LYONNE (Lionne, Lyonnes), MARTIN DE, prêtre, jésuite, missionnaire, né à Paris le 13 mai 1614 et mort accidentellement à la baie de Chedabouctou (Guysborough, N.-É.), le 16 janvier 1661.
Il fut admis dans la Compagnie de Jésus à Nancy, le 8 décembre 1629. Après trois années d’études philosophiques à l’université de Pont-à-Mousson (1631–1634), Martin de Lyonne avait enseigné à Sens et à Charleville (1634–1638), puis on l’avait envoyé étudier la théologie à Rome (1638–1642). Ordonné prêtre en 1641, il revint en France achever sa formation spirituelle à Rouen (1642–1643) et s’embarqua pour le Canada, arrivant à Miscou le 15 août 1643. Le père de Lyonne était destiné à la mission huronne, mais il consentit à remplacer le père Jean Dolebeau, desservant Miscou, qui était obligé de rentrer en France. Miscou était un poste de traite et de pêche, établi sur une île de la baie des Chaleurs. La colonie avait été grandement affligée par le scorbut : en 1637, il ne restait plus que 9 des 23 premiers colons, les autres étant morts dans l’intervalle. Les jésuites qui s’y étaient succédé n’avaient pas été plus heureux ; un était mort et trois autres avaient dû quitter la place. Le père de Lyonne fut lui-même malade, de mai à septembre 1644, si bien qu’on parla de le renvoyer en France ; mais il s’y refusa. En ‘fait, il guérit et l’épidémie cessa.
L’évangélisation des Indiens, dont le père de Lyonne partageait la responsabilité avec les pères Jacques de La Marche et André Richard, commença d’avoir quelque succès dans cette région en 1645. Le principal obstacle était l’alcool, que les Français échangeaient contre des fourrures avec les indigènes. Malgré cela, les missionnaires, soit à Miscou même, soit dans une réduction fondée en 1644 à Nipisiguit (Bathurst, N.-B.) au sud de la baie, baptisèrent un bon nombre d’adultes, surtout en 1647. Ce succès décida les trois pères à se rendre à Québec à l’été de la même année, probablement pour conférer avec le père Jérôme Lalemant sur la stratégie apostolique. Le père de Lyonne fut retenu à Québec par son supérieur, qui voulut peut-être le préparer à sa profession solennelle. Le 23 septembre 1648, il partait pour la France et prononça ses vœux le 2 février 1649, se rembarquant ensuite pour Miscou. Pourtant, dès septembre 1649, il était de nouveau à Québec. De 1650 à 1659, c’est lui qui irait en France à peu près chaque année, partant l’automne, revenant au printemps, pour procurer les nécessités des missionnaires. Ces voyages comportaient des fatigues et des dangers considérables ; tel celui de 1651, entrepris à la veille de l’hiver, où l’un des deux vaisseaux se perdit, où l’autre passa à deux doigts du naufrage et fut pillé en arrivant au port.
Le père de Lyonne n’oubliait cependant pas ses missions du golfe Saint-Laurent et désirait y revenir. Il comptait le faire en 1657, mais il dut prolonger encore sa carrière de voyageur. Ce n’est qu’en 1659 qu’on le retrouve à Miscou, prenant part à l’apostolat dans cette région. En 1660, il eut le soin des Indiens de Chedabouctou. La maladie s’étant déclarée parmi ses ouailles, il se dépensa pour elles sans compter, jusqu’à ce qu’il fût lui-même frappé. Et même alors, en plein hiver, un Indien ayant requis ses services, le père accourut à lui, tomba en chemin dans un ruisseau glacé. À son retour, la fièvre ne le quitta plus et le mena au tombeau, âgé de 46 ans.
Charlevoix, Histoire de la N.-F., I : 222.— JR (Thwaites).— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, I : 198s.
Lucien Campeau, « LYONNE (Lionne, Lyonnes), MARTIN DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lyonne_martin_de_1F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
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