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LANGLEY, GEORGE, fermier et homme politique, né le 10 novembre 1852 à Saffron Walden, Angleterre, fils de James Langley et de Mary Ann Barker ; le 8 janvier 1876, il épousa à Stoke Newington (Londres) Ellen Hales, et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé le 26 août 1933 près de Maymont, Saskatchewan.
George Langley étudia à Saffron Walden, puis se maria à l’âge de 23 ans. Il quitta la vie rurale pour aller travailler à Londres, sur les quais et dans les affaires. Radical, travailliste et orateur populaire, il fut l’un des premiers membres de la Fabian Society, organisation socialiste. Au début de 1893, la famille partit courageusement pour les Territoires du Nord-Ouest afin de tenter sa chance dans l’agriculture. Langley était un colon inexpérimenté et « loin d’être un expert de la conduite des bœufs », comme le rappelait son fils John Victor ; le premier hiver fut « rude », mais les Langley persévérèrent. Après s’être installés au nord de Saskatoon, d’abord près d’Osler et ensuite à Rosthern, ils s’établirent dans la région de Maymont. Vers 1896, le député libéral de la région, Thomas Osborne Davis, engagea Langley comme adjoint de campagne électorale. C’est apparemment par l’entremise de Davis que ce dernier obtint un poste subalterne d’agent des terres, en 1903, dans la colonie fondée par Isaac Montgomery Barr. À cette époque, Langley faisait déjà partie d’un groupe qui défendait les intérêts des agriculteurs. Vers 1902, il s’était joint à la branche locale de la Territorial Grain Growers’ Association à Rosthern, puis devint membre de l’influente Saskatchewan Grain Growers’ Association (SGGA) en 1906.
Thomas Walter Scott, premier à porter le titre de premier ministre de la Saskatchewan, était connu pour son aptitude à recruter ses collaborateurs dans le secteur agricole, ce qui lui permettait de sentir le pouls de la région. Il attira deux membres clés de la SGGA vers la politique : Langley et William Richard Motherwell*, fermier de la région d’Abernethy. Les deux hommes sortirent victorieux des premières élections générales, le 13 décembre 1905. Langley ne remporta son siège dans la circonscription de Redberry que par une faible majorité de 108 voix, mais il serait réélu en 1908, en 1912 et en 1917 avec une majorité toujours croissante. De l’avis de tous, « cet Anglais barbu et trapu », comme le décrivait Hopkins Moorhouse, était un orateur fascinant. « Il laissait une très forte impression dans l’esprit de tous ceux qu’il rencontrait », écrivit son fils, et il « possédait un grand sens de l’humour et une personnalité charismatique ».
Bien que simple député, Langley devint un lien important entre la SGGA et le gouvernement. Les agriculteurs se plaignaient que les grandes entreprises propriétaires d’élévateurs à grain, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et la Winnipeg Grain and Produce Exchange, menaçaient leur survie parce qu’elles les empêchaient d’obtenir des conditions avantageuses pour l’expédition et la vente du grain [V. Henry Oscar Partridge*]. En 1908, Scott choisit Langley pour négocier avec l’Interprovincial Council of Grain Growers au sujet des installations d’entreposage en Saskatchewan. La SGGA, dont Langley fut un des membres du conseil d’administration de 1910 à 1917, penchait pour un système comparable à celui du Manitoba, où le gouvernement achetait des élévateurs pour les mettre au service des agriculteurs. Scott, qui croyait que, financièrement, son gouvernement ne pouvait pas se permettre une telle solution, créa en 1910 une commission royale pour étudier la question. Composée de Langley, de Robert Magill* et de Frederick William Green*, secrétaire-trésorier de la SGGA, cette commission recommanda la fondation d’une coopérative, ce que préconisait Scott mais qui ne reçut pas d’emblée l’appui des membres de la SGGA. Langley et Green réussirent à les convaincre et la loi qui prévoyait la création de la Saskatchewan Co-operative Elevator Company fut promulguée le 14 mars 1911. En juillet, Langley en fut élu le premier vice-président. En 1912, il devint membre du conseil d’administration d’une autre coopérative, la Grain Growers’ Grain Company Limited.
Scott continua à recourir aux services de Langley, dont les talents et les relations avec la communauté des agriculteurs aidèrent les libéraux à consolider leur pouvoir. Le 19 août 1912, il fut nommé ministre des Affaires municipales et responsable du Bureau of Public Health (mis sur pied en 1909). Il détiendrait le portefeuille jusqu’au 20 octobre 1921, secondé dans sa tâche par sa fille, Alice C., au poste de secrétaire. Pendant ces neuf années, il s’occupa consciencieusement des nouvelles questions liées à l’impôt et à l’administration rurale et urbaine, limita les largesses accordées par les municipalités aux industries (en 1913), réorganisa le système d’assurance contre la grêle et prit la défense de son commissaire à la santé, le docteur Maurice Macdonald Seymour. En 1913–1914, sa participation à une autre commission, qui portait cette fois sur la mise en marché en Europe des céréales produites au Canada, lui donna l’occasion de visiter son pays natal.
Au cabinet, Langley était l’un des ministres qui s’exprimaient le plus franchement et, grâce à lui, le parti pouvait mesurer la portée des critiques qu’il adressait à son chef. Une situation particulière s’envenima en 1915 : Murdoch Archibald MacKinnon, le pasteur presbytérien de Scott à Regina, s’éleva contre le gouvernement, qui semblait protéger le système scolaire catholique dans une modification apportée à la loi sur le financement des écoles. Scott et MacKinnon s’attaquèrent mutuellement par l’entremise des journaux ; à l’Assemblée, le 24 février 1916, le premier ministre traita durement le pasteur de « lépreux moral ». Langley intervint. Il conseilla vivement à Scott de modérer ses propos rhétoriques, car la querelle nuisait au parti.
Après la démission de Scott, en octobre 1916, Langley demeura au cabinet de William Melville Martin*, toujours aux Affaires municipales. Du 13 décembre 1918 au 15 février 1919, il fut également ministre intérimaire de l’Agriculture. Défait aux élections générales de juin 1921, il remporta celles tenues en août dans la circonscription de Cumberland. La même année, Martin l’expulsa du cabinet parce qu’il avait exercé des pressions sur un magistrat provincial. Il démissionna de l’Assemblée législative en 1922 et ne prit pas part aux élections de 1925. Les changements survenus dans ses relations avec son parti, si visibles en 1921, avaient commencé après la Première Guerre mondiale, pendant une période marquée par de mauvaises récoltes et des conditions financières difficiles. Les agriculteurs de la Saskatchewan s’étaient politisés et, au fur et à mesure que leurs alliances se brisaient, Langley et d’autres dirigeants de la SGGA se distancièrent, à partir de 1919, de la position des libéraux sur certaines questions. Par exemple, Langley remit en question l’adoption de la loi sur la prohibition par le gouvernement et, dès la fin de 1921, en donnant son appui à des baisses tarifaires et en faisant d’autres déclarations, il s’associa ouvertement au Parti progressiste, groupe de députés du milieu agricole dirigé par Thomas Alexander Crerar*.
George Langley continua à défendre activement les intérêts des producteurs de céréales. Partisan dévoué de la Commission des blés du Canada, il fut président de la Saskatchewan Co-operative Elevator Company à compter de 1921. Lorsque les élévateurs de cette société furent repris par la Saskatchewan Co-operative Wheat Producers (Saskatchewan Wheat Pool), en 1926, il aida le liquidateur à titre d’inspecteur. L’année précédente, il était devenu vice-président de la SGGA et pressa ses membres de faire inscrire des candidats aux élections. Lui-même se présenta comme libéral indépendant dans la circonscription de Redberry en 1929 ; il fut défait. Il quitta définitivement la vie politique et mourut quatre ans plus tard, âgé de 80 ans. On l’enterra au cimetière Maymont. Dans tous ses rôles – agriculteur, député, ministre, membre du conseil d’administration de la SGGA et commissaire des élévateurs à grain –, George Langley avait bien servi sa province et son parti.
London Metropolitan Arch., St Matthias, Stoke Newington, Reg. of marriages, P94/MTS, item 010.— G. L. Barnhart, “Peace, progress and prosperity” : a biography of Saskatchewan’s first premier, T. Walter Scott (Regina, 2000).— Lynne Bowen, Muddling through : the remarkable story of the Barr colonists (Vancouver et Toronto, 1992).— Canadian annual rev., 1910–1927.— CPG, 1909–1918.— S. M. Lipset, Agrarian socialism : the Cooperative Commonwealth Federation in Saskatchewan, a study in political sociology (Berkeley, Calif., 1950).— Maymont Golden Jubilee Committee, The story of Maymont, 1905–1955 (Maymont, Saskatchewan, [1955]).— Maymont Library Board, From sod to solar : Fielding, Lilac, Maymont, Ruddell (Maymont, 1980).— Hopkins Moorhouse [A. H. J. Moorhouse], Deep furrows, which tells of pioneer trails along which the farmers of western Canada fought their way to great achievements in co-operation (Toronto et Winnipeg, 1918).— W. L. Morton, The Progressive Party in Canada (Toronto, 1950).— Saskatchewan lives past and present, Brian Mlazgar, édit. (3 vol. à ce jour, Regina, 2004– ), Saskatchewan politicians : lives past and present, Brett Quiring, édit., 2004.— L. A. Wood, A history of farmers’ movements in Canada (Toronto, 1924 ; réimpr., introd. par F. J. K. Griezic, Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).
Gordon Barnhart, « LANGLEY, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/langley_george_16F.html.
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Auteur de l'article: | Gordon Barnhart |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |