LONGWORTH, FRANCIS, tanneur, homme politique, fonctionnaire, juge de paix et officier de milice, né en 1766 dans le comté de Westmeath (république d’Irlande), fils de Francis Longworth et de Mary Fitzgerald ; le 29 mars 1797, il épousa à Charlottetown Agnes Auld, et ils eurent 13 enfants, dont Francis* et John* ; décédé le 27 février 1843 dans cette ville.
Issu d’une famille anglo-irlandaise de confession anglicane, Francis Longworth immigra à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) vers 1791. Tanneur de son métier, il était cependant bien plus qu’un simple artisan : il avait des moyens, de l’éducation et de l’influence. Moins d’une décennie après son arrivée dans l’île, il avait construit une tannerie et accumulé les terres nécessaires à l’implantation d’une ferme modèle dans Charlottetown Royalty. Homme d’affaires reconnu et membre du conseil paroissial de St Paul, il appartenait déjà, au début du xixe siècle, à la petite élite de Charlottetown.
Vainqueur d’une élection partielle dans Georgetown en 1803, Longworth siégea jusqu’en 1806 à la chambre d’Assemblée, où il soutint, semble-t-il, la faction de Robert Hodgson*, qui était favorable à l’escheat. Par la suite, il ne devait pas revenir sur la scène politique et ne trouva son véritable rôle dans la vie publique qu’en février 1814, lorsque le lieutenant-gouverneur Charles Douglass Smith* le nomma juge de paix. Comme il voyait en lui un magistrat à sa convenance, Smith le désigna shérif en chef à trois reprises. Longworth l’en remercia en lui accordant son appui et en soutenant son allié politique dans les années 1820, James Bardin Palmer*.
Smith se fit toutefois beaucoup d’ennemis : il s’aliéna les propriétaires absentéistes en essayant de confisquer leurs terres et inquiéta l’élite coloniale en refusant de se soumettre à elle. Aussi les puissants qu’il avait offensés l’accusèrent-ils de tirer de son poste des avantages personnels et de pratiquer la corruption. Longworth, qui devait sa nomination à Smith et appuyait ouvertement Palmer, ne put échapper au blâme qui retomba sur les quelques alliés du lieutenant-gouverneur lorsque celui-ci fut destitué en 1824. L’année suivante, l’Assemblée accusa Longworth de s’être livré à des « pratiques irrégulières » à titre de juge de paix, ce qui ne fut jamais prouvé.
Les vives critiques dont il était l’objet ne parvinrent pas à mater Longworth, qui demeura presque le seul à vouloir défendre le mandat de Smith. Selon lui, en se montrant économe dans le gouvernement de l’île, Smith avait fait mieux que son successeur John Ready, qui accumulait les déficits. Non sans satisfaction, il notait que les députés, après avoir accusé Smith de corruption et dilapidé les surplus budgétaires qu’il avait laissés, étaient forcés d’imposer de nouvelles taxes, en « prenant soin de ne pas s’oublier » dans la répartition des revenus ainsi perçus.
Avec le temps, à mesure que les animosités de l’époque de Smith se calmèrent et que les rangs des premiers colons encore vivants s’éclaircirent, on en vint à considérer Francis Longworth comme un vénérable représentant d’une ère révolue. Patriarche d’une famille nombreuse, il vit ses enfants assumer d’importantes fonctions dans l’île. Lui-même demeura juge de paix et devint de nouveau shérif en chef en 1835. Membre actif de la Central Agricultural Society, il avait participé en 1825 à la fondation de la Benevolent Irish Society, dont il fut le président à compter de 1828. Il se retira de la milice en 1839 avec le grade de lieutenant-colonel. Décédé au terme d’une longue maladie, il fut qualifié d’« homme d’une valeur, d’un honneur et d’une intégrité authentiques » ; pour la circonstance, on évita toute allusion aux controverses passées.
PAPEI, Acc. 2849/119 ; RG 1, commission books, 1er févr. 1814, 2 mai 1815, 29 mai 1835 ; RG 16, land registry records, conveyance reg., liber 9 : fos 73, 99.— P.E.I. Museum, File information concerning Francis Longworth.— PRO, CO 226/19 ; 226/20 : 81 ; 226/32 : 268 ; 226/36 : 28.— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), Reg. of baptisms, marriages, and burials ; Vestry minutes, 1798–1799 (mfm aux PAPEI).— Supreme Court of P.E.I. (Charlottetown), Estates Division, liber 4 : f° 134 (testament de Francis Longworth) (mfm aux PAPEI).— Prince Edward Island Gazette, 20 déc. 1817.— Prince Edward Island Register, 5 févr., 31 mars 1825, 19 juin 1827, 18 mars 1828, 3 nov. 1829.— Royal Gazette (Charlottetown), 26 févr., 19, 26 mars, 26 nov. 1833, 28 oct. 1834, 25 juin 1839, 28 févr. 1843.
M. Brook Taylor, « LONGWORTH, FRANCIS (1766-1843) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/longworth_francis_1766_1843_7F.html.
Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:
Permalien: | http://www.biographi.ca/fr/bio/longworth_francis_1766_1843_7F.html |
Auteur de l'article: | M. Brook Taylor |
Titre de l'article: | LONGWORTH, FRANCIS (1766-1843) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |