LEAKE, Sir JOHN, amiral de la flotte, commodore du convoi de Terre-Neuve et gouverneur temporaire en 1702, né en 1656 à Rotherhithe dans le comté de Kent, second fils du capitaine Richard Leake et de Christian Hill, fille du capitaine Richard Hill, décédé le 21 août 1720 à Greenwich, inhumé à Stepney.

Durant les premières années de sa carrière, Leake avait participé à plusieurs opérations des forces navales. Capitaine du Dartmouth en 1689, il prit part à la libération de la ville assiégée de Londonderry. Peu après la déclaration de la guerre de Succession d’Espagne, il fut nommé capitaine de l’Exeter et, en 1702, commodore du convoi de Terre-Neuve. Il avait reçu ordre d’évaluer la force des Français et l’état de leurs forts à Terre-Neuve, d’attaquer leurs ports de pêche et leurs navires en mer, et de prêter main-forte aux commandants en chef de la flotte de pêche anglaise. Nommé gouverneur temporaire et commandant en chef des forces terrestres de Terre-Neuve, Leake prit la mer à Plymouth le 22 juillet 1702, à la tête de cinq vaisseaux de ligne de 50 canons, de deux galères de 32 canons, d’un brûlot et d’un sloop. Le 26 août, en arrivant à la baie des Taureaux (Bay Bulls), il apprit la présence de deux vaisseaux français en chargement à la baie des Trépassés (Trepassey Bay) et de deux navires de guerre ennemis à l’ancre à Plaisance (Placentia). Sur ces entrefaites, quatre voiliers inconnus ayant été aperçus, Leake donna ordre au Montague et au Lichfield de les poursuivre. Trois d’entre eux, qui étaient français, furent capturés. Sans attendre, Leake s’était dirigé, avec le reste de la flotte, vers la baie des Trépassés où, le 29 août, des compagnies de débarquement furent envoyées à terre avec mission de chasser les Français et de brûler les maisons, les entrepôts et les claies qui servaient au séchage du poisson. Leake poursuivit le voyage jusqu’à Saint-Jean où il fut rejoint, le 19 septembre, par l’Assistance dont l’équipage avait, dans l’intervalle, détruit le port et les établissements de l’île Saint-Pierre [V. Le Gouès]. D’autres navires de l’escadre étaient aussi à l’œuvre de sorte que, quand vint le mois d’octobre, 51 navires français avaient été coulés ou capturés et plusieurs établissements saccagés.

Le Board of Trade and Plantations avait demandé à Leake des rapports sur diverses questions. Comme l’avaient signalé les prédécesseurs de Leake, les commodores Fairborne et Graydon, les gens de Terre-Neuve ne tenaient aucun compte de la loi de 1699 sur le commerce des pêcheries à Terre-Neuve, ce dont on s’inquiétait beaucoup au Board of Trade. On avait donc demandé à Leake de recourir aux « meilleurs remèdes [...] en vue d’empêcher des infractions », comme celles de faire du commerce illicite avec la Nouvelle-Angleterre et d’inciter les marins anglais à quitter les pêcheries.

Dans un long rapport, Leake signala les problèmes habituels : les commandants de la flotte de pêche se montraient injustes quand ils avaient à trancher des différends ; il n’y avait pas de clause dans la loi de 1699 stipulant les mesures à prendre pour faire respecter le règlement ; les Terre-neuviens passaient les longs hivers dans l’oisiveté et la « débauche » et l’on pouvait constater les effets néfastes de l’alcool vendu en grande quantité dans les auberges et les cantines. Il remarqua toutefois que la bière à base d’épinette et de mélasse était plus saine et moins chère que la bière à base de malt. Sans se plaindre de mauvais traitements de la part de leurs officiers, les soldats de la garnison du fort William étaient très mécontents de leur maigre salaire. L’ingénieur Michael Richards les obligeait à travailler aux fortifications au salaire de six pence par jour et leur moral était bas, ce qui était bien compréhensible si l’on considère qu’ils se trouvaient à Terre-Neuve depuis longtemps déjà sans grand espoir de retourner en Angleterre. Manquant de vivres et de vêtements, plusieurs désertaient, probablement vers Plaisance. Leake mentionna également un barrage temporaire qu’il avait fait construire pour protéger le port de Saint-Jean contre une attaque possible, bien qu’il ne fût pas convaincu que la population locale resterait pour défendre le port, le cas échéant. Sur les pêcheries françaises, Leake ne fut pas en mesure de donner beaucoup de renseignements, mais il fit remarquer que les pêcheurs français utilisaient un sel à la fois moins cher et plus efficace que celui dont se servaient les Anglais.

De retour en Angleterre, Leake fut promu contre-amiral en décembre 1702, puis vice-amiral en mars 1703. Fait chevalier en février 1704, il prenait part, la même année, à la prise de Gibraltar, sous les ordres de l’amiral Rooke. Il se distingua d’une façon particulière en portant secours à la garnison anglaise lors du siège subséquent du « Rocher » par les Espagnols et les Français. Leake fut promu amiral en janvier 1708 et amiral de la flotte en décembre de la même année, tandis que son fils, le capitaine Richard Leake, était nommé commodore du convoi de Terre-Neuve en 1713.

Peu de temps après la mort de la reine Anne, Leake tomba en défaveur auprès du gouvernement qui se montra très mesquin quand vint le moment de lui verser une pension. Il se retira alors dans une villa qu’il avait fait construire à Greenwich.

On l’a décrit comme « un homme vertueux, humain et valeureux, l’un des plus grands amiraux de son époque ». On peut voir un portrait de Sir John Leake peint par Kneller dans le Painted Hall du Royal Naval College de Greenwich et un autre au Guildhall de Rochester.

Michael Godfrey

[Il ne faut pas confondre Sir John Leake avec Andrew Leake, capitaine du Hampshire, qui fut envoyé à Terre-Neuve en 1699 à titre de commandant en chef des forces terrestres.  m. g.]— [Stephen Martin Leake], The life of Sir John Leake rear-admiral of Great Britain, Geoffrey Callender, édit. (2 vol., « Navy Records Soc. », LII, LIII, Londres, 1920), I : 99–104 (son service à Terre-Neuve) ; II : 462–466 (chronologie de sa carrière).— PRO, Adm. 51/325 (captain’s log of H.M.S. Exeter) ; C.O. 194/2 ; CSP, Col., 1702 ; B.TJournal, 1708/09–1714/15, 602 (Richard Leake’s answers, 1713).— Charnock, Biographia navalis, II.— DNB.— Lounsbury, British fishery at Nfld., 215s.— Prowse, History of Nfld.

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Michael Godfrey, « LEAKE, sir JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leake_john_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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