LECLÈRE (Leclerc), PIERRE-ÉDOUARD, notaire, surintendant de police, homme d’affaires, né à Montréal le 10 février 1798, fils de Pierre Leclère, dit Lafrenaye, marchand, et de Marie-Anne Bourg, décédé à Montréal le 5 mai 1866.

En 1813, Leclère commença son stage de clerc chez Louis Chaboillez* mais, à la suite du décès de celui-ci en juillet de la même année, il se joignit à l’étude du notaire Jean-Marie Mondelet* puis, en 1819, à l’étude du notaire André Jobin*. Après avoir travaillé avec « ces trois maîtres », il obtint avec quelques difficultés une commission de notaire en 1825. Il avait épousé, le 10 janvier 1820, Josephte, fille de Jean-Baptiste Castonguay, trafiquant, qui lui donnera 17 enfants.

Dans les décennies qui précèdent l’Union, une offensive fondamentale pour s’assurer la loyauté de la population oppose les parlementaires patriotes et l’administration. Le récit de l’intervention des Patriotes est connu mais les réseaux d’encadrement et de sympathie pro-gouvernementaux le sont moins. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la carrière de Pierre-Édouard Leclère. Devenu surintendant de la police à Montréal en 1830 avec obligation de réorganiser la police, Leclère se fait le champion de l’ordre et des lois. Il voit son mandat renouvelé au moment de la reconnaissance juridique de la ville en 1832 et préside à l’organisation d’un corps policier à Montréal. Sa juridiction s’étend à tout le district de Montréal. Dans les années troublées qui suivent, Leclère manifeste ouvertement son opposition « aux effets immoraux et désorganisateurs des mesures recommandées par les orateurs des assemblées populaires », en particulier les conseils pernicieux donnés par les Patriotes de pratiquer l’importation clandestine.

Leclère, qui les a établies, participe aux entreprises d’infiltration qui sont commandées par l’entourage du gouverneur et qui visent le parti patriote, les grandes assemblées publiques et les Fils de la liberté. En 1838, disposant de l’autorité d’un juge de paix et de celle d’un commissaire des petites causes, il seconde le Conseil spécial qui gouverne le Bas-Canada, émet des mandats d’amener, signe les ordres de perquisition, autorise les perquisitions policières au journal la Quotidienne et l’arrestation de son rédacteur François Lemaître. Sa juridiction dépasse les limites de Montréal comme en témoignent, entre autres documents, des mandats d’arrestation signés par Leclère contre des citoyens de Saint-Hyacinthe et de Saint-Jean. Il fait surveiller en particulier les villages frontaliers.

Grâce à un vaste réseau d’informateurs, qui constitue une véritable police secrète, et à un système de récompenses, Leclère fait espionner des individus et transmet ses informations au secrétaire du gouverneur, Dominick Daly, et au procureur général, Charles Richard Ogden. Il lui est aussi possible de suivre les mouvements d’aller et retour entre le Canada et les États-Unis puisqu’il contrôle l’émission des laissez-passer pour les États-Unis. Les délateurs, à. son service, poussent l’audace jusqu’à s’infiltrer dans les milieux des réfugiés canadiens aux États-Unis. Félix Poutré*, journalier de Saint-Jean, sera chargé en 1838 de l’une de ces missions d’information.

Avec John Jones comme associé, Leclère devient propriétaire du Canadian Spectator en 1826 et de l’Ami du peuple, de l’ordre et des lois de 1832 à 1836. Il fonde, en 1835, le Journal du commerce qui dure moins d’un an. À l’Ami du peuple, Leclère fait équipe avec Joseph-Vincent Quiblier*, supérieur des sulpiciens et directeur « non officiel » du journal. Sa vaste connaissance des événements de 1837–1838 en fera un commissaire compétent à la commission des indemnités. En 1840, il fixe sa demeure à Saint-Hyacinthe où il exerce sa profession de notaire jusqu’en 1859 et remplit la charge de magistrat « stipendiaire » jusqu’en 1843.

Convaincu qu’une ligne de navigation constituait le complément indispensable à la construction des voies ferrées, Leclère devient actionnaire de la Société de navigation de la rivière Richelieu en 1845 (la Compagnie du Richelieu en 1848) et son président en 1850 [V. Jacques-Félix Sincennes*]. Actif au niveau régional dans la société d’agriculture, il sera président de la Société d’agriculture du Bas-Canada.

Jean-Louis Roy

APC, MG 30, D62, 28, pp.158–292.— ASSH, A, F, Fonds Pierre-Édouard Leclère.— Ivanhoë Caron, Inventaire des documents relatifs aux événements de 1837 et 1838, conservés aux Archives de la province de Québec, ANQ Rapport, 1925–1926, 216s. ; Papiers Duvernay conservés aux Archives de la province de Québec, ANQ Rapport, 1926–1927, 152s.— Fauteux, Patriotes, 115s.— C.-P. Choquette, Histoire de la ville de Saint-Hyacinthe (Saint-Hyacinthe, Québec, 1930).— Hist. de la corporation de la cité de Montréal (Lamothe et al.), 110s.— F.-J. Audet, Pierre-Édouard Leclère (1798–1866), Cahiers des Dix, 8 (1943) : 109–140.

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Jean-Louis Roy, « LECLÈRE (Leclerc), PIERRE-ÉDOUARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leclere_pierre_edouard_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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