LOWERY, ROBERT THORNTON, éditeur de journaux, rédacteur en chef et imprimeur, né le 12 avril 1859 dans le comté de Halton, Haut-Canada, fils de William L. Lowery et de Mary Ann Mills ; décédé célibataire le 20 mai 1921 à Grand Forks, Colombie-Britannique.

Formé dans des écoles privées et publiques, Robert Thornton Lowery commença à travailler dans une imprimerie torontoise en 1876. Sa première aventure journalistique débuta à Petrolia, en Ontario, le 20 mars 1879 : avec ses frères William M. et Samuel M., il lança le Petrolea Topic. Les frères Lowery étaient aussi libraires et papetiers. Ils vendirent le journal vers 1886, mais continuèrent encore un an dans la papeterie. Ensuite, Robert Thornton s’achemina vers l’ouest : il passa d’abord quelques années à Sault-Sainte-Marie et, en 1891, il arriva en Colombie-Britannique.

Le 12 mai 1893, Lowery lança son premier journal britanno-colombien, le Kaslo Claim. Manque de chance, au bout de trois mois à peine, il dut mettre fin à la publication, car l’industrie minière de la région de Kootenay était durement éprouvée par l’effondrement des prix de l’argent aux États-Unis. La une du dernier numéro, bordée de noir, affichait une pierre tombale à la mémoire du Kaslo Claim. En plus, Lowery identifia les marchands qui avaient des comptes en souffrance en imprimant leurs annonces la tête en bas (dettes impayées) ou couchées sur le côté (dettes partiellement acquittées).

Comme les journaux des villes minières avaient souvent la vie courte, Lowery déménagea beaucoup dans les années suivantes. Fréquemment propriétaire de plus d’un journal à la fois, il engageait des rédacteurs en chef et des administrateurs pour les publications qu’il ne supervisait pas lui-même. En outre, il imprimait des journaux qui appartenaient à d’autres. Publiés dans diverses localités – Kaslo, Nakusp, New Denver, Sandon, Rossland, Slocan, Vancouver, Nelson, Poplar Creek, Fernie, Greenwood et Princeton –, ses journaux suscitaient la controverse. Ils défendaient, avec un esprit tordu et un humour caustique, des causes telle l’amélioration des salaires et des conditions de travail des mineurs. À l’instar de Robert Chambers Edwards, journaliste de Calgary, Lowery s’en prenait souvent aux bureaucrates et organisations du milieu des affaires, du domaine politique ou du monde religieux. Une fois, il écrivit au sujet du chemin de fer canadien du Pacifique : « [voilà] une route merveilleusement sûre, qui tue rarement un passager, quoique, à l’occasion, quelqu’un meure d’une défaillance cardiaque après avoir vu [les] prix du transport de marchandises ».

Lowery rappelait constamment aux lecteurs de régler le prix de leur abonnement et disait que « l’homme qui paie toujours l’Imprimeur est l’une des plus nobles créatures de Dieu ». Dans une caricature qui parut presque chaque semaine dans le Ledge – journal publié à New Denver, à Nelson et à Fernie de 1900 à 1905 –, on le voit assis à son bureau, l’air insouciant, avec de l’argent éparpillé sur le sol, mais les armes suspendues au mur et son bouledogue qui est en train d’arracher un bras à un abonné fautif suggèrent bien autre chose que l’indifférence. En dernier recours, il faisait une partie de poker afin d’amasser assez de capital pour payer ses dépenses. Ses vêtements élégants et son maintien de militaire, alliés à son goût pour le poker et le whisky, pourraient expliquer pourquoi on lui attribuait le titre de colonel.

Le Lowery’s Claim, mensuel au ton polémique lancé en juin 1901 à New Denver et « voué à la Vérité et à l’Humour », fut interdit de vente à bord des trains de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique en décembre parce qu’il critiquait celle-ci. À compter de janvier 1903, les Postes refusèrent de livrer le journal : les autorités, qui avaient reçu des plaintes, en jugeaient le contenu choquant. Le service reprit un mois plus tard car Lowery avait promis de s’amender. Cependant, dès août 1906, le Lowery’s Claim fut banni en permanence des Postes canadiennes. Le dernier numéro parut le mois suivant.

Comme son collègue le journaliste John Houston*, Robert Thornton Lowery, alias le Colonel Bob, paya cher son insolence envers l’establishment. Après la fermeture du Lowery’s Claim, il consacra ses énergies au Ledge, alors publié à Greenwood. Il habita à cet endroit jusqu’à son admission à l’hôpital de Grand Forks, où il séjourna plus d’un an. Il succomba à une néphrite chronique. Il avait exprimé le vœu d’être inhumé à Nelson par des membres de la Kootenay Pioneers’ Association et fut enterré dans une tombe anonyme de la section anglicane du cimetière Nelson Memorial Park. Pendant plus d’un quart de siècle, ce petit homme de guère plus de cinq pieds avait pris beaucoup de place parmi les éditeurs de journaux de la Colombie-Britannique.

R. J. Welwood

Les nombreux journaux que Robert Thornton Lowery a publié et dont il a été rédacteur en chef entre 1879 et 1920 constituent l’une des plus importantes sources de renseignements sur sa vie et sa carrière. On en trouve une liste dans notre article « The wit and wisdom of « Colonel » Bob Lowery », Boundary Hist. Soc., Report (Grand Forks, C.-B.), 14 (2001) : 113–124, et dans le dossier Lowery au DBC. Pour la rédaction de cette biographie, les publications de Lowery les plus utiles ont été : Ledge (New Denver, Nelson, Fernie et Greenwood, C.-B.), 1893–1920 (mfm et originaux à la Selkirk College Library, Castlegar, C.-B.) ; Float (New Denver et Nelson), 1 (1903–1904), no 1 (copie à la Selkirk College Library) ; et Lowery’s Claim (New Denver, Vancouver et Nelson), juin 1901–sept. 1906 (mfm et originaux à la Selkirk College Library et originaux aux Kootenay Lake Arch., Kaslo, C.-B.). [r. j. w.]

BCA, S/F/L95.— Ledge (Greenwood), 26 mai 1921.— B. A. Little, « Robert T. Lowery : editor, publisher & printer », British Columbia Hist. News (Victoria), 31 (1997–1998), no 2 : 18–23.— George Ryga, Ploughmen of the glacier : a play (Vancouver, 1977 ; Lowery est un des personnages de cette pièce).— R. [J.] Welwood, « Lowery PO’d or Colonel Bob twice cancelled by the Post Office », British Columbia Hist. News, 32 (1998–1999), no 1 : 2–5.— Who’s who in western Canada […] (Vancouver), 1911.

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R. J. Welwood, « LOWERY, ROBERT THORNTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lowery_robert_thornton_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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