LAMONT (Lemont), MARY E. (Sanford), missionnaire baptiste, née vers 1842 à Billtown, Nouvelle-Écosse, fille de Joel Lemont et d’une prénommée Rebecca ; le 20 août 1873, elle épousa au même endroit Rufus Sanford, et ils eurent trois enfants ; décédée le 17 ou le 18 juillet 1903 à Madras, Inde.
Mary E. Lamont naquit et grandit dans un milieu à prédominance baptiste ; le 2 juin 1867, elle « professa sa foi dans le Sauveur » et reçut le baptême. À la même époque, elle entra au Grand Pre Seminary à Wolfville, en Nouvelle-Écosse. Là, elle fut fortement influencée par Hannah Maria Norris*, qui, en 1870, se mit à organiser des sociétés féminines de soutien des missionnaires dans les communautés baptistes des Maritimes. Ce fut probablement à Wolfville que Mary Lamont fit la connaissance de Rufus Sanford, ancien élève de l’Acadia College et alors instituteur à la Horton Academy, qui avait opté pour les missions étrangères. Dans l’après-midi du 20 août 1873, il fut ordonné et reçu missionnaire pour l’étranger ; dans la soirée, Mary Lamont l’épousa.
En octobre, les Sanford se mirent en route pour Rangoon (Yangon, Birmanie) avec George Churchill et sa femme Matilda M. Churchill, William F. Armstrong, Flora Eaton et Maria Armstrong. On les surnommait les « sept serviteurs de Dieu ». Arrivés le 12 janvier 1874, ils se mirent à œuvrer parmi les Karen. La langue de cette population était difficile, le climat plus encore. Quoique subventionnés par les baptistes des Maritimes, les « sept serviteurs de Dieu » travaillaient sous l’autorité du conseil de l’American Baptist Missionary Union. Cependant, les baptistes des Maritimes n’acceptaient plus cet arrangement. En 1875, ils ordonnèrent donc aux sept de quitter leur poste et d’aller ouvrir une mission des Maritimes à Cocanada (Kakînada, Inde). Ces derniers y travailleraient aux côtés des missionnaires de la Baptist Convention of Ontario and Québec, auprès de membres du groupe telugu.
Cette décision n’eut pas l’heur de plaire à tous les compagnons et compagnes de Mary Sanford, mais elle, de toute évidence, en était enchantée, et elle écrivit à la presse néo-écossaise : « on ne peut douter que Dieu lui-même nous a envoyés parmi ce peuple ». En Birmanie, elle avait détesté la longue saison des pluies ; le climat de la côte ouest du golfe du Bengale lui convenait beaucoup plus. L’arrivée des Sanford à Bimlipatam, le 4 novembre 1875, marqua le début de l’engagement missionnaire des baptistes des Maritimes en Inde, engagement qui se poursuit toujours. Le couple n’eut pas la vie facile : il fallait affronter la chaleur, les barrières de langue et de culture, la famine, la pénurie de matériel, le système quasi impénétrable des castes. Mary s’occupait des femmes et des enfants : elle ouvrit des écoles et organisa un réseau de femmes catéchistes indiennes afin de rejoindre les autres Indiennes et de leur enseigner. Rufus, lui, travaillait auprès des hommes, tentant de créer parmi les gens du lieu un petit réseau de prédicateurs bien préparés à leur tâche.
Le labeur associé à ses programmes, la naissance de trois enfants et la mort de l’un d’eux (à cause de la pénurie de fournitures médicales), le nombre désespérément faible de conversions, le climat, tout cela mina la santé de Mary Sanford, qui n’avait jamais été robuste. Avec ses enfants, elle dut passer les années 1881 à 1886 en Nouvelle-Écosse, en congé. En 1891, elle et son mari durent rentrer au Canada, car leur santé était brisée. Après un congé de quatre ans, Rufus retourna en Inde, cette fois dans une mission plus prometteuse, Vizianagaram, à quelques milles de Bimlipatam.
Mary Sanford retourna en Inde pour la dernière fois en 1899. Peu après la réunion qui marqua le trentième anniversaire des « sept serviteurs de Dieu », elle mourut à Madras, victime de ses dures années de travail missionnaire. Avec l’aide de leur fille Lottie A., Rufus continua d’œuvrer à Vizianagaram jusqu’à son décès, qui survint à cet endroit en 1932. Mary Sanford est bien représentative des femmes de missionnaire qui exercèrent leurs activités à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Elle œuvra discrètement et fidèlement parmi les femmes de l’Inde, mit des enfants au monde et en vit mourir, travailla avec acharnement et endura des épreuves parfois terribles, mais obtint pourtant peu de reconnaissance, tant de son vivant que par la suite.
Acadia Univ. Arch. (Wolfville, N.-É.), « Chronicles of Acadia Seminary from its birth » ([1880 ?]).— Atlantic Baptist Hist. Coll., Acadia Univ., Baptist Convention of the Maritime Provinces of Canada, Foreign Mission Board, records ; Billtown, N.S., Baptist Church, record-book, 1857–1909 ; L. A. Sanford coll.— Christian Messenger, 23 août, 1er, 8 oct., 24 déc. 1873, 15 déc. 1875, 1er mars, 5, 12 avril, 7 juin 1876, 1er mars 1877.— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4e éd., Wolfville, 1953).— Baptist year book of the Maritime provinces of Canada [...] (Halifax ; Saint-Jean, N.-B.), 1873–1903.— Mrs George Churchill [M. M. Faulkner], Letters from my home in India : being the correspondence of Mrs. George Churchill (1871–7916), G. [D.] McLeod Rogers, édit. (Toronto, 1916).— G. E. Levy, The Baptists of the Maritime provinces, 1753–1946 (Saint-Jean, 1946).— President John Sanford of Boston, Massachusetts, and Portsmouth, Rhode Island, and his descendants, with many allied families, 1605–1965 [...], J. M. Sanford, compil. (Rutland, Vt, 1966).— H. A. Renfree, Heritage & horizon : the Baptist story in Canada (Mississauga, Ontario, 1988).— Tidings (Kentville, N.-É.), 11 (oct. 1903).
Barry M. Moody, « LAMONT (Lemont), MARY E. (Sanford) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lamont_mary_e_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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