LANGMAN, EDWARD, ministre de l’Église d’Angleterre et fonctionnaire local, né en 1716, fils de John Langman, de Totnes, Angleterre ; marié et père d’une fille ; décédé en 1784 à St John’s, Terre-Neuve.

Après avoir obtenu en 1739 un baccalauréat ès arts du Balliol College, Oxford University, Edward Langman reçut les ordres et fut nommé vicaire à St Ive, dans le comté de Cornwall. En 1750, il fit un voyage à St John’s, probablement avec la flotte de pêche, et exerça le ministère à cet endroit durant l’été. Il fit bonne impression sur les habitants et, en décembre, ceux-ci obtinrent de la Society for the Propagation of the Gospel qu’il fût désigné pour succéder au précédent missionnaire, William Peaseley*. La Society for the Propagation of the Gospel lui accorda un traitement de £50 par année et les habitants de St John’s donnèrent à entendre qu’ils lui verseraient également une aide financière.

Arrivé à St John’s en mai 1752, Langman entreprit d’y desservir les 40 familles appartenant à l’Église d’Angleterre. Il officiait tous les dimanches, prêchant le matin et le soir ; il célébrait l’eucharistie quatre fois par année et en plus récitait des prières les mercredis et vendredis de carême. Il fit une série de tournées missionnaires, dont la première eut lieu en 1759 alors qu’il passa deux semaines à Placentia. L’année suivante, il visita Renews, Fermeuse et Ferryland, et il se rendit à la baie de Bulls et à celle de Witless en 1761. À ces deux derniers endroits, il constata avec une vive émotion que « les quelques protestants [étaient] menacés même dans leur vie », les catholiques n’étant empêchés de les attaquer que par la « crainte du pouvoir civil ».

L’invasion de Terre-Neuve par les Français en 1762 [V. Charles-Henri-Louis d’arsac de Ternay] causa de lourdes pertes à Langman qui se fit dérober£ 130 durant l’occupation de la ville. Pour comble de malheur, sa femme mourut en couches à la même époque, et seul le fait qu’il était lui-même gravement malade lui permit de ne pas être chassé de la ville avec les autres protestants. Il fut incapable de rétablir sa situation financière ; comme ses paroissiens n’avaient pas mis de maison à sa disposition, il trouvait difficile de vivre « d’une manière passablement convenable » avec le peu d’argent qu’ils lui donnaient. Par deux fois en 1763, il demanda à la Society for the Propagation of the Gospel de le nommer ailleurs ; il poursuivit néanmoins ses visites de missionnaire en se rendant à Trinity pendant l’été de 1764. Cependant, tout le monde n’appréciait pas ses mérites : plusieurs marchands, lassés par ses demandes de secours financier, pourtant justifiées, et par la critique qu’il faisait de leurs agissements, adressèrent en 1765 une pétition à la Society for the Propagation of the Gospel afin de le dénoncer comme un homme « immoral, ivrogne, désagréable ». Le gouverneur Hugh Palliser et d’autres personnes réfutèrent ces accusations, mais Langman dut renoncer à l’espoir d’obtenir de ses ouailles une aide financière accrue. En 1768, il subit d’autres pertes lorsque toutes ses affaires, les vases sacrés et l’argenterie de l’église furent détruits par le feu. Il réussit à surmonter ces difficultés grâce aux fonds de la Society for the Propagation of the Gospel et à une concession de terrain que Palliser lui fit pour qu’il se construise une maison.

Langman estimait tout naturel que le protestantisme se rattache à l’Église d’Angleterre et il luttait contre tout ce qui était de nature à porter atteinte à cette unité. Il se montrait tout de même bienveillant envers les dissidents, les admettait à la communion et acceptait de baptiser leurs enfants. Toutefois, il n’accepta pas que s’établissent des ministres ou des congrégations de confession dissidente, craignant peut-être qu’ils ne fassent concurrence à son Église. Ainsi, en 1772, il protesta parce qu’un certain Garnett, qui se prétendait missionnaire de la Society for the Propagation of the Gospel, tenait des assemblées méthodistes ; en 1779, il se montra même hostile lorsque John Jones, « un simple soldat », tenta d’obtenir l’autorisation d’œuvrer en tant que ministre dissident.

En plus de ses fonctions religieuses, Langman joua un rôle actif au sein du système judiciaire qu’on était en train de mettre sur pied à St John’s. Nommé juge de paix en 1754, il fut le premier pasteur à occuper un tel poste. Il devint également, dès 1762, l’un des commissaires de la Cour d’assises et, en 1773, on reconnut sa compétence en le désignant à l’importante fonction de custos rotulorum (juge de paix en chef) de St John’s. Deux ans plus tard, il fut de nouveau impliqué dans une controverse quand il accusa de partialité et de parjure ses confrères de la magistrature. Lorsque ceux-ci s’en plaignirent au gouverneur John Montagu, Langman fut destitué, mais le gouverneur Robert Duff le rétablit dans ses fonctions l’année suivante.

En 1781, la nouvelle église anglicane de St John’s, dont la construction avait été amorcée par Langman en 1758, possédait un vaste portique, un clocher pouvant loger cinq cloches, ainsi qu’une belle horloge que le gouverneur Richard Edwards avait donnée. Cependant, Langman était en mauvaise santé ; à cause du climat rigoureux et de ses longues années de travail missionnaire, il souffrait de la goutte. En 1784, plusieurs marchands déplorèrent encore son comportement. C’est à la suite de leurs protestations et des lettres dans lesquelles lui-même se plaignait de sa goutte que Langman fut relevé de ses fonctions en janvier 1784. Il semble que certains griefs des marchands étaient fondés, car le successeur de Langman, Walter Price, trouva la mission mal tenue ; il signala que les morts n’avaient pas été ensevelis et qu’il n’y avait pas de vases sacrés pour l’administration des sacrements. Langman mourut à St John’s peu après sa mise en congé.

Durant les 32 années qu’il passa à Terre-Neuve en qualité de missionnaire, Edward Langman raffermit la présence de l’Église d’Angleterre à St John’s, et ses fonctions de juge de paix lui permirent d’améliorer la position semi-officielle que l’Église occupait dans l’île. Il introduisit ainsi la doctrine panprotestante de l’érastianisme (subordination de l’Église à l’État) qui domina l’Église d’Angleterre dans l’île jusqu’à la nomination de l’évêque Edward Feild* en 1844.

Frederick Jones

USPG, B, 6, nos 137, 141, 144, 147, 151, 152, 164, 171, 177, 188, 193, 201, 206, 214 ; Journal of SPG, 13 : pp.88–90, 199s. ; 14 : pp.18s., 120 ; 15 : pp.319s. ; 16 : pp.258–260, 505s. ; 17 : pp.62–64 ; 20 : pp.52–54 ; 22 pp.188–200 ; 23 : pp.263s.— Alumni Oxonienses ; the members of the University of Oxford, 1715–1886 [...], Joseph Foster, compil. (4 vol., Oxford et Londres, 1888). [C. F. Pascoe], Classified digest of the records of the Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, 1701–1892 (5e éd., Londres, 1895). Prowse, History of Nfd.

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Frederick Jones, « LANGMAN, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/langman_edward_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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