LORIMIER DE LA RIVIÈRE, GUILLAUME DE (Lorrimier, Lormier), capitaine dans les troupes de la marine, seigneur des Bordes (Boyne) dans le Gâtinais, commandant du fort Rolland ; né en 1657, fils de Guillaume de Lorimier, seigneur des Bordes et capitaine de marine, et de Jeanne Guilbaut, de la paroisse de Saint-Luc et Saint-Gilles de Paris. Il épousa Marie-Marguerite Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers, à Champlain, le 27 janvier 1695. Il fut inhumé le 29 juillet 1709, à Montréal.

Guillaume de Lorimier fils continua, puis implanta au Canada, la tradition militaire de cette famille de petite noblesse. On a dit qu’il était venu dans la colonie en 1685 avec son père, et que celui-ci était, par la suite, retourné en France. Il est plus probable, toutefois, qu’il soit venu avec les renforts de 1685, en même temps que le capitaine Pierre de Troyes* dont il devint le lieutenant de compagnie. Selon un mémoire du temps, en 1686 le « Sieur de Lorimier qui n’estoit que sergent, [fut] faict cappitaine à la place du Sieur de Flours [chevalier de Saint-Flour], qui mourut à l’Hôtel Dieu de Québec. » Le gouverneur Louis-Hector de Callière, en 1701, résume les débuts de la carrière de Lorimier d’une façon différente : « Le sieur Lorrimier, natif de Paris, agé de 46 ans, fait sous-lieutenant dans le régiment de la Reine, le 20 mars 1673, lieutenant dans le même régiment le 15 septembre 1676, lieutenant de la première compagnie des grenadiers dans le même régiment le 2 septembre 1679, capitaine en Canada le 10 septembre 1685 ». À son arrivée, Lorimier fut affecté à un poste dans l’île de Montréal.

En février 1691, au cours d’une réunion d’officiers dans la basse ville de Québec, une discussion s’éleva entre Lorimier et Pierre Payen de Noyan au sujet de gains de jeu. Après une vive altercation on dégaina les épées et Lorimier reçut une grave blessure au dos. Pour avoir pris part à un duel, Lorimier perdit son commandement et dut verser 50# aux œuvres de charité.

Cette punition n’était guère plus qu’une formalité car dès 1692 Lorimier était réintégré dans son commandement et, l’année suivante, il recevait à titre honorifique le grade de garde-marine à Rochefort. On croit qu’il a participé à l’expédition de Frontenac [Buade*] contre les Iroquois en 1696 avec le grade de capitaine en pied ; il était alors en garnison à Lachine. En 1705, on le nomma commandant d’un fort avoisinant, le fort Rolland, où il avait déjà été en garnison en 1692.

Pour une deuxième fois, Lorimier eut maille à partir avec la justice en 1707 : il fut alors condamné pour avoir accusé malicieusement Henri Catin, un boucher de Montréal, de diffamation à l’endroit du gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil et pour avoir frappé le dit boucher avec le plat de son épée. Lorimier fut lourdement pénalisé pour cette offense ; cependant une rumeur voulant que Vaudreuil ait fait en sorte que l’amende ne soit pas perçue parvint jusqu’au ministre de la Marine. Ce fait lui avait été rapporté pour démontrer, preuve à l’appui, que le gouverneur soustrayait ses officiers aux rigueurs de la loi. Vaudreuil nia, à la fois, la rumeur et l’accusation de favoritisme.

Les supérieurs de Lorimier ont dit de lui qu’il avait mauvais caractère et qu’il était « attaché au vin mais bon officier ». En 1707, on lui faisait savoir que « le Roy est informé des Services que vous avez rendu jusques a present tant en france qu’en Canada et sa ma en est Satisfaite ». Après sa mort, sa femme, avec qui il avait eu quatre enfants, se vit gratifiée d’une tardive pension de 75# et son fils, Claude-Nicolas* (1705–1770), reçut une commission dans les troupes de la marine.

Peter N. Moogk

AJM, Greffe de Claude Mangue, 17 sept. 1686 ; 9 févr. 1687. — AJTR, Greffe de François Trotain, 26 janv. 1695. — AN, Col., B, 11, f.82 ; 12, ff.5, 45 ; 29, f.107 ; Col., F3, 5, ff.12–23. — APC, FM 30, D, 65. — Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., I : 560. — Correspondance de Frontenac, RAPQ, 1927–28 : 86, 110. — Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1939–1940 : 420, 436 ; 1942–43 : 423, 434 ; 1946–47 : 372, 385. — Jug. et délib., III : 493, 503, 508, 510s. ; V : 29, 527, 584s., 586. — P.-G. Roy, Ce que le gouverneur de Callières pensait de nos officiers militaires en 1701, BRH, XXVI (1920) : 323 ; Inv. coll. pièces jud. et not., I : 44. — RAC, 1899, Suppl., passim. — Taillemite, Inventaire analytique, série B, I : 28, 31, 32, 158. — Raymond Douville, Deux officiers « indésirables » des troupes de la Marine, Cahiers des Dix, XIX (1954) : 71. — É.-Z. Massicotte, La famille De Lorimier, BRH, XXI (1915) : 10–12. — P.-G. Roy, Le duel sous le régime français, BRH, XIII (1907) :132, 133. — [APC, Rapport, 1899, suppl., 85.]

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Peter N. Moogk, « LORIMIER (Lorrimier, Lormier) DE LA RIVIÈRE, GUILLAUME DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lorimier_de_la_riviere_guillaume_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024