LAMBERT, dit Saint-Paul, PAUL, orfèvre, né en 1691, fils de Paul Lambert et de Thérèse Huard, de la paroisse Sainte-Catherine d’Arras, France, décédé à Québec le 25 novembre 1749.
Lambert fut le plus éminent artisan de métaux précieux à Québec, durant la première moitié du xviiie siècle. Bien que nous possédions de nombreux documents concernant ses activités, ceux-ci ne révèlent ni son lieu de naissance, ni l’endroit ni le nom de l’artisan où il fit son apprentissage comme orfèvre. Ramsay Traquair* soutient que Lambert était né à Québec, tandis que Gérard Morisset* prétend qu’il était originaire de France. Il est significatif qu’il ne soit fait aucune mention de Lambert dans le recensement de 1716 ; la plus ancienne référence à Lambert conservée dans les documents de Québec date du 30 août 1729, alors que, âgé de presque 40 ans, il épousa Marie-Françoise Laberge, fille du veuf François Laberge, de Château-Richer. Après la mort de Marie-Françoise, survenue le 28 novembre 1747, Lambert épousa, le 19 février 1748, Marguerite, fille aînée de Jean-Baptiste Maillou, dit Desmoulins, et de Marguerite Caron. Joseph, le second fils de Maillou, fut l’apprenti de Lambert, qui demeurait alors rue Sault-au-Matelot.
Le fait qu’aux environs de 1730, Lambert adopta le nom de Saint-Paul crée une certaine confusion. On retrouve dans les livres de comptes des églises paroissiales de Sainte-Anne-de-Beaupré, en 1732, des Écureuils, en 1744, et de Saint-Pierre, île d’Orléans, en 1746, des références à un orfèvre nommé « Saint-Paul ». Une écuelle portant la marque reconnue de Paul Lambert, « P L », soulignée d’un petit trait décoratif et surmontée d’une fleur-de-lis, et une seconde signature assez similaire, faite des lettres « S P », constituent pour Traquair une preuve démontrant les liens étroits existant entre Paul Lambert et Saint-Paul, quoiqu’il souligne que la seconde marque pouvait être celle de Samuel Payne*, orfèvre de la Nouvelle-France contemporain de Lambert. Tanguay* rapporte le changement de nom, tandis que Morisset relate qu’il s’agissait d’une pratique courante du début du xviiie siècle destinée à « sanctifier » le prénom, d’où Paul Lambert, dit Saint-Paul. L’examen d’un reçu, daté du 20 avril 1745 et signé Saint-Paul, en reconnaissance de l’exécution d’un travail, ne suggère aucune association avec Paul Lambert. Morisset cite des documents provenant des archives de l’église Notre-Dame de Québec disant que Paul Lambert et Saint-Paul étaient une seule et unique personne. À l’exception de l’écuelle mentionnée par Traquair, les pièces d’argent exécutées par Lambert qui nous sont parvenues ne portent que la marque réunissant les lettres « P L ».
Bien qu’il y eût en Nouvelle-France d’autres orfèvres, dont Jean-Baptiste Deschevery, dit Maisonbasse, Michel Cotton, Jean-François Landron et François Lefebvre, pour ne mentionner que ceux-là, la partie de l’œuvre de Lambert qui nous est parvenue nous amène à conclure qu’il fut le plus important des orfèvres de la Nouvelle-France. Son habileté technique et son art peuvent être comparés favorablement à ceux de ses collègues artisans de France et des colonies américaines. Grâce à sa qualité, son travail servit de modèle et d’inspiration à ses successeurs, notamment François Ranvoyzé*, Pierre Huguet*, dit Latour, Laurent Amiot*, et d’autres orfèvres de Québec. L’argent travaillé par Lambert est célèbre non seulement par la délicatesse du dessin mais aussi par le style de la décoration. Il utilisait de préférence une combinaison où se retrouvent des ciselages plats en forme de feuille d’acanthe ouverte, des godrons, des rebords ourlés produisant un effet de « chapelet », et du repoussé. Ces éléments décoratifs se retrouvent dans un instrument de paix appartenant à la collection Henry G. Birks à Montréal. Après le régime français, c’est le style anglais d’argenterie, caractérisé par le dessin plutôt que la décoration, qui servit de modèle aux orfèvres de Québec, jusqu’au début de l’ère victorienne, alors que les œuvres élaborées et exagérément décorées devinrent à la mode.
On peut voir des œuvres de Lambert au Musée du Québec, dans la chapelle des ursulines et à l’Hôtel-Dieu de Québec, dans la chapelle huronne de l’Ancienne-Lorette, au Royal Ontario Museum de Toronto, au Detroit Institute of Arts et dans un certain nombre de collections privées. On trouve également de ses œuvres dans les églises paroissiales de Saint-Michel de Sillery, de Montmagny, de Saint-Augustin-de-Québec, de Saint-Charles-Borromée (Charlesbourg), de Sainte-Famille, île d’Orléans, et de Saint-Michel-de-Bellechasse.
AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 1748–1752, f.102v.— ANQ, Greffe de J.-É. Dubreuil, 29 août 1729 ; Greffe de C.-H. Du Laurent, 23 nov., 28 nov., 1749 ; Greffe de J.-C. Panet, 23 nov. 1747, 13 févr. 1748, 28 nov. 1749.— Tanguay, Dictionnaire.— Langdon, Canadian silversmiths.— Morisset, Coup d’œil sur les arts, 95s. ; Paul Lambert dit Saint-Paul (« Collection Champlain », Québec, 1945).— Traquair, Old silver of Quebec.— Marius Barbeau, Deux cents ans d’orfèvrerie chez-nous, MSRC, 3e sér., XXXIII (1939), sect. i : 183–192.— E. A. Jones, Old church silver in Canada, MSRC, 3e sér., XII (1918), sect. xii : 150.
John Langdon, « LAMBERT, dit Saint-Paul, PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lambert_paul_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
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