LANGLOIS, dit Germain, AUGUSTIN-RENÉ, libraire et officier de milice, né le 3 mai 1770 à Québec, fils de Louis Langlois, dit Germain, et de Catherine Sauvageau ; le 24 juin 1799, il épousa à Québec Marie-Josephte Laforce (Pépin, dit Laforce), et ils eurent un enfant ; décédé le 11 septembre 1852 à Château-Richer, Bas-Canada.
Le père d’Augustin-René Langlois, dit Germain, fut un des gros négociants de la ville de Québec après la Conquête. Au moment de son décès, il possédait de nombreuses propriétés immobilières, dont un commerce de gros rue de la Fabrique, un magasin de détail rue Saint-Jean et un autre à Saint-Cuthbert. Après des études au petit séminaire de Québec, de 1782 à 1791, Augustin-René demeura d’abord au service de son père. Puis, à la mort de ce dernier en 1798, il s’occupa de régler la succession sous la responsabilité des exécuteurs testamentaires et amis intimes de la famille, Mathew Lymburner et Jean-Antoine Panet*. Il ouvrit ensuite un commerce au 10, rue de la Fabrique, et obtint la licence de marchand le 25 avril 1800.
Dans le recensement paroissial de 1805, le curé donne le titre de marchand à Germain qui habite au 5, rue de la Fabrique. Dans celui de 1818, où il est dit qu’il demeure rue Sainte-Anne, de même que dans le Quebec directory de 1822 et de 1826, on le qualifie de libraire. En 1764, son père avait annoncé l’ouverture d’une bibliothèque circulante, la première dans la province ; il vendait par ailleurs des catéchismes, des neuvaines et des heures de vie par centaines aux curés. On ne saurait dire si Augustin-René vendit des livres avant 1815, année où il se trouvait à Londres afin de traiter avec Peter et William Wynne, qui avaient fait venir pour lui des livres de France. Ses achats, de l’ordre de plusieurs centaines de livres sterling, arrivèrent à Québec aux soins de l’imprimeur John Neilson* â la fin de l’été. Dans les premiers jours de septembre, un incendie brûla l’entrepôt qui contenait les livres, mais ceux-ci échappèrent au désastre. Le 2 novembre 1815, Germain annonça qu’ils étaient exposés au second étage de l’évêché, mais il ne réussit pas à vendre tout son stock.
En 1821, Germain publia un catalogue de livres comprenant 695 titres, français à 97 p. cent et latins pour le reste. De ce nombre, on comptait 262 ouvrages de religion, 177 de droit, ainsi que des livres de science et d’art, d’histoire et de belles-lettres. Le titre du catalogue précisait qu’il s’agissait de livres « nouvellement arrivés de France », en vente chez Germain à Québec et chez Joseph Roy à Montréal. Germain reçut une autre collection de livres importés l’année suivante et publia un second catalogue en 1826, à son retour d’un voyage d’affaires en France. Cette fois, les livres étaient à vendre à Montréal, non plus chez Roy mais chez Isidore Malo.
Ce catalogue devait être le dernier, puisque la Minerve du 29 décembre 1828 annonçait que le libraire montréalais Théophile Dufort avait acheté je stock des libraires Germain et Malo. Cela n’empêchera pas le magasin de la rue de la Fabrique d’abriter par la suite la Nouvelle Librairie et d’autres vendeurs de livres. Germain aurait donc été le premier libraire francophone à Québec, longtemps avant Joseph et Octave* Crémazie.
La vente de la librairie de Germain survint après la mort, en 1827, de son frère Pierre-Olivier, lequel était curé de Château-Richer et dont Germain devint cohéritier avec son frère Charles. Ce dernier mourut à son tour l’année suivante et Augustin-René se trouva alors seul héritier des propriétés de son père et de celles de son frère Pierre-Olivier. Ces dernières comprenaient une maison située sur une terre d’une lieue de profondeur en partant du fleuve, à Château-Richer, et un emplacement près de l’église. Germain était donc assuré de revenus qui lui permettraient de faire vivre décemment sa famille.
Germain poursuivit la tradition inaugurée par son grand-père et par son père en participant à la vie publique de Québec. Il fut membre durant 20 ans de la Société du feu et plusieurs fois appelé à siéger à son comité de la haute ville. Il se porta candidat dans la circonscription d’York aux élections de 1808, mais il fut défait comme son père l’avait été en 1792. Il répéta d’ailleurs cette expérience en 1832 dans Montmorency où il fut battu par Elzéar Bédard*. Promu major du 1er bataillon de milice de la ville et banlieue de Québec en 1808, il détenait le grade de colonel au moment de sa mort. La considération lui avait été reconnue par le titre d’écuyer, qu’il put ajouter à son nom à partir de 1808.
Germain quitta définitivement Québec après 1832 pour se fixer à Château-Richer où il se contenta d’administrer ses propriétés de la ville et celles de la côte de Beaupré. En 1844, sa santé lui causant quelque souci, il constitua comme procureur général spécial, pour lui et pour sa femme, l’avocat et député Amable Berthelot*.
Augustin-René Langlois, dit Germain, eut un seul enfant, Augustin-Hyppolite, né le 28 juillet 1805. Après avoir fréquenté pendant quelques années le petit séminaire de Québec, comme son père et ses oncles, il aurait étudié la médecine à Chicago. Sa mort prématurée, en 1829, n’empêcha pas son fils de porter le titre de « gentilhomme agriculteur » lors de son mariage à Château-Richer, grâce au dévouement du grand-père Augustin-René.
ANQ-Q, CE1-1, 3 mai 1770, 24 juin 1799, 28 juill. 1805 ; CE1-6, 14 sept. 1852 ; CN1-230, 23 juin 1799 ; P-193, 1–35.— APC, MG 24, B1, 187 : 2869–2873.— ASQ, C37–C43 ; Fichier des anciens.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 164.— Recensement de la ville de Québec en 1818 par le curé Joseph Signay, Honorius Provost, édit. (Québec, 1976), 258.— Le Canadien, 23 oct. 1822.— La Gazette de Québec, 2 nov. 1815.— La Minerve, 29 déc. 1828.— Catalogue de livres [...] à vendre chez M. Augustin Germain, à Québec, et chez M. Joseph Roi, à Montréal (Québec, 1821).— Catalogue de livres[...] à vendre chez Mr. Aug. Germain, à Québec, et chez Mr. Isidore Malo, à Montréal (Québec, 1826).— Quebec directory, 1822 ; 1826.— [Catherine Burke, dite de Saint-Thomas], les Ursulines de Québec, depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Québec, 1863–1866), 4 : 422.
Claude Galarneau, « LANGLOIS, dit Germain, AUGUSTIN-RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/langlois_augustin_rene_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
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