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LEGARDEUR DE REPENTIGNY, PIERRE, lieutenant du gouverneur Huault de Montmagny, directeur de la Communauté des Habitants, amiral de la flotte, né probablement dans la première décennie du xviie siècle à Thury-Harcourt (Normandie) de René Legardeur de Tilly et de Catherine de Cordé, décédé en mer en 1648.
Pierre Legardeur débarqua à Québec le 11 juin 1636 avec sa mère, sa sœur Marguerite, épouse de Jacques Leneuf de La Poterie, et son frère, Charles Legardeur de Tilly. Il faisait donc partie du groupe de Normands et de représentants de la petite noblesse qui arrivèrent avec Montmagny. Le nom de Repentigny lui venait d’une localité du Calvados.
Marie de l’Incarnation [V. Guyart] le dit lieutenant du gouverneur de Montmagny. Sans doute remplaça-t-il dans cette fonction Bréhaut Delisle, dont on perd la trace à partir de 1642. Pierre Legardeur se mit en vedette en 1644 quand, avec Noël Juchereau Des Chatelets, il rallia les notables de la colonie à l’idée d’une communauté des habitants qui prendrait en main le monopole de la traite des fourrures. Appuyé par les Jésuites, Legardeur, en compagnie de Jean-Paul Godefroy, se rendit à Paris, à l’automne, négocier avec les directeurs de la Compagnie des Cent-Associés le transfert du monopole de la traite, qui s’effectua le 14 janvier 1645 ; le roi le ratifia le 6 mars suivant. La nouvelle compagnie prit le nom de Communauté des Habitants. Le succès des négociations revient surtout aux Jésuites, notamment au père Charles Lalemant, qui avait ses entrées à la cour.
On manquait cependant de fonds de roulement pour commencer les activités commerciales. Legardeur obtint des capitaux d’Hilaire Leclerc, trésorier de France à Poitiers. Il put alors charger cinq navires qui mirent les voiles vers la fin du printemps de 1645. Le zèle qu’il déploya lui valut le titre d’amiral, c’est-à-dire de commandant de la flotte. Il arriva à Québec le 5 août 1645.
Sous la direction de Legardeur, la Communauté des Habitants ne tarda malheureusement pas à prendre l’aspect d’une affaire de famille. Tous les directeurs étaient parents par alliance. Le menu peuple, méfiant, protesta, appuyé par Chomedey de Maisonneuve qui se rendit avec Robert Giffard en France, en 1646, dénoncer les agissements des directeurs. Le Conseil du roi enregistra les protestations de Maisonneuve et de Giffard et passa, le 27 mars 1647, un « règlement pour établir un ordre et police en Canada ». Cette constitution créait un conseil de gestion et de surveillance.
Pendant ce temps, Legardeur (directeur des embarquements pour la Nouvelle-France en 1645 et 1646) faisait la navette entre la colonie et la métropole. Il laissait Québec à l’automne avec les fourrures recueillies durant l’hiver. Il réapparaissait au printemps avec les denrées nécessaires à la traite. Avant son départ en 1647, on l’obligea à présenter sa comptabilité au conseil de gestion. On s’aperçut qu’il manquait de méthodes comptables et ne lésinait pas sur les dépenses. On lui fit des remontrances, mais on le laissa en fonction. Au printemps de 1648, Pierre Legardeur manifesta son mécontentement à l’égard de la nomination de Louis d’Ailleboust au poste de gouverneur. Le roi sévit en nommant d’Ailleboust général de la flotte pour le voyage de retour au Canada.
Legardeur, selon les instructions royales, ne devait réintégrer son poste qu’à l’automne de la même année. Il n’en eut cependant pas l’occasion. Il venait à peine de laisser La Rochelle, en mai 1648, quand une épidémie se déclara sur le navire qui le transportait. Gravement atteint, il succomba rapidement, « le corps demy couvert de taches de pourpre noire, larges comme des doubles ».
Sa femme, Marie Favery, vécut jusqu’au 29 septembre 1675. Elle avait eu quatre enfants, dont Marie-Madeleine et Catherine, qui épousèrent respectivement Jean-Paul Godefroy et Charles-Joseph d’Ailleboust Des Muceaux. Marie Favery reçut en héritage les seigneuries de Repentigny et de Bécancour, que son mari avait obtenues en 1647. Elle fut, en 1657, la fondatrice de la Confrérie du Saint-Rosaire.
ASQ, Documents Faribault, 34, 74.— Marie Guyart de l’Incarnation, Lettres (Sulte), 36s.— JJ (Laverdière et Casgrain).— JR (Thwaites).— Le Clercq, Premier établissement de la Foy, I : 494, 497 ; II : 12.— P.-G. Roy, Inv. concessions, I : 244, 251, 257.— Gabriel Debien, Engagés pour le Canada au XVIIe siècle vus de La Rochelle, RHAF, VI (1952) : 187.— Faillon, Histoire de la colonie française, II : 94s. et passim.— Lanctot, Histoire du Canada, I.— La Mort de Pierre Le Gardeur de Repentigny, BRH, XXXII (1926) : 45s.— P.-G. Roy, La Famille Le Gardeur de Repentigny, BRH, LIII (1947) : 165–176, 195–198 ; Jean-Paul Godefroy, BRH, X (1904) : 246–250.
Jean Hamelin, « LEGARDEUR DE REPENTIGNY, PIERRE (mort en 1648) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/legardeur_de_repentigny_pierre_1648_1F.html.
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Auteur de l'article: | Jean Hamelin |
Titre de l'article: | LEGARDEUR DE REPENTIGNY, PIERRE (mort en 1648) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 2018 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |