LACOSTE, LOUIS-RENÉ, notaire, né le 10 novembre 1823 à Boucherville, Bas-Canada, fils de Louis Lacoste*, notaire et homme politique, et de Catherine de Labruère (Boucher de La Bruère) ; décédé célibataire le 7 novembre 1854 à Boucherville.

Louis-René Lacoste a vécu dès sa tendre enfance parmi les notables de la région de Boucherville. Son grand-père maternel, René Boucher de La Bruère, avait été seigneur de Montarville et colonel de milice. Son père, homme influent dans la vallée du Bas-Richelieu, s’occupait fortement de politique et était un chaud partisan de Louis-Joseph Papineau*. Lors des événements de 1837–1838, le jeune Louis-René est témoin de l’emprisonnement de son père.

Influencé par son milieu, Lacoste manifeste de l’intérêt pour le droit, qu’il étudie à Paris en 1844–1845. Il est possible qu’il ait choisi cette ville en espérant faire soigner sa jambe. Le 24 mai 1845, encore clerc de notaire, il reconnaît avoir reçu de son père la somme de £150, qu’il a utilisée pour payer son voyage d’études en Europe. Par la même occasion, il cède à ce dernier ses droits à la succession de sa mère (décédée en 1832), y compris un droit de pêche à la rivière Ouelle, dans le Bas-Canada. En octobre 1845, son père lui fait une donation de £50 en avancement d’hoirie.

Ayant obtenu sa commission de notaire le 25 août 1845, Lacoste rédige sa première minute le 28 octobre suivant, pour le compte de Louis-Hippolyte La Fontaine*, un ami de la famille. Le 23 janvier 1847, il s’associe à Octave Morin et les deux notaires installent leur étude au coin des rues Sainte-Thérèse et Saint-Gabriel, à Montréal, ville où Lacoste réside depuis peu. Mais Morin ne contresigne que 25 minutes de Lacoste car, dès le mois de mai suivant, leur association prend fin. En 1849, Lacoste a son étude rue Saint-Louis.

En compagnie de son confrère Nicolas-Benjamin Doucet, Lacoste avait remis, en 1846, une pétition à l’Assemblée législative de la province du Canada au nom des notaires de Montréal. Ceux-ci s’opposaient à un projet de loi visant à réglementer les formalités entourant les actes authentiques. Cette année-là, un projet de loi qui avait pour but d’organiser le notariat au Bas-Canada est présenté par le notaire Joseph Laurin*. Cette loi qui s’imposait est adoptée le 28 juillet 1847. Elle prévoyait la création de trois chambres de notaires, à Québec, à Trois-Rivières et à Montréal, ayant le pouvoir de décerner les certificats aux aspirants et de surveiller l’exercice de la profession. La première assemblée de la Chambre des notaires de Montréal se déroule le 28 octobre 1847. Lacoste y est élu syndic aux côtés du président, André Jobin, du secrétaire, Henry Lappare, et du trésorier, George Weekes.

Par sa profession et son action au sein de la Chambre des notaires de Montréal, Lacoste se mêle à l’élite du monde des affaires, de même qu’à l’élite intellectuelle de Montréal. Déjà, au début de la vingtaine, il comptait parmi les 40 membres actifs de l’importante Société des amis fondée en 1842, deux ans avant l’Institut canadien. Les buts des membres étaient de mieux se connaître et de mieux s’instruire en matière de lettres et de beaux-arts, de droit et de jurisprudence, ainsi que de médecine et d’économie. Afin d’exercer une certaine influence au sein de la communauté, cette société avait lancé la Revue canadienne en 1845.

En janvier 1848, Lacoste fait paraître dans la Revue de législation et de jurisprudence, publiée à Québec, « Essai de jurisprudence lu devant la Société des amis », portant sur l’enregistrement. En 1862, dans une cause qui opposera Rachel Boudrias, épouse d’Antoine Couillard, et John McLean, les juges de la Cour d’appel se référeront à cet essai et feront l’éloge de Lacoste, ce « jeune jurisconsulte ». De même, Louis-Amable Jetté*, qui enseignera le droit civil à l’université Laval, à Montréal, avant de devenir lieutenant-gouverneur, ne manquera jamais de faire l’éloge du jeune auteur à ses nouveaux étudiants. C’est sûrement à son talent que Lacoste doit d’avoir été invité par le notaire Jean-Joseph Girouard à l’assister dans l’établissement de l’inventaire de Joseph Masson*, décédé en 1847, et d’avoir été choisi par Louis-Hippolyte La Fontaine et Toussaint Peltier comme tiers-arbitre dans un partage entre l’Hôtel-Dieu de Montréal et le séminaire de Saint-Sulpice, à Montréal.

Le 19 juillet 1848, « voulant laisser la profession de notaire pour prendre celle d’avocat, de conseil, de solliciteur et de procureur », Lacoste s’engage à faire un stage de clerc d’une durée de cinq ans chez Rouër Roy. Il ne semble pas avoir terminé son apprentissage, car à sa mort on le dira encore notaire. En novembre 1850, Lacoste, qu’une fièvre empêche de travailler assidûment depuis le début de l’année, retourne chez son père. Au cours des quatre années suivantes, à cause de la maladie probablement, il ne produit qu’une vingtaine de minutes. Il meurt en 1854, à l’âge de 30 ans.

En 1851, Lacoste écrivait à un client qui tardait à le payer : « Je suis malade depuis un an et demi, et je suis bien pauvre. » L’inventaire de ses biens après son décès confirme ce dernier fait et démontre que la somme de ses dettes passives excède de beaucoup celle de ses dettes actives, au point où son père décidera de renoncer à sa succession.

Les débuts de la carrière de Louis-René Lacoste laissaient cependant entrevoir les plus belles espérances. Dans son histoire du notariat, Joseph-Edmond Roy* s’interroge : « Si ce jeune talent a suscité l’admiration de nos plus grands juristes et a mérité leur éloge, nous nous demandons ce qu’il en aurait été si, aux connaissances acquises à force d’étude, s’était jointe l’expérience de l’âge. »

Raymond Dumais

Louis-René Lacoste est l’auteur de : « Essai de jurisprudence lu devant la Société des amis », Rev. de législation et de jurisprudence (Québec), 3 (1847–1848) : 121–142.

Les ANQ-M conservent les 467 minutes du notaire Lacoste, pour les années 1845–1854, sous la cote CN1-226. Les ASTR possèdent une photographie de Lacoste.

ANQ-M, CC1, 8 nov. 1833 ; CE1-22, 11 nov. 1823, 10 nov. 1854 ; CN1-46, 12 janv. 1823, 11 avril 1834, 10 mai 1850 ; CN1-125, 24 mai, 13 oct. 1845, 21 sept. 1846, 23 janv., 25 mai 1847 ; CN1-237, 14 juill. 1847, 12 oct. 1848 ; CN1-304, 20 nov., 2 déc. 1854 ; CN1-315, 2 avril 1834 ; CN1-396, 19 juill. 1848, 26 mai 1849, 18 mai 1850 ; P-76 ; P-155.— AUM, P 58, U, Lacoste à Delisle, 23 sept. 1851 ; P 79.— La Minerve, 9 nov. 1854.— Montreal directory, 1847–1851.— [Louis Lalande], Une vieille seigneurie, Boucherville ; chroniques, portraits et souvenirs (Montréal, 1890), 211–220.— J.-E. Roy, Hist. du notariat, 3 : 147, 151, 218–219.— « Les Disparus », BRH, 41 (1935) : 563.— L.-A. Huguet-Latour, « la Société des amis », BRH, 8 (1902) : 121–122.— Marc Lacoste, « Rétrospective : l’honorable Louis Lacoste, notaire, premier maire de Boucherville 1857, patriote, député du comté de Chambly, conseiller législatif et sénateur », la Rev. du notariat (Lévis, Québec), 81 (19781979) : 304317.

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Raymond Dumais, « LACOSTE, LOUIS-RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/lacoste_louis_rene_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    1 décembre 2024