LÉGER DE LA GRANGE, JEAN, capitaine de vaisseau, marchand et corsaire, né le 19 juin 1663 à Abiac, diocèse de Limoges, du mariage d’Élie Léger et de Jeanne Félix ; époux en premières noces de Louise Fauvel, en 1691, et en secondes noces de Marie Des Reaux ; mort en France, peut-être en 1736.

Jean Léger de La Grange dut s’orienter très tôt vers la carrière de marin, puisqu’en 1696 il était commandant du Wesp, un des navires de Pierre Le Moyne d’Iberville dans l’expédition de ce dernier contre les Anglais de Terre-Neuve. En 1700, il commandait des navires de la Compagnie de la Colonie et à la même époque il était connu comme marchand à Québec. À la fin de l’année 1703, sentant que les affaires déclinaient et que Québec avait bien peu à offrir pour satisfaire au besoin d’aventure ressenti par la jeunesse de la colonie, La Grange obtint la permission de Philippe de Rigaud de Vaudreuil et de François de Beauharnois* de La Chaussaye de mener une autre expédition contre les Anglais de Terre-Neuve. Il intéressa à son projet quelques marchands, entre autres Nicolas Dupont de Neuville, Louis Prat et Antoine Pascaud, et avec leur aide acheta et arma deux navires. De plus, La Grange trouva au moins 26 hommes prêts à s’engager gratuitement sur son bateau, satisfaits de la perspective d’une part de l’éventuel butin. Morel de La Durantaye et Denis-Joseph Juchereau de La Ferté faisaient partie de son équipage. La Grange et Claude Pauperet, un des marchands de Québec, prendraient le commandement des deux navires, le Joybert et le Philipeau, mais La Grange resterait le commandant en chef de l’expédition. Ils attaquèrent le port de Bonavista le 29 août 1704, brûlèrent deux petits navires et capturèrent le Pembroke Galley de Londres, navire de 250 tonneaux, armé mais alourdi par une cargaison d’environ 2 500 quintaux de morue sèche ; le capitaine Michael Gill résista vaillamment à l’attaque, mais en vain.

On partagea le butin à Québec, chaque homme d’équipage recevant environ 40 écus, et on vendit une partie de la cargaison de morue sur place pour alléger le navire et en faciliter la défense au cours du voyage vers l’Europe. Ironique retour des choses, le vaisseau fut repris par les Anglais entre Bilbao et La Rochelle, après la vente de la cargaison. Stimulés par l’exemple de La Grange, Alexandre Leneuf de Beaubassin et d’autres se lancèrent dans la course, mais aucun ne semble avoir obtenu le même succès. En récompense de son exploit, Léger fut nommé capitaine de flûte dans la marine du roi, poste qu’il occupa pendant plusieurs années. D’après certains rapports, La Grange aurait passé l’hiver de 1709–1710 au fort Bourbon, à la baie d’Hudson. Il semble qu’il ne servit plus au Canada et qu’il mourut en France en 1736.

David Lee

AN, Col., B, 19, f.20 ; 27, f.94v. ; 30, f.16 ; 49, f.162v. ; Col., C11A, 21, ff.50ss ; 22, ff.4, 71.— APC, FM 6, A 2, 3c (Minutes Rivière et Soulard), X : 252–268.— Charlevoix, History (Shea), V : 169s.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39 : 128, 147.— [Nicolas Jérémie], Twenty Years of York Factory (Douglas et Wallace), Ottawa, 1926.— Gagnon, Noms propres au Canada français, BRH, XV (1909) : 119.— Le Jeune, Dictionnaire.— Prowse, History of Nfld., 239s.— [P.–G. Roy], Un corsaire canadien : Jean Léger de La Grange, BRH, XXIV (1918) : 33–48, 65–76, 97–104.

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David Lee, « LÉGER DE LA GRANGE, JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leger_de_la_grange_jean_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    1 décembre 2024