KOUGH, PATRICK, constructeur, architecte, homme politique et fonctionnaire, né vers 1786 dans le comté de Wexford (République d’Irlande), décédé le 9 novembre 1863 à St John’s, Terre-Neuve.

Patrick Kough était un jeune garçon peu instruit quand il arriva à St John’s vers 1804 ; il se fit charpentier et devint par la suite un prospère entrepreneur de bâtiments. Il construisit l’immeuble en pierre abritant le palais de justice et la prison de Harbour Grace en 1830–1831. Comme il avait achevé ce travail dans le délai et pour le prix qui avaient été fixés, on lui confia, peu de temps après, la réparation de la nouvelle résidence du gouverneur à St John’s, dont le toit avait été emporté par le vent.

En 1826, Kough fut nommé capitaine du corps de pompiers qui avait été constitué à St John’s cette année-là. Il était aussi membre et administrateur de la Benevolent Irish Society et il fut, à diverses reprises, président, trésorier et secrétaire de l’école de l’Orphan Asylum que cette société ouvrit le 17 février 1826. En 1833, il devint président de la Mechanics’ Society de St John’s.

Nommé surintendant des bâtiments publics de Terre-Neuve en 1834, avec un salaire de £50 par année, Kough exerça cette fonction jusqu’à son décès. De 1847 à 1849, il fut inspecteur général de la construction du Colonial Building, qui ouvrit ses portes le 28 janvier 1850 et abrita la législature jusqu’en 1959 ; c’est en partie grâce à lui si l’édifice ne fut pas construit sur l’emplacement initialement prévu – celui où se trouve l’actuel palais de justice – et ce fut une sage décision car l’escarpement du terrain ne convenait pas à un immeuble de style grec. Le poste que Kough occupait dans la fonction publique lui permit évidemment d’obtenir d’autres contrats à St John’s. En 1835, il construisit l’église St Thomas [V. Edward Wix] ; il surveilla la construction d’une aile à l’Orphan Asylum en 1841 et la réfection de l’école de cette institution en 1857, ainsi que l’édification, en 1850, du couvent des Sœurs de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie [V. Belinda Molony].

En 1832, lors des premières élections à la législature qui furent tenues sous le gouvernement représentatif, Kough, qui était catholique, se porta candidat à l’un des sièges de St John’s contre les réformistes William Carson* et John Kent*, lesquels recevaient l’appui énergique de l’évêque catholique, Michael Anthony Fleming* ; Kough, Kent et William Thomas furent élus. Carson, ayant été défait, demanda que Kough fût privé de son mandat à l’Assemblée parce qu’il avait obtenu des contrats de construction du gouvernement avant son élection, mais la chambre rejeta cette requête. Aucun règlement n’avait établi les conditions de l’incapacité à siéger ; Carson lui-même touchait un salaire en qualité de chirurgien de district lorsqu’il remporta la victoire dans une élection partielle tenue en 1833 et Patrick Morris* siégeait à l’Assemblée tout en étant trésorier colonial. Au cours des trois années qui suivirent, Kough joua un rôle important à la chambre où il œuvra dans des comités ayant trait à la pêche et aux affaires financières.

Aux élections suivantes, en 1836, Kough et deux collègues du groupe des marchands, Nicholas Gill et John Thomas Grieve, firent face à une vive opposition venant des plus importants membres du clergé catholique et de la plupart des catholiques de la ville. Kough et ses partisans catholiques furent qualifiés de « catholiques orangistes » et on leur refusa, dans certains cas, le droit de fréquenter l’église et de recevoir les sacrements. Le jour des élections, Kough et ses collègues se retirèrent de la lutte en alléguant qu’on cherchait à les intimider et ils signèrent une pétition en vue d’obtenir l’annulation de l’élection. Lorsque de nouvelles élections furent tenues en 1837, Kough, ainsi que certains membres du groupe des marchands, ne se représenta pas. En novembre 1836, il avait intenté des poursuites contre Robert John Parsons*, le directeur pro-libéral du Newfoundland Patriot, pour avoir publié des affirmations diffamatoires dans ce journal, et il avait finalement obtenu £100 en dommages-intérêts. Par la suite, Kough demeura à l’écart de la vie politique de la colonie jusqu’aux années 1860 à 1863, alors qu’il siégea au Conseil législatif.

Kough s’intéressait à l’agriculture ; il exploita une grande ferme appelée « Ken Mount » dans la banlieue ouest de St John’s et, durant les années 1850, il fut président de la société d’agriculture. Il fut aussi membre du conseil catholique de l’éducation. À sa mort, il laissait derrière lui son épouse Mary, deux fils et six filles.

Le gouverneur Thomas John Cochrane* écrivit que Kough était l’un des hommes les plus respectables de St John’s, un député compétent et le constructeur le plus digne de confiance de la ville. Au moment de son décès, le Newfoundlander loua sa « probité et la logique de ses actions ».

Fabian O’Dea

PANL, Nfld., Dept. of Surveyor General, W. R. Noel, Plan of St. John’s (1849).— PRO, CO 194/95–99.— Newfoundlander, 23 août 1832, 28 févr., 14 mars 1833, 12 nov. 1863.— Public Ledger, 11 nov., 27 déc. 1836, 16 mai 1837, 20 janv., 3 mars 1857.— Royal Gazette (St John’s), 18 févr. 1828, 1er févr. 1859, 17 janv. 1860.— Gunn, Political history of Nfld.— H. W. LeMessurier, The Church of Saint Thomas and its rectors, 1836–1928 (St John’s, [1928]).— The story of the Colonial Building, seat of parliament from 1850 to 1960, now the home of the Newfoundland and Labrador provincial archives ([St John’s], 1972).

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Fabian O’Dea, « KOUGH, PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kough_patrick_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
Date de consultation:    1 décembre 2024