LEDINGHAM, JOHN, mécanicien de marine et homme d’affaires, né le 14 octobre 1846 à Kintore, Écosse, deuxième des sept enfants de John Ledingham et d’Agnès Allan ; le 19 juillet 1877, il épousa à Newton upon Ayr, Écosse, Anna Maria Brown Rogers, et ils eurent huit enfants ; décédé le 25 juillet 1897 à St John’s.

John Ledingham vint pour la première fois à Terre-Neuve en février 1875, à titre de représentant et mécanicien d’un constructeur de navires d’Ayr, en Écosse. Celui-ci avait construit le vapeur Leopard pour la flotte terre-neuvienne de chasse au phoque, et Ledingham venait le livrer à son propriétaire, Walter Grieve*. Peu après son mariage, en 1877, il immigra à Terre-Neuve en compagnie de sa femme. D’après une photographie prise alors qu’il était dans la force de l’âge, c’était un homme vigoureux, aux traits anguleux, à la chevelure sombre, à l’air résolu et assuré.

Peu après son arrivée à St John’s, Ledingham commença à travailler en tant que contremaître et mécanicien en chef à la fonderie et chaudronnerie de la McTaggart and Gemmel, qui avait été établie en 1875 à l’extrémité est de la ville, en bordure du port. (Auparavant, McTaggart et Hugh Gemmel avaient travaillé à la fonderie de Charles James Fox Bennett* à Riverhead.) Ledingham était aussi mécanicien en chef des vapeurs terre-neuviens qui servaient à la chasse au phoque. En 1878, McTaggart se retira et Gemmel continua d’exploiter seul la fonderie. On appelait généralement cette usine la fonderie et chaudronnerie Terra Nova. Après la mort de Gemmel, en 1888, Ledingham acheta les installations à la succession du défunt avec l’aide de plusieurs propriétaires de navires de St John’s. La fonderie Terra Nova était la grande rivale de l’usine de moteurs et de chaudières Victoria, propriété de James Angel* et de son gendre Alexander D. Brown, qui étaient associés sous le nom de James Angel and Company. Ledingham et Angel se disputaient la remise en état des vapeurs qui entraient dans le port de St John’s ; ils effectuaient ces travaux dans le port et dans le bassin de radoub ainsi que dans leurs propres ateliers. Apparemment, leurs deux entreprises jouissaient d’une excellente réputation en matière de réparations d’urgence sur les navires transatlantiques, et ce genre de travail constituait une part importante de leur activité. Ils fabriquaient aussi des chaudières et des pièces de moteur pour toutes sortes d’usines, d’immeubles et d’installations de Terre-Neuve.

Malgré la concurrence serrée qu’ils se livraient, Ledingham et Angel collaboraient dans certains secteurs, surtout lorsqu’il s’agissait de fixer les salaires et conditions de travail de leurs employés. En 1891, ils convinrent de réduire les salaires en annulant les clauses d’engagement qui, depuis 1875, assuraient aux hommes affectés à des travaux d’extérieur la journée de neuf heures au lieu des dix heures habituelles et une « prime de salissure » de 0,20 $ par jour. Les ouvriers se plaignaient d’abus dans le régime d’apprentissage et de ce que les employeurs payaient arbitrairement à l’heure ou à la pièce, selon leur convenance. En juillet 1891, les employés des deux fonderies firent une grève qui se solda probablement par un échec pour eux, mais cinq ans plus tard, ils réussirent à former un syndicat.

Dès la fin des années 1880, Ledingham était à la tête des gens de sa profession. Il n’avait que 41 ans lorsque, en janvier 1888, il reçut, en qualité de mécanicien en chef des vapeurs de chasse au phoque, une grosse montre en or avec chaîne de la part des « mécaniciens du port ». Le 21 mai 1892, le feu ravagea son atelier et son entrepôt ; on estime les pertes à 14 500 $. Ce malheur survint quelques semaines à peine avant l’incendie qui rasa des quartiers entiers de St John’s. Malgré tout, l’entreprise reprit ses activités.

Vers 1895, Ledingham possédait des intérêts dans plusieurs concessions minières de l’île Bell, dans la baie Conception, de l’anse de Bryant à l’anse Ochre. Il s’occupa activement de les exploiter, mais elles ne figurent pas dans l’inventaire de sa succession ni sur la carte gouvernementale des concessions minières.

Anna Maria Ledingham mourut de « langueur » en juin 1895, et deux ans plus tard, à l’âge relativement précoce de 50 ans, son mari succomba à la consomption. Il laissait huit enfants de 4 à 16 ans. À des fins d’homologation, sa succession fut estimée à 60 552,65 $ ; l’actif de la fonderie Terra Nova représentait 40 % de cette somme, 37 % était constitué d’assurance-vie et le solde se composait de propriétés immobilières, d’effets personnels et d’épargnes bancaires. Trois ans après sa mort, un groupe d’hommes d’affaires terre-neuviens aurait acheté la fonderie au prix de 30 000 $, soit 4 000 $ de moins que ce que Ledingham avait payé. Cependant, l’acte notarié indique que le prix de vente ne fut que de 9 000 $, ce qui laisse croire que la fonderie n’était pas aussi prospère que le déclaraient les journaux et les documents de la succession ou que, avec l’accord des exécuteurs testamentaires, elle fut vendue à moins que sa valeur marchande. Une fois réalisée, la succession de Ledingham ne se chiffra qu’à 37 464,41 $. En 1908, la fonderie fusionna avec la firme de James Angel ; quatre ans plus tard, la Reid Newfoundland Company [V. sir Robert Gillespie Reid*] absorbait le tout. À l’époque, cette société était probablement l’entreprise industrielle la plus importante de l’île car elle possédait le chemin de fer de Terre-Neuve, le service de vapeurs, le bassin de radoub et de vastes terrains.

Bien qu’il soit mort relativement jeune, John Ledingham, mécanicien, propriétaire de fonderie et spéculateur minier, eut une vie professionnelle et familiale bien remplie. Ses collègues mécaniciens le tenaient en haute estime. Membre actif de l’église presbytérienne St Andrew et de la St Andrew’s Society, il appartenait aussi au temple maçonnique. Comme le disait la notice nécrologique du Daily News, il était « l’un des mieux connus et des plus populaires, à juste titre, des citoyens de St John’s ».

John L. Joy

L’auteur souhaite reconnaître l’aide reçue de Robert T. Templeton de St John’s, un descendant du sujet, qui a consenti à une entrevue et lui a donné accès à divers documents et objets de famille en sa possession, notamment la montre offerte à John Ledingham en 1888 et des photographies de Ledingham et de son épouse.  [j. l. j.]

St Andrew’s Presbyterian Church (St John’s), Reg. of deaths (mfm aux PANL).— Supreme Court of Newfoundland (St John’s), Registry, letters of probate for the estates of Hugh Gemmel, 17 juill. 1888, et John Ledingham, 4 août 1897.— T.-N., Registry of Deeds, Companies and Securities (St John’s), Deed of conveyance, Newfoundland District, 17 : fo 95.— Daily News (St John’s), 26, 28 juill. 1897.— Evening Mercury (St John’s), 1er févr. 1882.— Evening Telegram (St John’s), 19 juin 1895, 26 juill. 1897.— G.-B., General Registry and Record Office of Shipping and Seamen, The mercantile navy list and maritime directory (Londres), 1876 ; 1880.— Nfld. directory, 1877 : 7.— St. John’s directory, 1885–1886 : 83, 86, 117.— P. K. Devine, Ye olde St. John’s, 1750–1936 (St John’s, 1936).— J. L. Joy, « The growth and development of trades and manufacturing in St. John’s, 1870–1914 » (thèse de m.a., Memorial Univ. of Nfld., St John’s, 1977), 150–156.

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John L. Joy, « LEDINGHAM, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ledingham_john_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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