LAURENT, PAUL, guerrier micmac, probablement décédé à La Hève (La Have, N.-É.) après 1763.
Comme Paul Laurent parlait l’anglais, on peut supposer qu’il a partagé la captivité de son père à Boston, Massachusetts, où ce dernier fut pendu à une date inconnue. On ignore tout de son retour en Acadie mais, entre 1753 et 1763, on le retrouve un peu partout en Nouvelle-Écosse. Il semble avoir été attaché à la mission de l’abbé Le Loutre* à Shubenacadie.
C’est dans le journal d’Anthony Casteel, un captif anglais, que l’on trouve une première mention de Paul Laurent. Il y est raconté que le 12 juin 1753 (ancien style), à Baie-Verte (N.-B.), Laurent voulut payer la rançon de Casteel fixée à 300#, avec l’intention de le scalper et ainsi venger la mort de son père. Casteel fut sauvé par un officier français et finalement racheté par un Acadien du nom de James Morrice (Jacques Maurice). Par la suite, ajoute Casteel, les autres Micmacs « sortirent de la maison, poussèrent Paul Laurent devant eux et le traitèrent fort mal ».
En janvier 1755, on retrouve Laurent à l’isthme de Chignectou où il est mêlé aux négociations de paix que Le Loutre a engagées avec le capitaine John Hussey, commandant du fort Lawrence (près d’Amherst, N.-É.). Laurent est envoyé en mission à Halifax avec le chef Algimou. Mais, en route, à Cobequid (près de Truro, N.-É.), il est arrêté par l’abbé Jean Manach, qui retient Algimou et envoie Laurent seul à Halifax avec, apparemment, des instructions spéciales. Le 12 février 1755 le Conseil de la Nouvelle-Écosse ayant déclaré exorbitantes les exigences des Micmacs, aucun accord n’est signé. L’été précédent, le conseil avait refusé à Le Loutre des conditions de paix à peu près identiques.
Après la chute du fort Beauséjour (près de Sackville, N.-B.) en juillet 1755, Laurent faisait partie, semble-t-il, du groupe de Micmacs de l’abbé Manach et participa, sous la direction de Charles Deschamps* de Boishébert, à la résistance acadienne. Au début de 1760, après la signature d’une capitulation par Manach, Laurent accompagna le missionnaire au fort Cumberland (autrefois fort Beauséjour). Le commandant du fort l’envoya alors à Halifax, probablement pour apporter la nouvelle de la paix.
En 1762 Paul Laurent est capitaine des Micmacs de La Hève, dont le chef, Francis Mius, a signé un traité de paix avec les Anglais le 9 novembre 1761. Un fait permet de penser que Laurent aurait joui d’un grand prestige auprès des siens : en juillet 1762, l’abbé Pierre Maillard, que les Anglais ont nommé agent du gouvernement auprès des Indiens, organise des pourparlers avec les Micmacs de La Hève et du cap Sable, mais la maladie l’empêche de s’y rendre ; sur les entrefaites, une Indienne commet un vol, et, vu l’absence du missionnaire, c’est aussitôt vers Paul Laurent que les autorités se tournent pour exercer la justice dans cette situation délicate. Après cette date, les documents n’offrent rien de précis sur Laurent. Mais on peut supposer qu’il accompagne les chefs de La Hève, dont Francis Mius, lorsqu’ils se présentent devant le gouverneur et le conseil le 22 août 1763 afin d’obtenir un successeur à l’abbé Maillard, décédé l’année précédente. S’il en est ainsi, on a raison de présumer que Laurent est mort dans sa tribu après 1763.
Farouche ennemi des Anglais, Laurent devint exemplairement pacifique après que les missionnaires eurent conseillé aux Micmacs, à l’automne de 1759, de faire la paix. Pour cette raison, sa carrière est particulièrement intéressante.
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Micheline D. Johnson, « LAURENT, PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laurent_paul_3F.html.
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Auteur de l'article: | Micheline D. Johnson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |