LILLIE, ADAM, ministre de l’Église congrégationaliste et éducateur, né le 18 juin 1803 à Glasgow, Écosse, décédé le 19 octobre 1869 à Montréal.

Adam Lillie, dans son enfance, subit l’influence religieuse de Ralph Wardlaw, ministre de l’Église congrégationaliste de Glasgow, qui était alors au faîte de sa renommée comme prédicateur. Lorsqu’il atteignit 18 ans, Lillie adhéra à l’Église et, dans l’espoir de devenir ministre, il étudia de façon intermittente pendant plusieurs années à l’University of Glasgow où il mérita un prix en humanités. Néanmoins, pendant son séjour à Glasgow, il offrit ses services à la London Missionary Society, organisme interconfessionnel soutenu en grande partie par les congrégationalistes ; pour le préparer à son futur travail, on l’envoya à la Theological Academy de Gosport, Hampshire, dirigée par David Bogue, un des fondateurs de la London Missionary Society. Lillie termina ses études en 1826, fut ordonné à Londres, dans l’église Stockwell Independent, le 28 mars et, un mois plus tard, il s’embarqua avec sa femme, Elizabeth, pour l’Inde. Il fut en poste à Belgaum mais l’insalubrité du climat altéra à ce point sa santé qu’il dut retourner à Glasgow un an plus tard.

Affaibli par cette rude épreuve, Lillie ne se décida pas à assumer l’entière responsabilité d’une église et pourvut à ses besoins en donnant des.cours privés à des étudiants se préparant à l’université, tout en aidant le révérend John Watson dans son église d’Édimbourg. Parmi les étudiants qu’il prépara au baccalauréat en 1829 se trouvait un jeune Canadien du nom de Henry Wilkes*. Cédant aux instances de celui-ci et grâce aux £20 fournies par la London Missionary Society, Lillie vint au Canada en 1831 dans le but d’établir une église congrégationaliste là où elle pourrait être nécessaire. La famille de Wilkes vivait à Brantford, Haut-Canada, et avait déjà fait montre de sa sympathie à l’égard des « Indépendants » en mettant sur pied une école du dimanche. Les Wilkes invitèrent Lillie à se joindre à eux pour établir une église. On commença à dresser une liste des paroissiens en 1834 et elle augmenta si rapidement que Lillie put construire une église en 1836.

Pendant la période qui suivit les guerres napoléoniennes, un nombre considérable de congrégationalistes écossais et anglais émigrèrent en Amérique du Nord britannique, ordinairement dans les régions urbaines où ils s’occupaient de commerce. La plupart connaissaient les rudiments du commerce et jouissaient en général d’une certaine aisance. Libéraux sur le plan politique et social, ils insistaient sur la nécessité de sortir des cadres traditionnels d’enseignement, par l’intermédiaire d’organisations du genre des instituts d’artisans, et de militer dans les mouvements contre l’intempérance, l’esclavage et les Églises établies. La doctrine des congrégationalistes s’appuyait sur un calvinisme modéré et suivait de près celle des baptistes par l’insistance qu’ils mettaient à prôner l’autonomie congrégationnelle et l’égalité religieuse.

En 1839, l’Église congrégationaliste de Guelph envoya Ludwig Kribs auprès de Lillie pour qu’il le prépare à devenir ministre ; afin d’avoir plus d’espace pour recevoir des étudiants, Lillie alla se fixer à Dundas et commença à exercer son ministère dans les églises congrégationalistes de Dundas et de Hamilton. L’année suivante, sa classe de théologie comptait déjà cinq étudiants et la Congregational Union of Upper Canada accepta d’établir la Congregational Academy of British North America à Toronto. L’académie ouvrit ses portes un peu plus tard cette année-là ; Lillie, assisté d’un conseiller, y forma 64 élèves entre 1840 et 1864. Dans l’intervalle, en 1836, Henry Wilkes était revenu au Canada à titre de ministre de l’Église de Zion à Montréal et agent de la London Missionary Society au Canada. En 1842, Wilkes et son associé, J. J. Carruthers, fondèrent à Montréal, pour la formation du clergé, un petit institut désigné sous le nom de Congregational Theological Institute, mais le nombre des inscriptions étant peu encourageant, ils décidèrent, en 1845, de s’unir au collège de Toronto et d’envoyer leurs élèves à Lillie. Après la fusion, le nouveau collège de Toronto prit, en 1846, le nom de Congregational Theological Institute.

Malgré ses lourdes charges, Lillie occupa aussi les fonctions de secrétaire de la Congregational Union of Upper Canada de 1842 à 1844 ; il publia une conférence qui avait pour thème la formation au ministère et qu’il avait prononcée lors de l’inauguration de l’académie à Toronto en 1840. Ses deux conférences devant le Toronto Mechanics’ Institute en mars 1852 parurent également dans la Quebec Gazette et le Journal of Éducation of Upper Canada où elles furent accueillies en termes très élogieux. Par la suite, elles furent publiées dans un ouvrage qui contenait en annexe des statistiques sur l’avenir des comtés réunis de Leeds et de Grenville. Son troisième ouvrage, Canada : physical, economic, and social, écrit à l’intention des futurs immigrants, contenait des cartes détaillées du Canada, des renseignements d’ordre géographique ou agricole, une description de l’économie et des moyens de transport, de même qu’un exposé sur les institutions gouvernementales et culturelles. Lillie collabora fréquemment à la revue congrégationaliste Harbinger et à son successeur, le Canadian Independent. L’University of Vermont, située dans un état possédant depuis longtemps une tradition fortement congrégationaliste, lui décerna un doctorat en théologie en 1854. En 1850, Lillie avait été un des fondateurs de l’Anti-Clergy Reserves Association et, au cours des années 60, il fit partie du « sénat » de l’University of Toronto.

Lors du recensement de 1851, les congrégationalistes se chiffraient à 11 674, comparés aux 914 561 catholiques, aux 280 619 méthodistes et aux 268 592 anglicans. La croissance de l’Église congrégationaliste au cours de la décennie qui suivit exigea un nombre plus grand de ministres. En 1864, en raison de l’augmentation des étudiants, on décida de déplacer le collège de Toronto à Montréal où Wilkes et le docteur George Cornish, qui avaient tous deux une grande expérience dans la formation des étudiants en théologie, seraient en mesure d’y remplir le rôle de professeurs. Lillie, qui occupait la chaire de théologie et d’histoire de l’Église, demeura le principal du collège tandis que Cornish enseigna la Bible grecque et l’exégèse et Wilkes l’homilétique et la théologie pastorale. Suivant les exigences du travail, Lillie faisait la navette entre Montréal et Toronto où demeuraient sa femme et ses huit enfants. En 1869, à l’occasion de sa mort, le Canadian Independent écrivait : « nul ne plaçait plus haut que le Dr Lillie, parmi les exigences du ministère chrétien, les dons naturels d’intelligence et la culture » ; on ajoutait qu’il avait toujours donné à ses élèves « la quintessence de ses réflexions et de ses recherches ».

Earl B. Eddy

Adam Lillie est l’auteur de Canada : its growth and prospects ; two lectures delivered before the Mechanics’ Institute, Toronto [...] (Brockville, Ont., 1852); Canada : physical, economic, and social (Toronto, 1855) ; et, en collaboration avec W. P. Wastell, il a écrit Ministerial education ; two discourses delivered in the Congregational chapel, Toronto [...] (Toronto, 1840).

Canadian Independent (Toronto), nov. 1869.— Harbinger (Montréal), 15 juill. 1842.— E. B. Eddy, The beginnings of Congregationalism in the early Canadas (thèse de th.d., Emmanuel College, Toronto, 1957).— John Robertson, History of the Brantford Congregational Church, 1820–1920 ([Brantford, Ont.], s.d.).— John Waddington, Congregational history, [1200–1880] (5 vol., Londres, 1869–1880), IV.— John Wood, Memoir of Henry Wilkes, D.D., LL.D., his life and times (Montréal et Londres, 1887).

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Earl B. Eddy, « LILLIE, ADAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lillie_adam_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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