LÉVESQUE, FRANÇOIS, marchand. juge de paix, conseiller législatif et exécutif, probablement né à Rouen, France, le 29 juin 1732, fils de François Lévesque et de Marie Pouchet ; il épousa devant un ministre anglican à Québec, le 16 août 1769, Catherine Trottier Desauniers Beaubien. et ils eurent neuf enfants ; décédé à Québec le 15 janvier 1787.

Nous ne possédons aucun renseignement sur la jeunesse de François Lévesque, si ce n’est qu’il était issu d’une famille huguenote de prospères tisserands, originaires de Bolbec, France. Nous ignorons, de plus, les raisons pour lesquelles il quitta son pays, ainsi que la date précise de son arrivée à Québec. Toutefois, il semble qu’avant 1756 il s’était joint à deux de ses cousins, François Havy* et Jean Lefebvre*, commerçants déjà établis dans cette ville. Puis la guerre de Sept Ans entraîna la séparation de ces deux associés : le premier se rendit à La Rochelle, cependant que le second restait à Québec. En 1760, lors du départ de Lefebvre pour la France, Lévesque fut chargé de récupérer les dettes contractées envers ses partenaires.

Lévesque put jouir assez tôt de la confiance des autorités en place et profiter des occasions qui lui étaient offertes de faire de bonnes affaires. Ainsi, le gouverneur Haldimand fit de Lévesque, en 1764, le seul dépositaire d’un lot de 87 poêles et de 310 000 livres de fer, en vue de la liquidation des forges du Saint-Maurice. Puis les responsables du séminaire de Québec passèrent avec lui de nombreuses transactions ; ainsi, il leur prêta 3 000# en 1761 et leur fournit, en 1774, 6 000 carreaux de pavage. Le 11 août 1781, Lévesque reçut, par ailleurs, du procureur du séminaire, Thomas-Laurent Bédard, la concession d’un terrain de 60 pieds de front, situé dans la basse ville de Québec.

Lévesque monta un important commerce de blé qui contribua beaucoup à sa richesse et à sa respectabilité. Vers 1773, il aurait même possédé sa propre flotte de navires pour ses échanges avec l’Europe. Parallèlement à ses activités commerciales, il poursuivit une carrière de fonctionnaire. En 1769, on le qualifie de juge de paix dans son contrat de mariage. Puis, en 1772, il devint membre du Conseil et, en 1775, aux termes de l’Acte de Québec, conseiller législatif. Il s’opposa d’ailleurs, en tant que conseiller, à une fixation du prix du blé et de la farine, proposée au cours d’une séance en 1780.

Le 6 novembre 1786, lord Dorchester [Carleton*] annonça la composition du comité du Conseil relatif au commerce et à la police, chargé d’étudier la question « du commerce intérieur et extérieur et des règlements pour la police, ayant égard aux anciennes lois et coutumes de la province et de faire rapport ». Y furent nommés, Edward Harrison, John Collins, William Grant* (1744–1805), George Pownall* et François Lévesque, autorisés à faire comparaître devant eux et à interroger les personnes, et à compulser les archives et documents s’y rattachant. Le comité se réunit pour la première fois le 13 novembre, et le rapport fut déposé peu de temps avant le décès de Lévesque survenu le 15 janvier 1787.

Une tradition solide veut que, sous l’influence de son épouse, Lévesque se soit converti au catholicisme. Toutefois, son acte de sépulture figure dans les registres de l’église anglicane de Québec. Son éloge funèbre, paru dans la Gazette de Québec le 18 janvier Suivant, témoigne du respect que ses compatriotes lui portaient : « Ses vertus sociales et patriotiques, lui ont concilié de longuemain, l’estime, l’amitié et la reconnaissance de cette province, pour les intérêts de laquelle il a toujours montré son attachement, ce qui ne fait qu’augmenter les regrets du public et de ses amis en particulier. » Les importantes fonctions politiques qu’il assuma, ainsi que sa réussite sociale, en font un représentant typique de la bourgeoisie de son époque.

L’épouse de Lévesque mourut en 1807, à Saint-Denis, sur le Richelieu, où elle s’était retirée près de sa fille, Catherine, et de son neveu, Pierre-Guillaume Guérout.

Jean-Francis Gervais

ANQ-Q, État civil, Anglicans, Cathedral of the Holy Trinity (Québec), 16 août 1769, 17 janv. 1787 ; Greffe de Claude Barolet, 14 sept. 1748 ; Greffe d’André Genest, 11 juin 1775 : Greffe de J.-C. Panet, 16 août, 10 oct. 1769.— ASQ, C 22, sept.-oct. 1761 ; S, Carton 10, no 38 : Séminaire, 82, no 50 ; 121. no 112 ; 152, nos 28, 215, 236.— APC Rapport, 1890, 43, 51–53, 214.— Doc. relatifs à l’hist. constitutionnelle. 1759–1791 (Shortt et Doughty ; 1921), II : 685, 703, 780, 802, 859, 885–887, 897, 900, 908.— La Gazette de Québec, 18 janv. 1787.— F.-J. Audet et Édouard Fabre Surveyer, Les députés au premier parlement du Bas-Canada, 1792–1796 [...] (Montréal, 1946), 258.— Tanguay, Dictionnaire, VII : 358.— Liliane Plamondon, Une femme d’affaires en Nouvelle-France, Marie-Anne Barbel (thèse de m.a., université Laval, 1976), 79.— M. Trudél, L’Église canadienne, I : 189s. ; Le Régime militaire, 115s.— Turcotte, Le Cons. Législatif, 28.— M.-F. Beauregard, L’honorable François Lévesque, son neveu Pierre Guérout, et leurs descendants, SGCF Mémoires, VIII (1957) : 13–16.— A.[-E.] Gosselin, François-Joseph de Vienne et le journal du siège de Québec en 1759, ANQ Rapport, 1922–1923, 413.— J.-J. Lefebvre, François Levêque (1732–1787), membre des Conseils législatif et exécutif, BRH, LIX (1953) : 143–145.

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Jean-Francis Gervais, « LÉVESQUE, FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/levesque_francois_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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