LA POIPPE, gouverneur de Plaisance (Placentia, T.-N.), lieutenant de vaisseau, originaire de Lyon, mort en 1684.

La Poippe fut nommé commandant à Plaisance le 20 février 1670 pour remplacer La Palmer. L’intendant de Rochefort, Colbert Du Terron, puis le ministre Colbert lui donnèrent comme instructions de protéger les pêcheurs et de renforçer la colonie. Dès son arrivée, La Poippe fit un recensement. La population sédentaire ne comptait encore que 73 personnes. Pour favoriser leur subsistance et satisfaire ‘aux besoins de l’administration, la métropole accordait 10 000#. Comme les commandants ne recevaient qu’un pauvre salaire, quelques-uns avaient pris l’habitude de spéculer sur les vivres et fournitures du roi en exigeant des pêcheurs un tiers de leur pêche. La Poippe fut bien averti de faire cesser cet abus et ne paraît pas y être tombé. Deux ans plus tard, Colbert Du Terron le qualifiait de « très bon sujet et honnête gentilhomme ».

La colonie connut un moment difficile lors de la guerre de Hollande à cause des corsaires ennemis. Le roi, en 1675, interdit aux navires de sortir des ports. Mais l’année suivante, il rétablit la pêche et envoya deux navires d’escorte protéger le retour des Terre-Neuviens. Le commissaire de Benne, qui accompagnait l’expédition, à laissé un long mémoire où il décrit l’habitation de Plaisance comme un amas de méchantes cabanes couvertes d’écorce et protégées seulement par une palissade de pieux. Le port, cependant, était magnifique, entouré de belles grèves, et servait de rendez-vous aux pêcheurs malouins, basques et bretons qui venaient s’y approvisionner et vendre leur poisson. Ce port, pendant la saison de pêche, devenait donc un centre de commerce très actif, et le commandant éprouvait beaucoup de mal à maintenir la paix parmi cette population hétéroclite et passagère, de même qu’à défendre les droits de ses sujets contre les pêcheurs d’autres nationalités établis dans les ports voisins.

Il semble bien que La Poippe commerça pour son compte, comme tous les autres commandants, mais il sut éviter les heurts, se garder des abus et donner satisfaction car, nommé pour 3 ans à Plaisance, il y demeura 15 ans. C’est pendant son gouvernement que fut passée l’ordonnance de la Marine de 1681, qui réglementait la pêche française à Terre-Neuve. Il mourut probablement à Plaisance, en 1684, et fut remplaçé par Parat.

René Baudry

AN, Col., B, 2, f.64 ; 3, f.44 ; C11C, 1, f.36 ; F1A, 1, ff.107–110, 114 ; Marine, B2, 11, f.196v. ; C1, 161, f.460 ; Section Outre-Mer, G1, 467.— BN, MSS, NAF, 22 253, f.11bis ; MSS, Mélanges Colbert, 163, f.251 ; 176, f. 127v.— La Morandière, Hist. de la pêche française de la morue, I : 421–428 ; II : 1 009s., reproduit plusieurs documents originaux.

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René Baudry, « LA POIPPE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/la_poippe_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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