LEWELLIN, JOHN LEWELLIN, fermier, agent foncier, homme politique et auteur, né vers 1781 dans le pays de Galles ; il épousa Mary Woodley, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 16 avril 1857 dans la région du havre Murray, Île-du-Prince-Édouard.
John Lewellin Lewellin exploitait une ferme en Angleterre depuis 16 ans lorsqu’il quitta le Wiltshire en 1824 pour l’Île-du-Prince-Édouard. Il était un ami de John Cambridge*, qui avait regagné la Grande Bretagne quelque dix années auparavant et qui était le plus important propriétaire foncier de l’île. Avant que Lewellin ne quitte l’Angleterre, Cambridge et un autre propriétaire, Laurence Sulivan, le désignèrent comme leur représentant dans la colonie. Les deux propriétaires possédaient en tout 13 lots d’environ 20 000 acres chacun, situés pour la plupart dans la partie est de l’île. Lewellin s’établit sur le lot 61, où il exploita une ferme qu’il appela Woodley Grove, et son travail l’amena fréquemment à parcourir la région. Lors d’une élection partielle tenue en 1827, Lewellin se porta candidat dans Georgetown contre James Bardin Palmer*, avocat de Charlottetown, mais il perdit par une voix. Quand l’Assemblée se réunit l’année suivante, toutefois, les députés empêchèrent Palmer d’occuper son siège à cause de certaines affirmations suivant lesquelles, dans l’exercice de ses fonctions à la Cour de la chancellerie, il avait fait des pressions illégales sur un groupe de locataires. Une autre élection partielle fut alors annoncée pour le mois de juin. Palmer brigua de nouveau les suffrages, et même si Lewellin hésitait à se présenter contre un homme en qui il voyait un défenseur des intérêts de la colonie en matière d’agriculture, il accepta finalement de lui faire la lutte et l’emporta par 8 voix contre 7. Lewellin siégea à l’Assemblée durant les deux dernières sessions de la législature et s’intéressa au commerce et à l’industrie de l’île, mais il ne fut pas candidat aux élections générales de 1830.
En décembre 1826, au cours d’un voyage en Angleterre, Lewellin avait commencé à rédiger, à l’intention des émigrants, une brochure sur l’agriculture de l’île. Il ne réussit pas à faire publier cet ouvrage en Angleterre avant son départ le printemps suivant. Le lieutenant-gouverneur John Ready* ayant offert en 1828 un prix pour la rédaction d’un « manuel d’agriculture », Lewellin demanda des suggestions et des renseignements additionnels afin de préparer une version révisée de son manuscrit. On ignore cependant s’il en vint à soumettre son texte en vue d’obtenir le prix. En 1832, le concours fut confié à la Central Agricultural Society et, au cours de l’assemblée générale qui f ut tenue cette année-là, Lewellin présenta son manuscrit ; par la suite, un comité l’examina dans le but de le faire paraître. Mais lorsque l’ouvrage fut publié plus tard cette année-là, sous le titre de Emigration : Prince Edward Island ; a brief but faithful account of this fine colony [...], ce ne fut pas avec l’aide de la société d’agriculture, mais bien grâce à une souscription. La brochure fut l’objet d’une critique défavorable dans le British American, de Charlottetown, et l’incapacité de la société à publier un « manuel du cultivateur » fut considérée comme un « échec lamentable » par la Royal Gazette, de James Douglas Haszard*.
La brochure de Lewellin contient les éléments qu’on retrouve à cette époque dans les tracts destinés aux émigrants. L’auteur souligne les aspects intéressants de la colonie – « En vérité, écrit-il, c’est un bon pays pour les pauvres ! » –, tout en critiquant le manque d’application au travail de ses habitants. De fait, le ton de l’ouvrage est moralisateur du début à la fin. Après sa parution dans l’île en 1832, Emigration fut réédité deux fois en Angleterre, mais c’est davantage par ses autres textes sur l’agriculture de la colonie que Lewellin se fit alors connaître.
Lewellin était à peine arrivé dans l’île lorsqu’il se mit à écrire pour la presse locale. Sous le pseudonyme de Rusticus, il fit paraître des articles longs et détaillés, ainsi que des lettres, sur des aspects de l’agriculture allant de la culture du lin à l’établissement d’une « ferme-école ». Ses premiers écrits coïncidaient avec les efforts accomplis par Ready en vue de promouvoir les sociétés d’agriculture. Le lieutenant-gouverneur en énuméra les avantages dans son discours du trône en 1827, et Lewellin tenta de créer une telle société dans la région de Three Rivers (autour de Georgetown) avant la fin de l’année, mais ce n’est qu’en 1831 que l’Eastern Agricultural Society fut fondée. La Central Agricultural Society, à Charlottetown, bénéficia également de son appui. En 1837, le secrétaire de cette société, Peter Macgowan, nota que Lewellin était « la seule personne dans la colonie capable d’assumer des fonctions importantes au sein d’une société d’agriculture » et affirma qu’il avait beaucoup contribué au succès de l’organisme. Finalement, l’association nomma Lewellin viceprésident adjoint et correspondant honoraire.
Les écrits de John Lewellin Lewellin, tant Emigration que ses articles de journaux, traduisent l’enthousiasme et l’optimisme avec lesquels il envisageait l’avenir de la colonie. Cependant, il était loin d’être un fermier ordinaire. En qualité d’agent foncier, il se trouvait dans une situation privilégiée, et le revenu de sa ferme était probablement pour lui un supplément. Ayant le loisir de mener des expériences, il utilisa sans doute certaines des nouvelles méthodes de culture et d’élevage qu’il préconisait dans ses écrits. Bien qu’il soit difficile d’évaluer avec précision la contribution de Lewellin, il est probable que ses efforts, au moment où l’agriculture de l’île passait de l’état d’activité de subsistance à celui de grande industrie, produisirent des résultats considérables. Il s’intéressa également au développement de la pêche dans la colonie, mais les insulaires, en dépit de son action, continuèrent à négliger ce domaine, l’abandonnant aux Américains qui venaient en masse chaque été dans la région.
John Lewellin Lewellin est l’auteur de : Emigration ; Prince Edward Island : a brief but faithful account of this fine colony [...] ; publié d’abord à Charlottetown en 1832, par James Douglas Haszard, l’ouvrage a été réimprimé à Londres en 1833 et encore en 1834. L’édition originale a été rééditée avec une introduction de D. C. Harvey* dans Journeys to the Island of St. John or Prince Edward Island, 1755–1832, D. C. Harvey, édit. (Toronto, 1955), 175–213.
PAPEI, RG 16, Land registry records, conveyance reg., liber 31 : fo 50 ; liber 33 : fo 653 ; RG 18, 1841, Lot 61.— P.E.I. Museum, File information concerning J. L. Lewellin.— British American (Charlottetown), 9, 30 mars 1833 (disponible aux PAPEI).— Examiner (Charlottetown), 4 mai 1857.— Islander, 22 janv. 1847, 1er mai 1857.— Prince Edward Island Register, 29 mai 1824, 15 juill. 1825, 21 août 1827, 5, 12, 19 févr., 2, 10, 24 juin 1828, 24 nov. 1829.— Royal Gazette (Charlottetown), 12 oct. 1830, 6 mars 1832, 21 janv. 1834, 17 janv. 1837, 11 mars 1845, 25 mars 1846.— Elinor Vass, « The agricultural societies of Prince Edward Island », Island Magazine (Charlottetown), no 7 (fall–winter 1979) : 31–37.
H. T. Holman et Basil Greenhill, « LEWELLIN, JOHN LEWELLIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lewellin_john_lewellin_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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