LEPROHON, JEAN-LUKIN (baptisé Jean-Baptiste-Lucain), médecin, rédacteur en chef, professeur, homme politique et fonctionnaire, né le 7 avril 1822 à Chambly, Bas-Canada, fils d’Édouard-Martial Leprohon, inspecteur de potasse, et de Marie-Louise Lukin ; décédé le 23 mai 1900 à Montréal et inhumé dans le cimetière de Côte-des-Neiges.

Après des études classiques au séminaire de Nicolet, dirigé par son oncle, l’abbé Joseph-Onésime Leprohon*, Jean-Lukin Leprohon entre à la faculté de médecine du McGill College de Montréal. Ses études médicales terminées en mai 1843, il séjourne à Paris jusqu’en 1845. De retour au Canada, il obtient sa licence ad practicandum le 15 novembre 1845, puis s’installe à Saint-Charles-sur-Richelieu pour exercer la médecine. Le 17 juin 1851, il épouse dans la paroisse Notre-Dame, à Montréal, l’écrivaine Rosanna Eleanora Mullins*. Ils auront 13 enfants dont 8 survivront à leur père.

Leprohon est un homme actif, doté de grandes qualités intellectuelles et humanitaires. On lui doit le premier journal médical entièrement de langue française au Canada, la Lancette canadienne, qui paraît en janvier 1847. Par cette publication, il veut rompre l’isolement des médecins francophones dispersés à travers le Bas-Canada et il propose à ses confrères de se regrouper en association afin de resserrer les liens « entre hommes ayant la même mission auprès de l’humanité ». Il sensibilise les lecteurs au problème de l’hygiène publique et insiste sur la nécessité d’une bonne formation morale et scientifique pour les médecins. Quoique bien accueilli par la presse, le journal doit suspendre sa publication au bout de six mois, faute de collaborateurs et de soutien financier.

À partir de 1855, Leprohon poursuit sa carrière médicale à Montréal, d’abord à titre de médecin militaire. En 1870, il fonde avec les docteurs William Hales Hingston* et John Summerfield Chapman le Women’s Hospital of Montreal. À la création de la faculté de médecine du Bishop’s College de Lennoxville, l’année suivante, il accepte le poste de professeur d’hygiène. Pendant cette période, il assume aussi les fonctions de médecin consultant au dispensaire de Montréal.

Parallèlement à ses occupations professionnelles, Leprohon porte un intérêt particulier aux conditions sanitaires de la ville de Montréal en qualité d’échevin du quartier Saint-Antoine de 1858 à 1861. Par ailleurs, en 1872, on le nomme vice-consul d’Espagne à Montréal, fonction plus honorifique que lucrative, mais qui témoigne de la considération dont il jouit ; en 1881, le gouvernement espagnol le décore de l’ordre royal et distingué de Charles III en reconnaissance des services rendus.

Leprohon fait partie de nombreuses associations médicales et civiques. La Pathological Society et la Montreal Medico-Chirurgical Society comptent parmi les organismes qui bénéficient de son dévouement. Il est, en outre, vice-président du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec. En 1866, il est membre d’un comité chargé d’examiner la situation sanitaire à Montréal et de formuler des recommandations en vue d’améliorer les conditions d’hygiène. Leprohon signe également, en 1874, un rapport sur la petite vérole au Canada. On le nomme en 1890 au comité catholique du conseil de l’Instruction publique dont il fera partie jusqu’à sa mort. Il est également vice-président honoraire de la Canadian National League fondée en 1892.

Dans l’exercice de ses multiples fonctions, Jean-Lukin Leprohon sait gagner l’estime et l’admiration de ses concitoyens tant francophones qu’anglophones. Cet homme « cultivé et énergique », conscient de ses responsabilités humanitaires et sociales, et particulièrement préoccupé d’hygiène publique, se révèle l’un des promoteurs de la médecine sociale et préventive au Canada français. Le titre « d’homme de bien », qu’il propose à ses lecteurs comme idéal à atteindre, lui revient de droit.

Monique Leclerc-Larochelle

AC, Montréal, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 26 mai 1900.— AN, RG 68, General index, 1841–1867.— ANQ-M, CE1-39, 12 avril 1822 ; CE1-51, 17 juin 1851.— ANQ-Q, E13/74–76 ; E18/52.— Arch. de la ville de Montréal, Dossier 016.510.— Lettres à Pierre Margry de 1844 à 1886 (Papineau, Lafontaine, Faillon, Leprohon et autres), L.-P. Cormier, édit. (Québec, 1968).— Québec, Statuts, 1870, chap. 57.— Montreal Daily Star, 25 mai 1900.— La Presse, 25 mai 1900.— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer, 206.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), 577–578.— Abbott, Hist. of medicine, 65–70.— Henri Deneau, dit frère Adrian, « Life and works of Mrs. Leprohon, née R. E. Mullins » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1948).— Édouard Desjardins, « Biographies de médecins du Québec », l’Union médicale du Canada (Montréal), 107 (1978) : 612 ; « l’Origine de la profession médicale au Québec, III », 103 (1974) : 1114–1115 ; « la Petite Histoire du journalisme médical au Canada », 101 (1972) : 122.— « La Famille Leprohon », BRH, 39 (1933) : 513–514.— « Jean Lukin Leprohon, m.d. », Canada Medical Record (Montréal), 28 (1900) : 278.

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Monique Leclerc-Larochelle, « LEPROHON, JEAN-LUKIN (baptisé Jean-Baptiste-Lucain) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leprohon_jean_lukin_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    28 novembre 2024