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LINDSAY, sir JAMES ALEXANDER, soldat, né le 25 août 1815, à Muncaster Castle dans le Cumberland en Angleterre, deuxième fils de James Lindsay, septième comte de Balcarres et vingt-quatrième comte de Crawford, et de l’honorable Maria Margaret Frances Pennington, fille de John Pennington, premier baron de Muncaster, décédé à Mitcham, dans le Surrey, le 13 août 1874.
James Alexander Lindsay fit ses études à Eton Collège et s’enrôla dans les Grenadier Guards en achetant son admission le 16 mars 1832. De la même façon, il gagna son avancement en achetant le grade de lieutenant et de capitaine en 1836, puis celui de capitaine et de lieutenant-colonel en 1846. Il fut adjudant-major du 3e bataillon de son régiment au Canada de 1838 à 1842.
Il entra au parlement en 1845 pour représenter la circonscription électorale de Wigan où se trouvait située la demeure familiale. Il appuya sir Robert Peel sur la question du libre-échange mais n’en demeura pas moins un conservateur jusqu’au moment où il abandonna son siège de député en 1865. Pendant ce temps, il montait régulièrement en grade et fut promu lieutenant-colonel des Grenadier Guards en 1860 et major général le 12 mars 1861. Son avancement se fit, semble-t-il, sans qu’il entendît un seul coup de fusil. Le 6 novembre 1845, Lindsay épousa lady Sarah Elizabeth Savile, fille de John, troisième comte de Mexborough. Ils eurent deux fils, qui moururent en bas âge, et trois filles. Lady Sarah devint dame de la chambre de la reine Victoria.
En 1861, les États-Unis et la Grande-Bretagne étant sur le point de se déclarer la guerre, le général Lindsay accompagna les renforts dépêchés dans les garnisons britanniques du Canada. Il reçut le commandement des troupes dans le Canada-Est. Le colonel Garnet Joseph Wolseley*, officier d’état-major à Montréal à cette époque, s’est souvenu de Lindsay comme « d’un soldat efficace et énergique, qui avait du cœur à l’ouvrage et était un des hommes les plus charmants [qu’il] ait connus », ajoutant qu’il était « autant aimé des Canadiens que de ses hommes ».
Lindsay retourna en Angleterre en 1866, prit le commandement des bataillons des gardes à pied de Londres et par la suite fut nommé inspecteur général des forces de la réserve. Quand le gouvernement de William Ewart Gladstone accéda au pouvoir en Angleterre en 1868, le secrétaire d’État à la Guerre, Edward Cardwell, était bien décidé de supprimer les garnisons britanniques dans les colonies autonomes. La tâche de retirer les troupes anglaises du Canada après plus d’un siècle de présence ininterrompue se révéla trop forte pour les épaules de sir Charles Ash Windham*, lieutenant général commandant les forces en Amérique du Nord, et il mourut le 2 février 1870. Le commandement échut au major général sir Charles Hastings Doyle*, le commandant britannique à Halifax, mais le ministère de la Guerre décida d’envoyer un autre officier pour fermer les garnisons anglaises dans le centre du Canada.
Lindsay accepta la tâche, reçut le grade, limité au Canada, de lieutenant général et, le 5 avril 1870, arriva à Montréal pour prendre la tête des troupes qui restaient dans l’Ontario et le Québec. Selon les instructions reçues, il devait en premier lieu coopérer avec le gouvernement canadien en lui fournissant l’aide militaire nécessaire pour assurer l’incorporation de la colonie de la Rivière-Rouge au dominion. Les Canadiens organisèrent le ravitaillement et le transport des troupes, mirent sur pied deux bataillons de milice et défrayèrent les trois-quarts du coût de l’expédition ; Lindsay choisit comme commandant le colonel Garnet Wolseley, lui communiqua ses ordres et surveilla l’organisation. « Dès le début, confia-t-il à Cardwell, je sentis que l’armée, bien qu’hétérogène, était tout de même une armée impériale et que j’étais responsable de tout ce qui s’y rattachait. » Ces présomptions provoquèrent des frictions avec les autorités canadiennes et amenèrent Lindsay à se plaindre d’une mauvaise administration de la part des Canadiens et d’ingérence politique, particulièrement au sujet du recrutement d’un bataillon de fusiliers au Québec et des difficultés de transport jusqu’au lac Supérieur.
Lindsay reçut également l’ordre d’aider les Canadiens à former leurs propres institutions militaires. Il proposa aux ministres canadiens un certain nombre d’idées pratiques : engager un régiment britannique ; recruter leur propre force armée parmi les soldats britanniques licenciés ; organiser des patrouilles à cheval et des canonnières pour parer aux attaques des Féniens. Lindsay, qui voyait au-delà des problèmes de l’heure, voulait garantir que les troupes armées du Canada « seraient organisées d’après le même système que celui du Royaume-Uni ». Sa recommandation la plus pressante touchait l’engagement d’un général britannique pour commander la milice du Canada. Les ministres canadiens portèrent peu d’attention aux conseils de Lindsay, quoique, par la suite, plusieurs de ses suggestions fassent adoptées.
À la fin de mai 1870, la menace fénienne, qui planait depuis si longtemps, se manifesta au Québec par deux petites incursions à la frontière [V. O’Neill]. Les Féniens furent repoussés sans difficultés ; néanmoins, on mobilisa 13 489 miliciens canadiens pour les mettre à la disposition de Lindsay.
En septembre, Lindsay avait fermé la plupart des établissements militaires britanniques du centre du Canada et avait concentré à Québec ce qui en restait. Les troupes britanniques qui avaient participé à l’expédition de la Rivière-Rouge s’en revenaient de Fort Garry (Winnipeg). L’engagement de Lindsay se termina le 24 septembre par la fermeture du quartier général des troupes britanniques à Montréal. Le ministère de la Guerre désirait le voir reprendre son poste auprès de l’armée de réserve. Caldwell et le ministre des Colonies, lord John Kimberley, se montraient tous deux satisfaits de ce que Lindsay avait accompli au Canada. Ils lui manifestèrent leur contentement en lui conférant le titre de chevalier du nouvel ordre de Saint-Michel-et-Saint-George, en le confirmant dans son grade de lieutenant général et en lui accordant celui de colonel du 3e régiment d’infanterie (The Buffs). À sa mort, Lindsay remplissait encore les fonctions d’inspecteur général de l’armée de réserve.
APC, FO 8, I, A2, 1 287, pp.419–503.— PRO. CO 42/693, 230ss ; WO 32/813/058/316.— Returns of addresses of the Senate and House of Commons, relative to the withdrawal of the troops from the Dominion and of the defence of the country and Honorable Mr Campbell’s report (Ottawa, 1871).— Kenneth Bourne, Britain and the balance of power in North America, 1815–1871 (Londres, 1967), 295–302.— J. M. Hitsman, Safeguarding Canada, 1763–1871 (Toronto, 1968), 133–143, 208–223.— Desmond Morton, Ministers and generals ; politics and the Canadian Militia, 1868–1904 (Toronto, 1970).— C P. Stacey, Canada and the British Army, 1846–1871 (2e éd., Toronto, 1963), 204–263.— Desmond Morton, French Canada and the Canadian Militia, HS, no 3 (avril 1969) : 36.
Desmond Morton, « LINDSAY, sir JAMES ALEXANDER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lindsay_james_alexander_10F.html.
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Auteur de l'article: | Desmond Morton |
Titre de l'article: | LINDSAY, sir JAMES ALEXANDER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 2 décembre 2024 |