LEBLANC, AUGUSTIN, menuisier, sculpteur, doreur et entrepreneur, né à Yamachiche, Bas-Canada, le 11 mars 1799, fils d’Étienne Leblanc, agriculteur, et de Marie Tessier ; le 9 février 1830, il épousa à Saint-Grégoire (maintenant partie de Bécancour, Québec) Julie Hébert ; décédé à Saint-Hugues, Québec, le 26 février 1882.
On ne sait rien sur l’enfance et la formation d’Augustin Leblanc. Il est à supposer cependant qu’il fit son apprentissage de menuisier et de sculpteur avec quelque artisan de passage dans sa région ou établi à Yamachiche. Il a pu apprendre son métier et travailler à la boutique de Joseph Milette, sculpteur, à moins qu’il n’ait servi en qualité d’apprenti pour le fils de celui-ci, Alexis*, de six ans son aîné. Cet apprentissage a pu se faire sur le chantier de l’église Sainte-Anne, où des travaux se sont poursuivis de façon intermittente de 1815 à 1858.
Pendant son apprentissage, Leblanc semble s’être adonné à la dorure sur bois. Du moins est-ce dans ce domaine qu’il commence sa carrière en procédant seul en 1831, et en compagnie de Damase Saint-Arnaud l’année suivante, à la dorure du décor intérieur de l’église de Bécancour. En 1832, il entreprend également le même travail dans l’église de Saint-Grégoire, village où il semble d’ailleurs être installé. Sa carrière prend de l’ampleur lorsqu’il passe un marché, en 1833, avec la fabrique de la paroisse Saint-Pierre, à William Henry (Sorel), afin de « faire achever et décorer l’intérieur de l’église » en sa qualité de maître sculpteur.
La renommée aidant, Leblanc réalise quelques grands ensembles. À Deschaillons, il installe, en 1835, une voûte sculptée, et, au village des Grondines (Saint-Charles-des-Grondines), il effectue à partir de 1841 le décor de l’église. Mais Leblanc travaille toujours d’après les plans d’un architecte. Ainsi, avec Alexis Milette, il avait commencé, en 1839, la décoration intérieure de l’église de Baie-du-Febvre (Baieville, Québec), d’après les plans de Thomas Baillairgé*. Ce dernier lui fournit encore en 1843 les plans nécessaires à son travail à l’église de Saint-Zéphirin. À Saint-Denis, sur le Richelieu, Leblanc exécute en 1844 la voûte de l’église, selon des plans attribués au curé de la paroisse. En 1850, c’est Victor Bourgeau qui les lui prépare pour l’agrandissement de l’église de Saint-Grégoire.
À quelques occasions, Leblanc agit en tant qu’entrepreneur d’édifices de moindre importance. Ainsi, en 1835, il travaille à la construction d’un presbytère en pierre, à Saint-Denis, sur le Richelieu, et à celle de la première chapelle de Saint-Aimé (Massueville, Québec). En 1836, on lui confie l’érection du manoir seigneurial dans ce village et on lui en fournit les plans. Après sa contribution à l’agrandissement de l’église de Saint-Grégoire, dont le chantier, ouvert en 1850, traîne quelque peu en longueur, il se fait plus discret. On le retrouve à Saint-Hugues en 1872 où, jusqu’en 1880 au moins, il œuvre au décor intérieur de l’église, selon des plans de Bourgeau, et travaille à la voûte et au presbytère. Mais, déjà en 1875, apparaît le nom d’Augustin Leblanc fils qui semble prendre la relève de son père. Cependant sa carrière ne paraît pas durer longtemps, car on perd sa trace après la mort de Leblanc.
Augustin Leblanc se définit, de par son œuvre, comme un entrepreneur d’ouvrages de sculpture sur bois. Bien qu’il travaille d’après les plans des architectes en vue de son époque, d’abord Thomas Baillairgé puis Victor Bourgeau, il ne se révèle pas un grand sculpteur. D’ailleurs, son apport personnel dans des ensembles qu’il réalise avec plusieurs apprentis ou associés ne se perçoit pas clairement. Toutefois, à l’instar d’André Paquet*, dit Lavallée, d’Alexis Milette et des frères Joseph et Georges Héroux, Leblanc, par son travail, a permis à l’architecte de se dégager du chantier. C’est cette génération d’entrepreneurs artisans qui met fin à la confusion qui régnait jusque-là entre le maître d’œuvre et l’architecte, entre l’exécutant et le créateur. Cela annonce évidemment l’ère industrielle, où la technologie nouvelle et le goût du jour mettront au rancart cette industrie familiale et artisanale dont l’objectif consistait à faire œuvre d’art.
AC, Saint-Hyacinthe, État civil, Catholiques, Saint-Hugues, 1er mars 1882.— ANQ-MBF, État civil, Catholiques, Sainte-Anne (Yamachiche), 11 mars 1799.— AP, Saint-Grégoire (Nicolet), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 9 févr. 1830.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, 1, 15 68/884 ; 2, L445.2/A923.8/1–4.— J.-E. Bellemare, Histoire de la Baie-Saint-Antoine, dite Baie-du-Febvre, 1683–1911 (Montréal, 1911), 213–218, 603–605.— Napoléon Caron, Histoire de la paroisse d’Yamachiche (précis historique) (Trois-Rivières, 1892).— Azarie Couillard-Després, Histoire de Sorel de ses origines à nos jours (Montréal, 1926), 188.— O.-M.-H. Lapalice, Histoire de la seigneurie Massue et de la paroisse de Saint-Aimé (s.l., 1930), 154–156, 425–428.
Luc Noppen, « LEBLANC, AUGUSTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leblanc_augustin_11F.html.
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Auteur de l'article: | Luc Noppen |
Titre de l'article: | LEBLANC, AUGUSTIN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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