LE BLANC, GUILLAUME-MARIN, prêtre catholique, né le 5 avril 1836 à Arichat, Nouvelle-Écosse, fils de Pierre Le Blanc et de Barbe Martel ; décédé au même endroit le 12 janvier 1907.

Guillaume-Marin Le Blanc était le descendant d’Acadiens de Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse, qui avaient été déportés à Philadelphie et avaient fini par s’établir à Arichat, au Cap-Breton. Il vint tard à la prêtrise. Il avait quitté l’école tôt pour soutenir sa mère veuve. Pendant plusieurs années, il travailla dans un magasin de nouveautés à Halifax, ce qui lui permit de mettre assez d’argent de côté pour poursuivre ses études. Après avoir fréquenté le St Francis Xavier College d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, puis le grand séminaire de Québec de 1863 à 1865, il fut ordonné le 22 avril 1866, probablement à Arichat. Le Blanc, qui parlait français, anglais et gaélique, œuvra à Cape North et à Ingonish avant de retourner dans la province de Québec en 1867. Il enseigna deux ans au petit séminaire de Sainte-Thérèse, après quoi il rentra en Nouvelle-Écosse.

En août 1869, Le Blanc fut affecté à la nouvelle paroisse de River Bourgeois, petit village acadien situé près d’Arichat. Il la desservit durant plus de huit ans tout en exerçant parfois son ministère dans les localités environnantes. À la fin de 1877, il apprit qu’il était muté à Port Felix, mais il donna à Mgr John Cameron trois raisons pour ne pas partir : la paroisse de River Bourgeois avait une lourde dette, il ne voulait plus prendre d’autre cure et il ne croyait pas pouvoir satisfaire ses nouveaux paroissiens. Voyant qu’il s’obstinait, Cameron, qui ne souffrait aucune contestation de la part de ses prêtres, lui adressa une sévère réprimande et suspendit ses autorisations. De guerre lasse, Le Blanc accepta de quitter River Bourgeois. Après avoir réussi à se faire acquitter d’accusations d’irrégularités dans l’administration de certaines sommes, il fut muté à Cow Bay (Port Morien), où il resta du 10 mars au 3 novembre 1878. Finalement, en décembre, il s’installa à Port Felix, mais à peine neuf mois plus tard, il fut nommé dans une nouvelle paroisse, Saint-Joseph-du-Moine, à Friar’s Head (Cap Le Moine). Il y était depuis un peu plus de deux mois lorsque, le 16 novembre 1879, Mgr Cameron bénit la nouvelle église.

Dans l’espoir de former une élite acadienne, Le Blanc s’efforça d’améliorer l’instruction offerte à ses paroissiens de Saint-Joseph-du-Moine. Il fit construire et aménagea un couvent de trois étages, et veilla à ce que les religieuses y donnent des cours en anglais et en français et préparent les élèves à entrer à l’école normale de la province. Il ouvrit au presbytère une petite bibliothèque où ses paroissiens trouvaient des livres en français. De plus, il encourageait les garçons à poursuivre leur formation ; une bonne partie de ses économies allait au paiement de leurs études, et il racheta même ses polices d’assurance pour les aider.

Désireux de faire avancer la cause acadienne, Le Blanc assista au congrès national des Acadiens qui se tint à Church Point en 1890. Il retourna à cet endroit l’année suivante pour rencontrer et encourager les Eudistes qui y étaient venus dans le but d’ouvrir un établissement d’enseignement supérieur [V. Jean-Marie Gay]. Il quitta sa paroisse en 1892. Par la suite, le sénateur acadien Pascal Poirier* fit allusion à un conflit que Le Blanc avait eu avec ses supérieurs ecclésiastiques et qui pourrait avoir causé son départ. En 1880, Le Blanc s’était opposé à ce que le siège du diocèse soit transféré d’Arichat, où vivaient surtout des Acadiens, à Antigonish, localité formée par des Écossais des Highlands, parce que des fondations qu’il croyait avoir été léguées au bénéfice des Acadiens avaient suivi l’évêque. Poirier laissait entendre que Le Blanc, qui avait continué de critiquer ouvertement ses supérieurs, avait été forcé de prendre « l’amer chemin de l’exil ».

Dans les années qui suivirent son départ de Saint-Joseph-du-Moine, Guillaume-Marin Le Blanc se consacra à sa vieille passion, la généalogie des Acadiens. Il parcourut les Maritimes et le Québec, glanant des renseignements dans les registres paroissiaux. En outre, il rendit visite à des amis, fit des retraites spirituelles, et alla peut-être en Europe et en Terre sainte. Apparemment, en 1904, on avait oublié les circonstances qui l’avaient amené à s’exiler de la Nouvelle-Écosse, ou on avait passé l’éponge, car le 1er mars de cette année-là, il fut affecté à St Francis Harbour. Sept mois plus tard, il devint premier vicaire à Lower River Inhabitants, où il resta jusqu’à sa retraite, en août 1905. Il retourna à Arichat pour travailler à un ouvrage de généalogie sur les Acadiens, mais la mort l’empêcha de le terminer. Il fit divers legs aux membres de sa famille, et donna le couvent (et son ameublement) aux religieuses qui l’occupaient ; le reste de sa succession alla aux eudistes pour la formation des garçons acadiens. Selon Poirier, c’était un brave soldat « couvert de blessures et de meurtrissures reçues au service de Dieu et de la patrie » qui disparaissait.

Paulette M. Chiasson

Nous remercions le professeur Raymond A. MacLean, d’Antigonish, Nouvelle-Écosse, et Stephen A. White, du Centre d’études acadiennes, Univ. de Moncton, N.-B., pour l’aide qu’ils nous ont apportée.  [p. m. c.]

Arch. of the Diocese of Antigonish, A. A. Johnston file, ms sketches.— Centre d’études acadiennes, Fonds Placide Gaudet, 1.65-25, 1.71-25.— Richmond County Registry of Deeds (Archat, N.-É.), I-1 : 125–127.— ASQ, Fichier des anciens.— L’Évangéline, 2 avril 1896, 24 janv.–28 févr. 1907.— Le Moniteur acadien, 30 oct. 1891, 24 janv. 1907.— Allaire, Dictionnaire.— Éphrem Boudreau, Rivière-Bourgeois : paroisse acadienne du comté de Richmond, au sud du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse (Yarmouth, N.-É., [1984 ?]).— Le Canada ecclésiastique [...] (Montréal), 1901, 1903–1904.— F.-L. Desaulniers, les Vieilles familles d’Yamachiche (4 vol., Montréal, 1898–1908), 4 : 122.— A. A. Johnston, A history of the Catholic Church in eastern Nova Scotia (2 vol., Antigonish, 1960–1971).— R. A. MacLean, Bishop John Cameron : piety & politics (Antigonish, 1991).— [Alphonse Saulnier], Histoire commémorative, St-Joseph du Moine, 1879–1954 ([St-Joseph-du-Moine, N.-É.], 1954 ; exemplaire en possession de Rémi-Joseph Chiasson, d’Antigonish).

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Paulette M. Chiasson, « LE BLANC, GUILLAUME-MARIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/le_blanc_guillaume_marin_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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