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LUCAS, SAMUEL BRIGHAM, arpenteur, agent des Affaires indiennes et colon, né le 15 juillet 1844 à Aylmer, Bas-Canada ; le 4 mai 1871, il épousa Amelia Frances Aylwin, et ils eurent une fille et deux fils ; décédé le 13 février 1907 à Ponoka, Alberta.
Samuel Brigham Lucas devint arpenteur dans sa jeunesse et pratiqua ce métier dans sa région natale, la vallée de l’Outaouais, jusqu’à ce qu’il ait l’occasion d’entrer dans la fonction publique fédérale, en 1879. Cette année-là, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* mit en œuvre un programme visant à prévenir la famine chez les Amérindiens des Territoires du Nord-Ouest et à les empêcher de se livrer à des actes de violence. Ce programme nécessitait la nomination d’instructeurs agricoles qui, dans un premier temps, veilleraient à combler les besoins alimentaires des autochtones et qui, à long terme, enseigneraient à ceux-ci, anciens chasseurs de bison, les techniques de l’agriculture et de l’élevage. Lucas fut engagé et affecté à l’agence des Affaires indiennes d’Edmonton. Il arriva dans l’Ouest à l’automne de 1879. Les bandes cries des chefs Kiskaquin (Bobtail), Ermineskin et Samson relevaient de sa compétence, ainsi que les Stonies du chef Sharphead.
Pendant les premières années, Lucas mit sur pied une ferme de ravitaillement et encouragea les Amérindiens à pratiquer l’agriculture. Les progrès étaient lents, en partie parce que le gouvernement ne fournissait pas l’équipement promis dans les traités. En décembre 1884, le département des Affaires indiennes modifia sa structure administrative dans le Nord-Ouest, et Lucas, tout en demeurant responsable des mêmes bandes, fut promu au poste d’agent dans la nouvelle agence des monts de la Paix. Au printemps de 1885, lorsqu’on apprit à l’agence qu’il y avait rébellion dans le Nord-Ouest [V. Mistahimaskwa*], Lucas se réfugia à Edmonton avec sa famille. Les chefs des monts de la Paix demeurèrent fidèles, mais il y eut un peu de pillage et un certain nombre de jeunes gens se joignirent aux rebelles.
Selon ses supérieurs, Lucas était un agent efficace ; il avait « le tour avec ses Indiens ». Cependant, comme la tenue de ses livres laissait à désirer, on lui adjoignit un commis. Lucas passait une bonne partie de son temps parmi les Amérindiens à superviser leur travail. Il y avait beaucoup à faire : bêcher, semer, récolter, construire des maisons et des clôtures, couper du bois. Ceux qui travaillaient dur recevaient des rations de farine et de bacon à la fin de la semaine, mais ceux qui refusaient de travailler n’en obtenaient pas. C’était un système sévère et Lucas l’appliquait consciencieusement. Pourtant, les Amérindiens le respectaient.
Lucas était un anglican convaincu, mais il n’avait sûrement rien d’un fanatique. Sa tolérance déplaisait aux missionnaires qui œuvraient à l’agence et suscitait une forte animosité de la part de l’instituteur méthodiste, le révérend John Nelson. En 1889, Nelson déposa une plainte contre lui au département des Affaires indiennes. Il alléguait que Lucas avait négligé les Stonies pendant le dur hiver de 1886–1887, où beaucoup d’entre eux étaient morts, qu’il était « d’une intempérance extrême », avait « l’habitude de ne pas observer le jour du Seigneur » et avait tendance à utiliser un langage « des plus vils, impies et obscènes ». Ces accusations étaient si graves que le département envoya sur place l’un de ses inspecteurs d’agence, Alexander McGibbon. Celui-ci procéda à une inspection minutieuse de l’agence des monts de la Paix ; les nombreux indices d’ordre et de progrès qu’il y trouva l’impressionnèrent. Il interrogea des Amérindiens de toutes les bandes de l’agence et nota en quels termes chaleureux ils parlaient de leur agent. Il fit subir un contre-interrogatoire aux témoins présentés par Lucas et par Nelson, et conclut que les accusations étaient de grossières exagérations.
Après avoir pris connaissance du rapport de McGibbon, le département des Affaires indiennes décida que Lucas garderait son emploi, mais le prévint d’user plus prudemment de l’alcool. Apparemment, l’agent avait l’habitude de travailler avec un flacon de whisky dans sa poche, ce qui était fort mal vu. Les autorités de l’Église méthodiste n’entendaient pas qu’il s’en tire si facilement. Elles voulaient un agent qui donnerait un meilleur exemple aux Amérindiens. Elles s’adressèrent à des hommes politiques parmi leurs amis ; ceux-ci menacèrent de soulever la question aux Communes. Désireux d’éviter des complications, le surintendant général des Affaires indiennes, Edgar Dewdney*, fit savoir qu’il fallait faire des changements aux monts de la Paix. En mai 1890, Lucas apprit sa mutation à l’agence des Sarcis, en bordure de Calgary. C’était un dur coup : cette mutation nuirait à sa réputation, car elle donnerait du crédit aux calomnies dont il était l’objet. Et puis, il avait fini par se sentir chez lui dans le district des monts de la Paix. Répugnant à partir, il en appela de la décision, en vain.
En avril 1891, Lucas s’installa à l’agence des Sarcis avec sa famille. Là encore, son travail consistait à encourager les Amérindiens à s’adapter à une vie sédentaire. Étant donné le climat semi-aride de la région (aujourd’hui le sud de l’Alberta), le département des Affaires indiennes fondait de grands espoirs sur l’élevage. Avec le temps, un des principaux objectifs de Lucas fut donc d’accroître les troupeaux de la bande. Toutefois, il ne fut jamais heureux dans cette agence et, en 1897, à l’âge relativement précoce de 53 ans, il quitta la fonction publique. Il retourna dans son ancien territoire et s’installa dans une concession à quatre milles à l’est de Siding 14 (Ponoka, Alberta). Jusqu’à sa mort, survenue subitement le 13 février 1907, il travailla la terre et fit quelques travaux d’arpentage pour d’autres colons.
Tout au long de sa carrière d’agent des Affaires indiennes, Samuel Brigham Lucas était resté fidèle aux objectifs de son département, dont il s’était efforcé d’appliquer la politique malgré les difficultés. Il pouvait être dur quand les circonstances l’exigeaient, mais il n’était pas intransigeant, même si la moindre manifestation de générosité de sa part lui attirait une réprimande de ses supérieurs. Son parler « pittoresque » et son penchant pour la bouteille ne l’empêchèrent jamais de veiller à ce que le travail se fasse. En fait, il était plus compétent et plus honnête que la plupart des agents des Affaires indiennes qui travaillèrent dans le Nord-Ouest à la même époque.
On trouve une photographie de Samuel Brigham Lucas aux GA.
AN, MG 29, E106, 18 ; RG 10, 3575, 3600, 3640, 3685, 3697, 3700, 3718, 3746, 3762, 3772, 3785–3786, 3809, 3843.— GA, M699 ; M4051.— Canada, Parl., Doc. de la session, rapports annuels du dép. des Affaires indiennes, 1879–1897.— [E.] B. Titley, « Transition to settlement : the Peace Hills Indian agency, 1884–1890 », Canadian papers in rural history, D. H. Akenson, édit. (8 vol. parus, Gananoque, Ontario, 1978– ), 8 : 175–194.
Brian Titley, « LUCAS, SAMUEL BRIGHAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lucas_samuel_brigham_13F.html.
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Auteur de l'article: | Brian Titley |
Titre de l'article: | LUCAS, SAMUEL BRIGHAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |