LEE, WALTER SUTHERLAND, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 18 octobre 1836 à Toronto, fils de Joseph Lee et de Maria Shanks ; le 2 février 1860, il épousa Emma Mary Leuty, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 4 janvier 1902 à Toronto.

En 1832, les parents de Walter Sutherland Lee quittèrent l’Angleterre pour York (Toronto), où son père ouvrit un magasin général, et par la suite un commerce de matériaux de construction. Walter fit ses études à l’école privée de James R. Mair, puis entra, à l’âge de 14 ans, chez John Maulson, un des premiers experts-comptables de la municipalité, pour y apprendre la comptabilité. Il y resta cinq ans et se fit une réputation de persévérance et de compétence. En 1856, il devint caissier à la Consumers’ Gas Company ; vers la même époque, il s’enrôla dans la milice du comté de York.

En 1864, la Western Canada Building Society de Toronto, qui était surtout une société d’hypothèques, décida de prendre de l’expansion et engagea à cette fin un secrétaire-trésorier à temps plein. Cet homme était Lee, et il allait se confondre avec l’entreprise au point qu’on la surnommerait Lee’s Building Society. Pendant les 30 premières années de son administration, la Western Canada Building Society, qui fut transformée en une société d’épargne et de crédit en 1874, prit un essor impressionnant. Cependant, au cours de la crise des années 1890, Lee et ses associés durent reconnaître qu’elle ne pourrait pas survivre facilement par ses propres moyens. La chute des taux d’intérêt, des bénéfices et des valeurs immobilières, couplée à l’accroissement de la concurrence des nouveaux prêteurs, les compagnies d’assurances par exemple, rendaient une rationalisation nécessaire. On discuta d’abord d’un plan de fusion avec une société plus petite, la Freehold Loan and Savings Company, mais John Herbert Mason, de la Canada Permanent Loan and Savings Company, proposa de fusionner sa compagnie avec la Western Canada, la Freehold Loan et la London and Ontario Investment Company. La fusion eut lieu à la fin de 1899 et Lee devint directeur général de la nouvelle société, la Corporation permanente d’hypothèques du Canada et du Canada occidental.

Lee avait appartenu en 1869 au conseil d’administration provisoire de la Dominion Bank [V. James Austin*]. Il était peut-être un protégé du constructeur John Worthington, contemporain de son père et seul homme à appartenir à la fois au conseil d’administration de la banque et de la Western Canada Building Society. Lee ne fut pas élu au conseil permanent de la banque en 1871 mais demeura actionnaire. En outre, il fut membre du conseil d’administration de la Confederation Life Assurance Company et de la St Lawrence Foundry, et il participa en quelque manière à la Toronto and Nipissing Railway Company [V. George Laidlaw*]. En 1879, notamment avec John Jacob Withrow*, il forma l’Industrial Exhibition Association de Toronto, ancêtre de l’Exposition nationale canadienne ; il serait membre du conseil d’administration jusqu’à sa mort en 1902. Ainsi qu’il convenait à un notable comme lui, il fut président de l’institut des artisans de Toronto en 1880–1881.

La compétence de Lee en matière financière l’aida beaucoup à se tailler une place dans la vie publique. Membre du Public School Board à compter de 1868 et président en 1874–1875, il s’occupa surtout, semble-t-il, du comité de finance. Le Public School Board devint financièrement indépendant du conseil municipal pendant qu’il en était membre. Il appartint aussi au conseil d’administration du Toronto Collegiate Institute, dont il fut président de 1882 à 1885. En 1877 et à compter de 1879, il fut membre du conseil d’administration du Toronto General Hospital à titre de représentant de la municipalité, et de président à compter de 1889. Là aussi, sa connaissance de la finance et de l’immobilier se révéla précieuse. La dotation de l’hôpital était investie dans des immeubles dont beaucoup étaient en mauvais état. En 1886, le marchand de musique Richard Brooking Butland légua à l’hôpital des propriétés encore plus délabrées. Lee, un des deux fiduciaires nommés pour les gérer, convainquit le conseil d’émettre des débentures au lieu de vendre les immeubles, ce qui permit à l’hôpital de conserver son investissement immobilier.

Quand Lee mourut, en 1902, d’une pneumonie typhoïde, c’était un homme riche. Outre une grande maison rue Jarvis et une ferme à Lambton Mills (Etobicoke), il possédait d’importantes propriétés immobilières, tant commerciales que résidentielles, à Toronto et en banlieue. À la fin des années 1880, par exemple, il avait loti le secteur est de Toronto autour de l’avenue Lee. Apparemment, il spéculait avec l’argent d’autrui. Ses 55 acres dans ce qui allait devenir la chic banlieue de Forest Hill et ses lots à bâtir dans Parkdale sud était grevés de lourdes hypothèques. On ignore dans quelle mesure il avait investi dans des terres de l’Ouest, mais il vendit sa dernière propriété du Manitoba à la veille de son décès.

La mort de Walter Sutherland Lee plongea ses contemporains dans le deuil. Le Monetary Times écrivit à son sujet : « Constant dans ses affaires comme une pièce de mécanisme, soucieux de l’intérêt public dans ses diverses activités, toujours jovial, bienveillant et franc en quelque compagnie qu’il fût, il semblait vraiment une partie intégrante de la communauté. » Anglican et conservateur, il avait aussi été grand maître de la King Solomon’s Masonic Lodge.

Philip Creighton

AO, RG 22, Ser. 305, no 15189.— Daily Mail and Empire, 2 janv. 1897, 2e cahier : 1.— Globe, 6 janv. 1902.— Monetary Times, 5 févr. 1886 : 888s. ; 10 janv. 1902 : 885.— World (Toronto), 6 janv. 1902 : 2.— Annuaire, Toronto, passim.— Canada Permanent Mortgage Corporation, The story of the Canada Permanent Mortgage Corporation, 1855–1925 ([Toronto], 1925).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Centennial story : the Board of Education for the city of Toronto, 1850–1950, E. A. Hardy et H. M. Cochrane, édit. (Toronto, 1950), 112–119.— C. K. Clarke, A history of the Toronto General Hospital [...] (Toronto, 1913), 107–114.— Commemorative biog. record, county York.— W. G. Cosbie, The Toronto General Hospital, 1819–1965 : a chronicle (Toronto, 1975), 119–120.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— Dominion Bank, Fifty years of banking service, 1871–1921 : the Dominion Bank, [O. D. Skelton et al., compil.] (Toronto, 1922).— Toronto, Board of Trade, « Souvenir ».

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Philip Creighton, « LEE, WALTER SUTHERLAND », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lee_walter_sutherland_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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