inscrivit à la Law Society of Upper Canada en 1816, à l’âge de 22 ans, et commença à étudier dans le cabinet du procureur général D’Arcy Boulton*. Bientôt, il eut à s’occuper du litige engendré par l’incident survenu à Seven Oaks (Winnipeg), en juin 1816 [V. Cuthbert Grant], et à préparer les dossiers de l’accusation en vue des procès de 1817–1818 qui, ironie du sort, se tinrent devant Boulton, récemment nommé juge des assises. Tout en poursuivant ses études avec le fils de Boulton, Henry John Boulton*, Macaulay devint attorney-at-law en 1819 et travailla quelque temps au cabinet de John Beverley Robinson, qui avait remplacé Boulton père au poste de procureur général. Au début de 1822, Macaulay figurait parmi les nouveaux membres du barreau et était devenu le mari d’une des filles de feu John Gamble, chirurgien et ancien collègue de son père dans l’année. Trois ans plus tard, il fut admis parmi les membres du conseil de la Law Society of Upper Canada, atteignant ainsi un rang convoité dans sa profession.

Grâce au sérieux de ses plaidoiries, manifeste dans les recueils officiels de jurisprudence, et à son rang social inattaquable, Macaulay se fit remarquer par sir Peregrine Maitland comme un élément tout à fait idéal à adjoindre à l’élite dirigeante de la province. Le 5 mai 1825, il fut nommé au Conseil exécutif, où régnait sans partage la règle du family compact, et y siégea aux côtés du juge en chef William Campbell*, de James Baby* et de John Strachan. En fait, il n’y resta pas longtemps, car sa dernière apparition au conseil date du 2 juillet 1829. Entre-temps, les choses n’avaient pas été particulièrement faciles, mais il s’en était tiré aussi aisément qu’on l’avait prévu. En tant que conseiller exécutif, il n’avait pas pu éviter les attaques lancées dans le Colonial Advocate par William Lyon Mackenzie* qui, le 18 mai 1826, était allé jusqu’à le qualifier de « siphon du gouvernement ». Macaulay avait bien un peu provoqué l’insulte en publiant plus tôt dans le mois un pamphlet (dont il ne reste aucun exemplaire) où, contrairement à son habitude, il avait répondu aux sarcasmes de Mackenzie sur le même ton que lui. Le mois suivant, juste avant son assermentation officielle comme conseiller exécutif, le 27 juin 1826, Macaulay défendit Samuel Peters Jarvis, Henry Sherwood et d’autres jeunes de la bonne société locale qu’il avait vus balancer la presse de Mackenzie dans le port au soir du 8 juin. Mackenzie obtint un jugement par jury en octobre et, peu de temps après, Macaulay versa à l’avocat de Mackenzie les frais et les dommages-intérêts imposés à ses clients.

Macaulay prit aussi part à la célèbre décision de destituer le juge John Walpole Willis* de la Cour du banc du roi en 1828. Pendant le long et acerbe débat entourant sa destitution, Willis parla de Macaulay comme d’un « lieutenant à la demi-solde qui a[vait] cessé d’être juge à cause de [sa] nomination [celle de Willis] ». En fait, quand le juge Boulton s’était retiré en 1827, avant l’arrivée de Willis dans le Haut-Canada, Macaulay avait été temporairement nommé juge puîné pour siéger pendant les audiences d’été et avait repris ses fonctions d’avocat en septembre, à l’expiration de son mandat. Cette expérience faisait de lui un candidat « de premier choix » pour remplacer Willis l’année suivante, mais comme c’était lui qui avait recommandé au conseil « la mesure qui avait rendu le poste vacant », on nomma plutôt son beau-frère, Christopher Alexander Hagerman*. Toutefois, la nomination de Hagerman ne fut pas confirmée et, en juillet 1829, Macaulay prit la place de Willis comme juge. En août, il démissionna du Conseil exécutif afin de se consacrer le plus possible « à des tâches exclusivement judiciaires ».

Pendant les trois années précédentes, Macaulay avait rendu la justice dans le cadre de plusieurs mandats. Figurant alors parmi les trois juges de la Cour du banc du roi, il dut abattre une somme considérable de travail, tant pendant les audiences à York qu’au cours des tournées entreprises quand les conditions de déplacement et le temps le permettaient. Avec le juge en chef John Beverley Robinson, il statua sur des cas très divers qui étaient surtout liés, en l’absence d’une cour d’equity, aux affaires civiles. Il n’est pas facile de classer par catégories les nombreux jugements qu’il rendit dans les années 1830, mais les recueils de jurisprudence montrent qu’ils étaient pour la plupart équitables, quoique circonspects, et qu’ils tenaient davantage compte des considérations sociales que ceux de ses collègues. Macaulay était favorable à la clémence envers les meurtriers, même s’il ne la recommanda pas souvent de manière directe. Les comptes rendus des procès démontrent sans équivoque qu’il se donnait beaucoup de mal pour analyser chaque cas et qu’il tombait presque dans l’excès pour être perçu comme juste. Ses décisions et ses recommandations ultérieures sur les orangistes qui avaient provoqué une émeute dans le district de Johnstown en 1833 [V. Ogle Robert Gowan*] et le jugement qu’il prononça dans le procès pour meurtre de John Rooney et de James Owen McCarthy* à Hamilton en 1834 montrent bien à quel point il était sensé et comprenait les faiblesses humaines. De même, l’allocution qu’il fit en faveur d’une supervision provinciale des prisons du district au cours d’un procès tenu devant le jury d’accusation aux assises du district de Gore, le 17 août 1835, révèle combien il se préoccupait de l’administration méthodique de la justice et des conditions carcérales. D’esprit large, Macaulay soutint en effet que « la loi n’[était] pas enfermée dans un livre scellé et n’[était] pas lettre morte ». Cette phrase pourrait fort bien servir à caractériser sa carrière de juriste.

En 1838, le lieutenant-gouverneur sir Francis Bond Head* recommanda chaleureusement Macaulay dans une lettre à son successeur, sir George Arthur, en le disant « tout à fait excellent, comme homme et comme avocat ». Plus de 20 ans après, le rédacteur de sa notice nécrologique allait déclarer que Macaulay, « aussi bien [...] en tant que soldat, avocat, juge ou [...] chrétien », avait fait preuve « dans tous ses actes » d’un « même empressement à répondre aux appels du devoir ». Fervent anglican et marguillier de l’église St James pendant la plus grande partie de sa vie adulte, Macaulay s’occupa de toute la gamme des affaires de la paroisse, notamment de l’aide aux pauvres. À titre d’ancien officier de l’armée et d’ancien colonel de milice, il commanda la milice qui défendit Toronto lors du soulèvement organisé par William Lyon Mackenzie en décembre 1837. En tant que juge provincial reconnu pour sa capacité de travail et sa clarté d’esprit, il fut appelé en 1839 par le lieutenant-gouverneur Arthur à terminer une enquête sur le département des Affaires indiennes qu’avait entreprise le secrétaire de la province, Richard Alexander Tucker*.

En mars et avril de cette année-là, même s’il avouait avoir une santé chancelante et un surcroît de travail, Macaulay rédigea en vitesse un long rapport sur la triste situation économique et sociale de ce qu’il appelait « les races dégénérées ». Cette interminable étude (quelque 446 pages manuscrites) révèle qu’il se préoccupait de la question et condamne certaines pratiques passées. Par contre, Macaulay y proposait très peu de solutions en vue de régler les problèmes des Indiens et semblait compter sur une extension de la « charité chrétienne » pour venir en aide au « bien plus grand nombre de tribus déchues » qui « habitaient] les lointaines régions du Nord », au delà des lacs Huron et Supérieur, et qui échappaient certainement à son expérience ou à ses connaissances. Néanmoins, cette étude rapide reçut un accueil assez favorable, puisque Macaulay fut chargé, avec Robert Sympson Jameson et William Hepburn, d’examiner de manière plus officielle le département des Affaires indiennes lors de l’enquête générale sur l’administration provinciale, en 1839–1840. Parallèlement, il présida le comité qui enquêtait sur le fonctionnement du Conseil exécutif. Même si sa perspicacité en matière d’affaires publiques ne transparaît pas dans ces rapports ministériels, le gouverneur général lord Sydenham [Thomson*], qui le connaissait depuis peu, n’hésita pas à noter au début de 1841 : « sur les questions politiques, il n’est personne que je consulterais plus que lui, car je l’estime beaucoup ».

Ce fut cependant aux questions juridiques que Macaulay consacra le reste de sa vie. Avec les commissaires John Beverley Robinson, William Henry Draper* et John Hillyard Cameron*, il s’occupa de la première révision du droit écrit du Haut-Canada en 1840 et siégea aux commissions d’enquête de 1842 et de 1843 sur la Cour de la chancellerie. En 1843, il fut nommé à la Cour d’appel et, en 1849, il apparut à l’évidence comme le candidat tout désigné et le plus souhaitable au poste de juge en chef de la Cour des plaids communs, nouvellement reconstituée. Macaulay exerça cette fonction jusqu’à ce que la pression constante de son travail quotidien de même qu’un affaiblissement de l’ouïe, dont il admit lui-même souffrir, le forcent à se retirer en 1856. En avril de cette année-là, il fut nommé conseiller de la reine et, en janvier suivant, il accepta de diriger une autre commission de révision du droit, mise en place cette fois pour le Haut et le Bas-Canada. Son collègue, le commissaire David Breakenridge Read*, le loua pour l’attention remarquable qu’il portait aux détails juridiques et linguistiques et pour son refus de recevoir toute rémunération autre que sa pension, même s’il présida la commission pendant près de deux ans. Malgré sa mauvaise santé, Macaulay obtint à l’été de 1857 un autre poste de juge, cette fois à la Cour d’appel et de pourvoi pour erreur. L’année suivante, il fut nommé compagnon de l’ordre du Bain et, le 13 janvier 1859, il fut créé chevalier. En février de la même année, la Law Society of Upper Canada, que Macaulay avait guidée et servie pendant plus de 35 ans, lui confia le poste de trésorier, occupé précédemment par feu Robert Baldwin. Rétrospectivement on peut considérer comme fort à propos la façon dont sa carrière se termina : c’est en effet à Osgoode Hall, au matin de sa réélection au poste de trésorier, qu’il eut une défaillance cardiaque.

James Buchanan Macaulay acheva ses jours dans ce que le jeune procureur général John Alexander Macdonald* avait qualifié d’« infatigable assiduité », à l’occasion d’un dîner de retraite où il lui rendait hommage, en 1856. L’Upper Canada Law Journal de la même année parla des « impressionnants monuments » que constituaient ses jugements consignés dans les recueils de jurisprudence et observa assez judicieusement qu’il était de ces figures que « les hommes de tous les partis admirent comme type de juge intègre ». Bref, comme cette revue le nota à sa mort, il avait tout simplement « grandi avec [son] pays ». Homme timide et effacé, Macaulay n’avait pas la parole facile, mais il faisait preuve d’une aisance et d’une rationalité remarquable dans ses rapports, ses allocutions au jury et ses jugements. Il avait acquis une vaste expérience comme observateur et guide de la société nouvelle. On avait recherché ses opinions et ses recommandations sur un large éventail de sujets touchant la machine gouvernementale. Il s’était montré exemplaire dans l’acquittement de ses devoirs de citoyen et dans sa vie privée, et sa jeunesse passée dans l’armée avait ajouté du panache à son existence. À sa femme tout aussi discrète, qui mourut en Angleterre en 1883 chez l’une de ses filles mariées, Macaulay laissa la maison familiale de Toronto, Wykeham Lodge, et des biens valant 40 000 $. À sa province, il légua l’exemple d’un homme qui avait accompli son devoir et qui avait été dévoué à ses principes.

Gordon Dodds

Un portrait de James Buchanan Macaulay revêtu de la robe de juge en chef de la Cour des plaids communs, peint vers 1854 par un artiste inconnu, se trouve dans les locaux de la Law Society of Upper Canada à Osgoode Hall, Toronto.

AO, MS 35 ; MS 78 ; MU 2197 ; RG 22, sér. 305, J. B. Macaulay.— APC, MG 29, D61 : 5088–5089 ; RG 1, E1, 52 : 239–240, 529 ; 53 : 220 ; 79 : 128 ; RG 8, I (C sér.), 30 : 8, 114 ; 220 : 200 ; 228 : 53 ; 678 : 98–102 ; 682 : 86 ; 1168 : 177 ; 1170 : 107–108 ; 1706 : 62–63 ; RG 10, A6, 718–719 ; RG 68, General index, 1651–1841 ; 1841–1867.— Law Soc. of U.C. (Toronto), « Journal of proceedings of the Convocation of Benchers of the Law Society of Upper Canada » (8 vol.), I : 93 ; III : 516–521 ; Secretary’s notes 145.— PRO, CO 42/375 : 85–86 ; 42/381 : 34–35 ; 42/384 : 110–113 ; 42/388 : 55–60 ; 42/389 : 124–131, 150–151 ; 42/390 : 414 ; 42/423 : 95–112 ; 42/427 : 249–258.— Arthur papers (Sanderson).— H.-C., Commission appointed to inquire into and investigate the several departments of the public service, Report (Toronto, [1840]).— « The Honourable James Buchanan Macaulay », Upper Canada Law Journal (Barrie, Ontario), 2 (1856) : 38–39.— « Sir James Buchanan Macaulay », Upper Canada Law Journal (Toronto), 5 (1859) : 265–268.— Town of York, 1815–34 (Firth).— Colonial Advocate, avril–mai 1826.— Globe, 28, 30 nov. 1859.— Sarnia Observer, and Lambton Advertiser, 2 déc. 1859.— DNB.— D. B. Read, The lives of the judges of Upper Canada and Ontario, from 1791 to the present time (Toronto, 1888).— W. R. Riddell, The legal profession in Upper Canada in its early periods (Toronto, 1916).— Scadding, Toronto of old (1873).

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Gordon Dodds, « MACAULAY, sir JAMES BUCHANAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macaulay_james_buchanan_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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