LAPORTE, sir Hormisdas, homme d’affaires, homme politique et financier, né le 6 novembre 1850 à Lachine (Montréal), fils de Jean-Baptiste Laporte, meunier, et de Marie Jubinville ; le 14 janvier 1874, il épousa à Hochelaga (Montréal) Marie-Onésime-Mirza Gervais, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 20 février 1934 à Montréal et inhumé trois jours plus tard au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dans la même ville.

Hormisdas Laporte était âgé d’un an quand son père, alors commerçant, installa sa famille à Sault-au-Récollet (Montréal), dans une petite maison louée située sur le chemin longeant la rivière des Prairies, à proximité du site industriel de la digue des moulins. Hormisdas fit ses études primaires à l’école du village. Vers le milieu des années 1860, sa famille s’établit dans un secteur industrialisé de Montréal, près du canal de Lachine. Hormisdas devint ouvrier dans une ferronnerie, soit dans le même secteur d’activité que son père, alors coupeur de clous. Il travailla dans ce domaine jusqu’en 1870, tout en suivant des cours du soir.

Au printemps de cette année-là, Laporte fut engagé comme commis dans une épicerie à Montréal. Ce serait dans le commerce d’alimentation qu’il se taillerait une réputation d’homme d’affaires et, à l’instar de plusieurs commerçants canadiens-français, il réussirait par lui-même. Avec un capital modique qu’il avait accumulé, il acheta le fonds de commerce d’un magasin en faillite et, en 1870, mit sur pied une épicerie rue Saint-Bonaventure (Saint-Jacques), dans le quartier Saint-Antoine. En 1874, il se maria à la fille d’un gentilhomme à Hochelaga, petite municipalité industrielle située à l’est de Montréal où il déménagea son épicerie. Il la ferma après une année d’exploitation pour la réinstaller dans le quartier Saint-Antoine. En 1877, grâce au crédit fourni par une connaissance, il devint aussi grossiste en bois de chauffage.

Au tournant des années 1880, Laporte vendit son épicerie, dont il avait confié la gestion à sa femme et à sa sœur. En raison de la concurrence du charbon, il abandonna, en 1881, le commerce du bois de chauffage pour recentrer ses activités dans le secteur de l’alimentation en gros. L’année suivante, une somme de 3 000 $, accumulée depuis ses débuts en affaires, lui permit d’établir sa nouvelle entreprise rue Notre-Dame Ouest, dans le quartier Sainte-Anne. Ce commerce, qui changerait d’adresse à quelques reprises, connaîtrait des revenus croissants, qui passeraient d’environ 50 000 $ à 300 000 $ entre 1882 et 1885. En janvier 1888, avec le comptable Jean-Baptiste-Albert Martin et le commis Joseph-Octave Boucher, il forma la société de commerce en gros Laporte, Martin et Compagnie. Il s’occupait de l’approvisionnement, tandis que Martin veillait aux finances de l’entreprise. En mars 1890, les associés achetèrent un terrain rue Notre-Dame, où se trouvait une église méthodiste, en vue d’y déménager le commerce. Un magasin-entrepôt y fut bâti quelques mois plus tard au coût de 50 000 $ et ouvrit ses portes en septembre 1891. Afin d’assurer son essor, la compagnie recourut à des emprunts, notamment auprès des hommes d’affaires sir Donald Alexander Smith* et Robert Benny. Son expansion se poursuivit tant et si bien qu’au début des années 1890, le chiffre d’affaires atteignit un million de dollars. L’entreprise proposait des produits d’épicerie importés (de l’Europe, de l’Inde, des Caraïbes, de la Chine et du Japon), ainsi que des vins et d’autres boissons alcoolisées, qui représentaient une part substantielle des recettes.

En avril 1894, le magasin-entrepôt fut anéanti par un incendie, apparemment causé par des fils électriques. Comme le souligna un article paru le 27 avril dans la Patrie, le travail des pompiers fut vain : « À cause de la quantité considérable de boissons alcooliques que la maison contenait, les flammes se sont propagées avec une étonnante rapidité. » Pour ajouter au malheur des propriétaires, la valeur des dommages dépassait celle des biens assurés. Reconnu pour sa grande persévérance et sa capacité à financer ses projets, Laporte réinstalla son commerce dans des locaux loués au cœur du centre des affaires de Montréal, rue Saint-Pierre, au cours des semaines suivantes. Ce fut dans ce quartier que l’entreprise réalisa ses meilleures années. De 1890 jusqu’au milieu des années 1920, la compagnie, que Laporte dirigea seul à partir de 1904, connut en effet une période de forte croissance. En pleine poussée démographique, Montréal détenait alors le statut de métropole portuaire, ferroviaire, commerciale et financière du pays ; les occasions d’affaires étaient donc nombreuses.

En 1908, l’entreprise quitta la rue Saint-Pierre pour la rue Saint-Paul, à l’ouest de la rue McGill. Le magasin-entrepôt continuerait de prendre de l’expansion de façon telle que, en 1925, il occuperait tout le quadrilatère. Haut de sept étages, l’édifice de pierre et de brique abritait également un entrepôt frigorifique et des bureaux, et intégrait les technologies modernes : structure d’acier, éclairage et ascenseurs électriques, systèmes de ventilation et de protection contre les incendies, service téléphonique et autres. Au fil des ans, la sélection des produits offerts se diversifia. L’entreprise distribuait sa marchandise dans la région de Montréal et établit un réseau de succursales et d’entrepôts dans les provinces de Québec et de l’Ontario, ainsi que dans les Maritimes. Dans les années 1920, Laporte, Martin, Limitée (nom qu’avait pris la compagnie en 1913) était considérée comme l’une des quatre plus grandes épiceries grossistes au Canada.

Les changements de résidence de Laporte sont révélateurs de son ascension sociale. Du début des années 1880 jusqu’au milieu des années 1890, l’homme d’affaires habita à proximité de son lieu de travail, en face de l’église Saint-Joseph, rue Richmond. Il migra ensuite vers les quartiers salubres de la partie haute de la ville, près du mont Royal. À partir de 1910, il fut le propriétaire d’une maison cossue de la rue Dorchester Ouest (boulevard René-Lévesque).

Au commencement des années 1920, une concurrence accrue força les épiciers en gros à revoir leurs activités. D’un côté, l’instauration de la Commission des liqueurs de Québec en 1921, qui créa un monopole sur la vente des vins et des boissons alcoolisées, leur porta un dur coup. Selon un article que publierait le Devoir le 9 janvier 1926, l’entreprise encaissa des pertes qui avaient représenté, « à un ou deux mois d’avis, cinquante pour cent de son commerce ». De l’autre côté, l’émergence de chaînes d’épiceries ayant leur propre réseau d’approvisionnement fit perdre des revenus aux grossistes. Pour résoudre ces problèmes, Laporte commença à commercialiser des produits de marque maison, ainsi que des biens non alimentaires, tels que du mobilier et des accessoires de boucherie. En outre, il confia à son fils Joseph l’établissement, en 1927, des Magasins indépendants Victoria Limitée. Ce nouveau type de commerce d’alimentation, qui unissait un fournisseur avec des magasins affiliés, s’inspirait de l’Independent Grocers’ Alliance, créée aux États-Unis en 1926. Ces stratégies de diversification n’assurèrent pas la prospérité de l’entreprise et la croissance s’essouffla. En 1932, Laporte, Martin, Limitée fusionna avec Hudon, Hébert et Chaput Limitée [V. Charles Chaput*] pour devenir la compagnie Laporte-Hudon-Hébert Limitée.

Tout en poursuivant sa carrière, Laporte contribua par différentes actions à l’épanouissement du commerce et des intérêts économiques des Canadiens français. En décembre 1886, il avait été l’un des 135 fondateurs de la Chambre de commerce du district de Montréal, association francophone reconnue juridiquement en 1887. Il en assuma la présidence de 1894 à 1896. En 1892, le regroupement avait donné naissance à la Compagnie de téléphone des marchands de Montréal, dont Laporte fut administrateur. À titre de membre influent de la chambre de commerce, Laporte participa avec Alphonse Desjardins* à la fondation, en 1907, de l’École des hautes études commerciales de Montréal.

Les compétences et l’expérience de Laporte furent mises à profit à d’autres occasions. Ainsi, en décembre 1892, il avait été cofondateur de l’Alliance nationale, société de secours mutuel dont l’une des missions consistait à favoriser l’éducation économique, sociale, morale et intellectuelle de ses membres et des Canadiens français. Constituée juridiquement en février 1893, l’Alliance nationale visait à fournir une aide financière aux membres en difficulté et à verser une indemnité à leurs héritiers en cas de décès. Elle se distinguait par son utilisation de l’assurance-vie comme un capital dont pourraient disposer des Canadiens français pour développer leurs entreprises. La première assemblée eut lieu le 11 décembre 1892, dans le sous-sol de l’église Saint-Joseph. Le premier président honoraire fut Mgr Édouard-Charles Fabre*, archevêque de Montréal. Chaque fondateur versa 100 $ en vue de constituer un fonds commun. En mettant en place son système de mutualité, l’Alliance nationale, qui s’appuyait sur une stratégie d’enracinement locale, fut pionnière au Canada français et réussit à faire contrepoids aux sociétés d’assurance-vie contrôlées par des intérêts étrangers. Laporte en occupa la présidence de 1892 à 1902, période pendant laquelle la mutuelle connut une importante expansion. Entre-temps, en juillet 1900, Laporte s’était engagé dans l’organisation de la Banque provinciale du Canada [V. Tancrède Bienvenu ; Alphonse Desjardins]. En raison de son caractère entreprenant et énergique, il fut élu au bureau de direction. De 1907 jusqu’à un mois avant son décès en 1934, il assuma la présidence de l’établissement qui, grâce à une stratégie concurrentielle, afficha une croissance exceptionnelle durant le premier quart du xxe siècle. Contrairement aux autres institutions financières, la Banque provinciale du Canada investissait environ la moitié de son capital dans des options d’achat, des obligations, des actions ou des bons, ce qui fut fort lucratif.

Laporte fut aussi actif sur la scène politique. Préoccupé par la saine gestion des affaires municipales, il se rallia au mouvement de réforme qui avait cours dans de grandes villes nord-américaines au tournant du xxe siècle. Amorcé par des membres de l’élite anglophone, dont plusieurs hommes d’affaires, et en particulier par Herbert Brown Ames*, industriel et philanthrope, le réformisme avait une influence limitée à Montréal. En 1895, l’adhésion de Laporte au mouvement incita les francophones à s’y intéresser. Les réformistes proposaient une gouvernance municipale moderne basée sur une saine gestion de la bureaucratie et, plus particulièrement, des finances publiques. Le contrôle de la dette publique, la lutte contre la corruption et l’élaboration d’une politique d’attribution des contrats transparente et avantageuse pour les contribuables formèrent les grands axes de leurs programmes.

Laporte fut nommé conseiller à Montréal en février 1897 dans le quartier Centre, en remplacement d’un conseiller municipal démissionnaire. Il présenta sa candidature pour le Parti conservateur dans la circonscription d’Hochelaga, mais ne parvint pas à gagner un siège de député aux élections provinciales du mois de mai. Il fut ensuite élu trois fois – en 1898, en 1900 et en 1902 – conseiller municipal, fonction qu’il occupa jusqu’à son accession à la mairie en 1904. Leader francophone du mouvement réformiste, qui souhaitait mettre un terme à la machine politique installée par le maire Raymond Préfontaine* (qui octroyait d’importants contrats de voirie d’une manière arbitraire en vue de préserver sa popularité) et maîtriser les dépenses publiques, il assuma, entre autres, la présidence du comité des finances de la ville de Montréal de 1900 à 1904, dont la mission était de surveiller plus étroitement les dépenses publiques et l’attribution des contrats. Une poignée de conseillers réformistes fut élue en 1898, puis le groupe s’élargit considérablement aux élections de 1900, où, avec 16 conseillers, il frôla la majorité. Sa popularité se maintint au scrutin de 1902, mais fléchit par la suite.

Laporte se porta candidat à la mairie de Montréal aux élections de l’hiver de 1904. La campagne électorale des réformistes lança le débat sur la municipalisation des services publics (transport collectif, électricité, gaz et téléphone) en dénonçant les grandes entreprises de services publics qui profitaient de lucratifs contrats, ce qui les plaçait en situation de monopole. Les journaux comme la Patrie et la Presse appuyèrent la candidature de Laporte, qui, le 1er février, fut élu avec une majorité écrasante de 12 500 voix. Son opposant, Ucal-Henri Dandurand*, le « candidat des trusts », comme le qualifierait Robert Rumilly* dans son Histoire de la province de Québec, ne récolta pas la moitié des votes obtenus par le vainqueur. Le jour suivant, la Patrie écrivit : « M. Laporte est l’élu de toutes les races et de toutes les classes, de l’Ouest, comme de l’Est, des libéraux comme des conservateurs. »

Les défis que souhaitaient relever Laporte et les réformistes du conseil étaient nombreux et concernaient, outre la bonification des services publics et la réduction de leur coût, la propreté des rues, l’amélioration des parcs et l’aide aux personnes affectées par des maladies contagieuses (notamment la tuberculose, qui faisait alors des ravages). Laporte assuma le poste de maire pour un mandat de deux années. À cause de problèmes de santé – pendant sa dernière année à la mairie, la maladie l’empêcha de participer aux assemblées du conseil municipal –, il ne se présenta pas aux élections de 1906. Une autre raison qui le motiva à se retirer de la politique montréalaise fut sa défense du principe tacite de l’alternance des maires anglophones et francophones. Dans son discours rédigé le 8 février 1906 à St Augustine, en Floride, où il était en convalescence, il rappela que les objectifs d’assainir les finances municipales et d’accroître les revenus de la municipalité furent atteints grâce à l’annexion de la municipalité de Villeray et des villes populeuses de Saint-Henri et Sainte-Cunégonde. Au cours de son mandat, plus de 40 000 habitants furent ainsi ajoutés à la population montréalaise. Pour lui rendre hommage, en janvier 1907, le conseil municipal changea le nom de l’avenue du Parc, dans l’ancienne municipalité de Saint-Henri, pour celui de Laporte. Le 20 février 1934, dans la Presse, Joseph-Étienne Gauthier, greffier de la ville, dirait que Laporte fut « un maire digne et compétent. Il connaissait les affaires municipales mieux que tous ceux qui l’entouraient, et comme administrateur des finances il avait toujours une opinion sensée. Dans la vie municipale, c’est une très grande figure. »

Laporte resta très actif au sein du mouvement réformiste montréalais à titre de membre de l’Association des citoyens, qui regroupait les réformistes en 1909 et en 1910. Les efforts de ceux-ci conduisirent à la commission royale pour faire enquête générale et complète sur l’administration des affaires de la cité de Montréal, présidée en 1909 par le juge Lawrence John Cannon*. Les révélations compromettantes de corruption du rapport d’enquête sur les conseillers municipaux en place favorisèrent les candidats réformistes. Le 1er février 1910, ces derniers prirent le pouvoir à l’hôtel de ville avec une majorité de conseillers et le maire James John Edmund Guerin. Le jour suivant, dans la Patrie, Laporte commenta l’élection en se réjouissant, entre autres, du rapprochement entre les deux communautés linguistiques : « L’Association des Citoyens qui voulait une administration saine et progressive a pu faire passer ses candidats avec de fortes majorités. Ce résultat sera fort apprécié par les hommes d’affaires des deux nationalités, qui, unis dans un même but, le progrès de Montréal ne se sont pas arrêtés au cri de race qu’on lançait contre les candidats du parti de la Réforme-municipale. Comme citoyen de Montréal et comme Canadien-Français, je suis heureux de constater que mes compatriotes, en cette circonstance, ont donné aux Canadiens d’une autre race et d’une autre langue, un exemple de tolérance et de conciliation. Je suis convaincu que les élus d’aujourd’hui feront de Montréal une des villes les plus prospères de l’Amérique. »

Ce passage des réformistes à l’hôtel de ville de Montréal se solda par un échec. La municipalité continua à connaître des problèmes financiers et les conditions de vie de plusieurs citadins demeurèrent précaires. Sur le plan économique, la stratégie annexionniste fut finalement un miroir aux alouettes : l’intégration des villes suburbaines endettées éleva le fardeau fiscal des contribuables. Laporte et les réformistes laissèrent néanmoins comme héritage une vision de la gestion municipale favorable à la séparation des pouvoirs exécutif et politique. L’exécutif relevait, à partir de 1910, du nouveau Bureau des commissaires [V. Lawrence John Cannon], tandis que le conseil conservait ses prérogatives législatives. Amateur de pêche, Laporte possédait une résidence d’été à Dorion (Vaudreuil-Dorion), où il avait été conseiller municipal de 1891 à 1894 et de 1901 à 1904, ainsi que maire en 1904.

Au cours de sa carrière, Laporte sut mettre ses talents d’administrateur à profit à plusieurs occasions. Il devint juge de paix en 1885. En 1895, il était membre de la Commission du havre de Montréal. Nommé gouverneur à vie de l’Hôpital Général et de l’hôpital Notre-Dame, il géra plusieurs entreprises montréalaises, dont la Compagnie d’assurance sur la vie La Sauvegarde, le journal la Patrie et le Crédit foncier franco-canadien. Il fut en outre administrateur de la Canadian Northern Railway Company et président de la Dominion Wholesale Grocers’ Guild. À la demande des conservateurs, il fit partie de la War Purchasing Commission [V. sir Albert Edward Kemp*] dès sa création, le 8 mai 1915. Il en fut aussi président du 10 novembre 1917 au 31 juillet 1920. Réputé pour sa droiture et son intégrité, Laporte, à qui le gouvernement canadien confia le contrôle de dépenses colossales, dut assurer une gestion transparente de l’organisme et éviter le favoritisme. À la suite de l’armistice, il démissionna de son poste, qu’il assumait sans rétribution.

Le sens de l’engagement social et politique de Laporte lui mérita plusieurs distinctions. En 1910, Laporte obtint un doctorat en droit honoris causa de la McGill University en guise de reconnaissance pour sa contribution à la réforme de l’administration municipale de Montréal. En récompense de services rendus, le 13 novembre 1917, il fut nommé membre du Conseil privé de Londres, et ce, même s’il ne fut jamais ministre ou député. L’année suivante, George V lui décerna, pour services exceptionnels, l’ordre du Bain. Le 26 juin, Laporte est de plus créé chevalier.

Homme d’affaires respecté, décrit dans la Patrie, au lendemain de son élection à la mairie, comme un « citoyen distingué, [...] un honnête homme qui s’est loyalement dévoué au bien public », Laporte s’est aussi engagé dans différentes causes sociales. De 1903 à 1906, il fut membre de la Commission des écoles catholiques de Montréal et de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Montréal. Pendant plusieurs années, il assuma différentes fonctions (trésorier, président) au sein d’œuvres charitables de la paroisse Saint-Joseph, avec laquelle il conserva toujours des liens étroits. De 1905 à 1907, il présida l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Son réseau de relations dépassa largement la région de Montréal, comme en témoigne son appartenance à des cercles d’Ottawa et de New York.

Veuf depuis l’âge de 62 ans – sa femme disparut le 29 mars 1913, à 58 ans –, Laporte travailla jusqu’à sa mort, à 83 ans. Son décès fut également précédé de celui de sa fille. À ses funérailles, célébrées en l’église Saint-Léon, à Westmount, des centaines de dignitaires et de personnalités lui rendirent hommage. Politiciens locaux, provinciaux et fédéraux, sénateurs, dirigeants d’entreprises, banquiers et commerçants évoquèrent toutes les sphères auxquelles il fut associé au cours de sa vie professionnelle plus que bien remplie.

La carrière de sir Hormisdas Laporte ressembla à celle de nombreux bourgeois de son époque. Laporte connut d’abord du succès dans le secteur de l’alimentation en gros, puis il diversifia ses relations d’affaires. Tout naturellement, il investit le champ public, où il prit la haute fonction de maire de Montréal. Même si Laporte côtoya les grands noms de la finance canadienne-française, il établit des liens avec des réformistes anglophones et il tenta de transformer une gouvernance municipale gangrenée par le clientélisme. Bien que le mouvement réformiste ne fut pas exempt de contradictions – les relations étroites avec les milieux d’affaires expliquèrent sans doute la timidité de certaines mesures et l’échec de la lutte contre les trusts –, la réelle et sincère contribution de Laporte fut reconnue. Même infructueuse, la bataille contre les monopoles des services publics dénota la distance que l’homme d’affaires devait prendre en regard du bien public.

Claire Poitras

Guy Mongrain et Sébastien Darchen ont effectué des recherches pour cette biographie.

BAC, R233-32-7, Canada-Est, dist. Montréal (18), sous-dist. Sault aux Récollets (239) : 65.— BAnQ-CAM, CE601-S2, 14 janv. 1874 ; CE601-S8, 9 nov. 1850 ; CN601-S301, 12 janv. 1874.— Bureau de la publicité des droits (Québec), Greffes, W. H. Cox, 24 août 1910 ; Rosaire Dupuis, 2 avril 1941 ; G. R. W. Kittson, 20 mars 1890 ; Moïse Longtin, 20 janv. 1886 ; William de Montmollin Marler, 4 déc. 1891 ; J.-A. Pérodeau, 20 mars 1933 ; E. H. Stuart, 16 juill. 1894.— VM-SA, VM6, D026.27 (dossier Hormisdas Laporte) ; R3571 (dossier Avenue Laporte).— L’Album universel (Montréal), 24 mai 1902, 6 févr. 1904.— Le Canada (Montréal), 9 janv. 1906.— Le Devoir, 15 août 1925 ; 9 janv. 1926 ; 1er août 1928 ; 20, 22–23 févr. 1934.— Gazette (Montréal), 17 déc. 1920.— Le Monde illustré (Montréal), 5 mai 1894.— Le Moniteur du commerce (Montréal), 8 avril 1910.— La Patrie, 27, 30 avril 1894 ; 10 juill. 1900 ; 2 févr. 1904 ; 3 janv. 1905 ; 12 févr. 1906 ; 2–3 févr. 1910.— La Presse, 12 févr. 1902, 11 déc. 1920, 22 févr. 1934.— Annuaire, Montréal, 1850–1934.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Gabrielle Cloutier, « Hormidas Laporte (1850–1934) : une petite maison, un grand homme », Cahiers d’hist. du Sault-au-Récollet, no 4 (automne 1993) : 8–10.— Michèle Dagenais, la Démocratie à Montréal : de 1830 à nos jours (Montréal, 1992) ; Des pouvoirs et des hommes : l’administration municipale de Montréal, 1900–1950 ([Montréal et Kingston, Ontario], 2000).— [Gaspard Dauth et J.-A.-S. Perron], le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle [...] (Montréal, 1900).— Annie Desaulniers, « le Secours mutuel en transformation : l’Alliance nationale (1892–1948) » (mémoire de m.a., univ. du Québec à Trois-Rivières, Québec, 2002).— J.-C. Lamothe, Histoire de la corporation de la cité de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours [...] (Montréal, 1903).— Linteau, Hist. de Montréal.— C.-V. Marsolais et al., Histoire des maires de Montréal (Montréal, 1993).— Newspaper reference book.— Québec, Assemblée nationale, « Histoire » : www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/index.html (consulté le 8 oct. 2010).— Fernande Roy, Progrès, Harmonie, Liberté : le libéralisme des milieux d’affaires francophones de Montréal au tournant du siècle (Montréal, 1988).— Ronald Rudin, Banking en français : the French banks of Quebec, 1835–1925 (Toronto, 1985).— Rumilly, Hist. de Montréal, vol. 4.— [Télesphore Saint-Pierre], Histoire du commerce canadien-français de Montréal, 1535–1893 (Montréal, 1894).

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Claire Poitras, « LAPORTE, sir HORMISDAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laporte_hormisdas_16F.html.

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Auteur de l'article:    Claire Poitras
Titre de l'article:    LAPORTE, sir HORMISDAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2018
Année de la révision:    2018
Date de consultation:    1 décembre 2024