LARUE, PRAXÈDE (baptisé François-Xavier-Praxède), médecin et homme politique, né le 2 septembre 1823 à Saint-Antoine-de-Tilly, Bas-Canada, fils de Damase Larue, notaire, et de Marie des Anges Lefebvre ; le 2 mai 1859, il épousa à Saint-Augustin-de-Desmaures, Bas-Canada, Henriette Couture, et ils eurent huit enfants, dont cinq moururent en bas âge ; décédé le 29 novembre 1902 à Saint-Augustin-de-Desmaures et inhumé le 3 décembre dans le cimetière paroissial.

Contrairement à son père et à son grand-père, François-Xavier Larue*, Praxède Larue préféra la médecine au notariat à la fin de ses études au petit séminaire de Québec. Il obtint le certificat qui l’autorisait à pratiquer la médecine le 9 septembre 1844. Premier médecin à s’établir à Saint-Augustin-de-Desmaures, il se tailla dès son arrivée, la même année, une excellente réputation, car il n’hésitait pas à couvrir un territoire qui dépassait largement les limites de la paroisse pour porter secours aux malades. Préoccupé par les conditions sanitaires du milieu, il se fit l’un des promoteurs de la démolition des écuries nauséabondes et du macadamisage de la voie publique.

Jouissant de l’estime de ses concitoyens et du prestige de sa profession, Larue fut élu député conservateur de la circonscription de Portneuf à l’Assemblée législative de la province de Québec en 1867. Il fut réélu en 1871 et en 1875. Hygiène, colonisation des terres incultes, instruction publique, agriculture progressive et raisonnée constituèrent son programme. À titre de représentant d’une circonscription rurale, il s’intéressa particulièrement à l’agriculture et à la colonisation. Il partageait la conviction de plusieurs de ses contemporains qu’une colonisation intelligente et progressive assurerait la mise en valeur des richesses du pays, le mieux-être des colons et remédierait aux fléaux que constituaient l’émigration et l’exode vers les villes. Larue fut le président fondateur de la Société de colonisation du comté de Portneuf. Membre du comité permanent de l’agriculture, l’immigration et la colonisation, il présenta en Chambre dès la session de 1869–1870 une motion qui visait à donner instructions au dit comité « de s’enquérir des moyens les plus propres [...] à populariser la science de l’agriculture » afin d’aider la classe agricole et de faire les recommandations nécessaires.

Tout aussi préoccupé des questions d’hygiène publique, Larue, en tant que président du comité spécial de l’Assemblée législative sur les statistiques hygiéniques et mortuaires, demanda le rapport des enquêtes des coroners faites dans la province de Québec depuis la Confédération. Il fit adopter la loi sur les statistiques démographiques en 1875 et fit des recommandations sur les inhumations en temps d’épidémies. Au moment où un mouvement antivaccination, mené par le docteur Joseph Emery-Coderre*, tentait de s’imposer, il se porta à la défense de la vaccination obligatoire qu’il jugeait inutile de remettre en cause à la lumière de son expérience professionnelle. Il fut membre du comité spécial qui présenta le projet de loi, adopté en 1876, qui sanctionnait la création du Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec et qui fixait les conditions d’exercice de la profession médicale.

Homme aux idées conservatrices, Larue fit de fortes réserves sur l’introduction du scrutin secret que réclamaient les libéraux en 1875 ; il alléguait que la majorité des électeurs des circonscriptions rurales étaient indépendants, donc à l’abri de l’abus d’influence, et que c’était humiliant pour eux que de devoir voter secrètement. Le 26 février 1885, Larue fut nommé conseiller législatif pour la division de La Salle. Le Conseil législatif bénéficia de son expérience parlementaire jusqu’à sa démission le 29 juin 1896. Son cousin, Vildebon-Winceslas Larue, le remplaça à ce poste.

Larue était un homme cultivé qui manifesta un grand intérêt pour les lettres. À l’époque où il poursuivait sa formation médicale, il figura parmi les fondateurs de la Société canadienne d’études littéraires et scientifiques, fondée à Québec le 4 octobre 1843. Il fit partie de cette société jusqu’à sa mort. Son souci de la qualité de la langue fut souligné par ses contemporains qui le considéraient comme le député qui s’exprimait le mieux en Chambre.

Dans l’exercice de ses fonctions de médecin et d’homme politique, Praxède Larue fut perçu comme un homme modéré, énergique et indépendant. Il gagna le respect, l’estime et l’admiration de ses concitoyens qui lui rendirent un vibrant hommage le 17 février 1895 à l’occasion de son cinquantième anniversaire de pratique médicale.

Monique Leclerc-Larochelle

AC, Québec, État civil, Catholiques, Saint-Augustin-de-Desmaures (Québec), 3 déc. 1902.— ANQ-Q, CE1-17, 2 mai 1859 ; CE1-94, 3 sept. 1823.— L’Événement, 4 déc. 1902.— A[uguste] Achintre, Manuel électoral ; portraits et dossiers parlementaires du premier Parlement de Québec (Montréal, 1871 ; réimpr. 1871).— A[uguste] Béchard, Histoire de la paroisse de Saint-Augustin (Portneuf) (Québec, 1885).— « Chronique et Nouvelles scientifiques », l’Union médicale, 16 (1887) : 503.— M. Hamelin, Premières Années du parlementarisme québécois.— J. M[acP.] Le Moine, Saint-Augustin et son médecin : l’hon. Praxède Larue (Québec, 1895).— « Nouvelles médicales », l’Union médicale, 4 (1875) : 575.— Québec, Assemblée législative, Débats, 1867–1878 ; Statuts, 1867–1878.— P.-G. R[oy], « la Famille Larue », BRH, 45 (1939) : 65–71.— RPQ.— Gustave Turcotte, le Conseil législatif de Québec, 1774–1933 (Beauceville, Québec, 1933).

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Monique Leclerc-Larochelle, « LARUE, PRAXÈDE (baptisé François-Xavier-Praxède) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/larue_praxede_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    1 décembre 2024