LAMORINIE (La Morénerie, Morimé), JEAN-BAPTISTE DE, prêtre, missionnaire, jésuite, né le 24 décembre 1704 ou 1705 à Périgueux en France, décédé après 1764, présumément en France.
Jean-Baptiste de Lamorinie devint novice chez les jésuites à l’âge de 18 ans, et prononça ses derniers vœux le 6 octobre 1725. Il s’embarqua pour le Canada en 1736 et, après avoir passé quelque temps à Québec et à Montréal, partit pour l’Ouest où il œuvra pendant 25 ans comme missionnaire. Il passa l’hiver de 1738–1739 à Détroit avant de s’installer à Michillimakinac. En 1741, Pierre Du Jaunay*, supérieur jésuite à Michillimakinac, lui enseigna la langue des Outaouais. À l’exception de courts séjours dans d’autres régions – chez les Miamis du fort Saint-Joseph (probablement Niles, Mich.) en 1746 et 1749 et chez les Assiniboines du fort La Reine (Portage-la-Prairie, Man.) de 1750 à 1751 – Michillimakinac allait être son lieu de résidence pendant les deux décennies qui suivirent.
À l’été de 1750, Lamorinie partit pour le fort La Reine avec Jacques Legardeur de Saint-Pierre. Il trouva la vie avec Saint-Pierre impossible et son travail chez les Assiniboines inutile, car les Indiens, qui avaient immédiatement éprouvé de l’antipathie pour le nouveau commandant, refusaient de coopérer avec le missionnaire. Découragé, Lamorinie quitta le fort le 22 juin 1751 pour retourner à Michillimakinac. Dans son journal, Saint-Pierre lui reproche de n’avoir pas utilisé d’instruments mathématiques pour faire ses observations scientifiques. Il était trop vieux, ajoutait Saint-Pierre, pour le dur travail missionnaire, et son incapacité à parler les langues indiennes avait rendu impossible l’évangélisation de ces « barbares endurcis dans leur aveuglement », malgré son éloquence et sa piété. Ces critiques étaient quelque peu injustes, puisque les Assiniboines parlaient la langue des Dakotas-Sioux tandis que la langue outaouaise, étudiée par Lamorinie, était algique. De plus, son âge avancé n’empêcha pas le missionnaire de fournir 14 autres années de travail en Amérique du Nord.
En 1760, l’Ouest, qui n’avait pourtant été le théâtre d’aucune bataille, ressentit les effets de la guerre de Sept Ans. La même année, Lamorinie quitta le fort Saint-Joseph pour le pays des Illinois, où Jean-Baptiste de Salleneuve, de Détroit, l’y rejoignit l’année suivante. Les deux missionnaires travaillèrent au village français de Sainte-Geneviève (Missouri), où, assisté de Salleneuve, Lamorinie satisfit aux besoins religieux des Français et des Miamis. Lorsque la guerre fut officiellement terminée, la Compagnie de Jésus, qui avait été abolie en France en 1762, fut expulsée de la Louisiane. Lamorinie, Salleneuve et les jésuites de Kaskaskia (Ill.) et de Vincennes (Ind.) retournèrent en France via La Nouvelle-Orléans au printemps de 1764.
JR (Thwaites), LXX : 87, 277 ; LXXI : 172.— Jacques Legardeur de Saint-Pierre, Mémoire ou journal sommaire du voyage [...], Découvertes et établissements des Français (Margry), VI :637–652.— Champagne, Les La Vérendrye, 409.— Gosselin, L’Église du Canada jusqu’à la conquête, III : 329, 335, 339.— A.-G. Morice, Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest canadien du lac Supérieur au Pacifique (1659–1905) (3 vol., Winnipeg, Montréal, 1912), I : 58s.— Trudel, L’Église canadienne, I : 338 ; II : 139, 158.
C. J. Russ, « LAMORINIE (La Morénerie, Morimé), JEAN-BAPTISTE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lamorinie_jean_baptiste_de_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |