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LEARMONTH, OKILL MASSEY, fonctionnaire et officier, né le 20 février 1894 à Québec, fils de William Learmonth, sténographe, et de Martha Jane Richardson ; décédé le 19 août 1917 en France.
Les 20 premières années d’Okill Massey Learmonth furent sans histoire, semble-t-il. Fils unique, il étudia dans sa ville natale, d’abord à la St George’s School, puis à la Québec High School. Ses études terminées, il travailla à la Banque Union du Canada, ensuite dans un domaine privé de l’île d’Anticosti et, enfin, à Québec, au département du Trésor. Le 11 mars 1914, il fut élu membre de la Société littéraire et historique de Québec.
La Première Guerre mondiale modifia profondément toutefois l’existence de Learmonth et y mit abruptement un terme. Ce dernier avait acquis une certaine expérience de la vie militaire, puisqu’il avait servi durant deux ans dans la milice canadienne, et le 29 septembre 1914, moins de deux mois après le début des hostilités, il s’enrôlait dans le Corps expéditionnaire canadien et était versé au 12e bataillon d’infanterie. Quelques jours plus tard, il quittait le Canada pour l’Angleterre à bord du Scotian. Suivirent l’entraînement dans la plaine de Salisbury et le débarquement en France, en 1915, avec le 2e bataillon d’infanterie auquel il avait été muté.
Learmonth combattit comme simple soldat et caporal jusqu’au 15 juin 1916. Durant cette période, son bataillon prit part à la guerre des tranchées et à divers engagements à Ypres (Ieper, Belgique), Festubert et Givenchy-lez-La-Bassée, en France. De violents combats l’attendaient en particulier dans le saillant d’Ypres où, selon l’historien de cette unité, il fut « virtuellement détruit ». Au mois de juin 1916, dans le seul secteur de l’Observatoire, le bataillon perdit plusieurs officiers, sous-officiers et soldats ; le nom de Learmonth figurait sur la liste des blessés. Promu officier, le lieutenant Learmonth revint alors à Québec passer quelques semaines dans sa famille, puis retourna au combat.
L’année 1917 fut également très difficile pour les divisions canadiennes. Les assauts de la crête de Vimy, le 9 avril, du village de Fresnoy-en-Gohelle, le 3 mai, et de la cote 70, le 15 août, mirent particulièrement à l’épreuve le 2e bataillon. L’assaut de la crête de Vimy constituait à cette date l’opération la plus importante des troupes canadiennes sur le sol français. Les quatre divisions du Corps d’armée canadien y participèrent. La tâche la plus ardue, celle d’effectuer une avance de près de deux milles et demi sur l’aile droite, échut à la 1re division. Learmonth commandait alors la compagnie no 3 du 2e bataillon auquel fut confiée, ainsi qu’à d’autres unités de la Ire brigade d’infanterie, la responsabilité de s’emparer des lignes avancées bleue et brune. L’opération, malgré une résistance farouche des Allemands, fut couronnée de succès.
Le rôle que joua Learmonth à Fresnoy-en-Gohelle est plus connu. Ce petit village situé au sud de Vimy avait l’avantage d’offrir une bonne vue des flancs de la ligne reliant Oppy à Méricourt, sur laquelle s’étaient retirés les Allemands le 13 avril, d’où un intérêt stratégique certain pour les Alliés. Trois unités de la 1re brigade d’infanterie furent désignées pour s’en emparer. Aux 1er et 3e bataillons d’infanterie échut la tâche de nettoyer les bois avoisinants, au 2e celle de l’attaquer de front. Une fois que la compagnie de tête eut pris d’assaut la tranchée allemande barrant la route, Learmonth, devenu major intérimaire et commandant de compagnie, réussit avec ses hommes, malgré un feu nourri, à se frayer un chemin jusqu’aux habitations situées à droite de l’agglomération. Tout en faisant plusieurs prisonniers, il parvint bientôt à réduire au silence de nombreuses poches de résistance, à traverser le village et à atteindre l’objectif final situé à l’est de ce dernier.
« Pour [son] remarquable courage et [son] sens du devoir », Learmonth reçut la Croix militaire le 14 août 1917. « Se retrouvant l’officier le plus haut gradé du bataillon sur les lieux après avoir atteint l’objectif final d’une attaque, lit-on dans la citation, il prit la situation en charge avec une grande habileté, dirigea le renforcement [des positions] et alla lui-même en reconnaissance sous un feu nourri. »
Dans son journal personnel, le lieutenant-général sir Arthur William Currie* a écrit que la bataille de la cote 70 « fut la plus dure à laquelle le Corps d’armée ait participé ». Il n’en fut pas autrement pour le 2e bataillon. Cette pente dominant la ville de Lens donna lieu à une importante attaque du corps canadien et à plusieurs contre-attaques allemandes. La contre-attaque du 18 août 1917, au nord de la carrière de craie, porta surtout sur les compagnies no 3 et no 4 commandées respectivement par les majors Learmonth et Frank R. Spence. Bien que blessé sérieusement, Learmonth réussit au cours du combat à se tenir sur le parapet de sa tranchée, à lancer des grenades et à diriger ses hommes. « Plusieurs fois, note l’historien Gerald William Lingen Nicholson, il attrapa des bombes ennemies et les rejeta avec un effet mortel. Quand il ne put plus se battre à cause de ses blessures, il continua à donner ses instructions à ses officiers subalternes. » Transporté à l’hôpital, mais non sans avoir exigé d’aller rendre compte de la situation à ses supérieurs, il expira le lendemain, 19 août 1917. Il fut inhumé au cimetière français de Nœux-les-Mines, près de Béthune. Sa conduite héroïque au cours de cette bataille lui valut la croix Victoria, la plus haute distinction militaire britannique.
En France comme au Canada, on pleura la mort du major Okill Massey Learmonth. Aux yeux de ses compagnons d’armes, il était l’incarnation du « type idéal de l’officier ». Courageux, prévenant, leader accompli, il était supérieur dans toutes les sphères de l’activité régimentaire. Pour de nombreux Québécois, il était rien de moins que le plus grand héros que leur ville ait fourni au Corps expéditionnaire canadien. C’est ainsi que ces derniers voulurent qu’en son honneur une avenue de Québec fut dénommée Learmonth, ce qui fut fait le 1er octobre 1920. L’lmpérial Order Daughters of the Empire donna quant à lui son nom à un de ses chapitres.
AN, RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 5489.— ANQ-Q, CE1-66, 3 mai 1894 ; CE1-67, 14 août 1888.— Literary and Hist. Soc. Arch. (Québec), L1, C1, 2 (reg. of elected members, 1822–1922).— L’Action catholique (Québec), 23 août 1917.— L’Événement, 23 août 1917.— Le Soleil, 23 août 1917.— Guide odonymique de la ville de Québec, 1608–1988 (Québec, [1989]).— London Gazette, 14 août, 6 nov. 1917.— C. G. Machum, Canadas V.C.’s ; the story of Canadians who have been awarded the Victoria Cross [...] (Toronto, 1956).— W. W. Murray, The history of the 2nd Canadian Battalion (East. Ontario Regiment), Canadian Expeditionary Force, in the Great War, 1914–1919 ([Ottawa], 1947).— Nicholson, CEC.— P.-G. Roy, les Rues de Québec (Lévis, Québec, 1932).— Thirty Canadian V.C.s : 23rd April 1915 to 30th March 1918 (Londres, [1918 ?]).— Valiant men : Canada ‘s Victoria Cross and George Cross winners, John Swettenham, édit. (Toronto, 1973).
Jacques Castonguay, « LEARMONTH, OKILL MASSEY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/learmonth_okill_massey_14F.html.
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Auteur de l'article: | Jacques Castonguay |
Titre de l'article: | LEARMONTH, OKILL MASSEY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |