KLINGENSMITH (Clingersmith, Clinglesmith), PETER, dit White Peter, colon, né vers 1772 en Pennsylvanie ; il épousa une prénommée Molly Ann, et ils eurent plusieurs enfants (ils adoptèrent aussi une fille) ; décédé en 1855 ou 1856 à Nanticoke, Haut-Canada.

Un certain nombre de Klingensmith (originairement Klingenschmidt) furent parmi les premiers colons à s’établir dans le comté de Westmoreland, situé dans la partie ouest de la Pennsylvanie. Durant la Révolution américaine, cette région fut exposée aux raids des Indiens et, comme le rapporta le colonel James Perry, un parti d’Indiens attaqua, le 2 juillet 1781, la « petite garnison » groupée dans la maison d’un certain « Philip Clinglesmith », où plusieurs familles avaient cherché refuge. La plupart furent tués, y compris les proches de Peter Klingensmith. Celui-ci, âgé de neuf ans, fut fait prisonnier. Il se peut que l’attaque ait été menée par les Loups (Munsees) venant du haut de la rivière Allegheny, pour se venger des troupes américaines qui, sous le commandement du colonel Daniel Brodhead, avaient détruit leur village deux ans plus tôt. Ces Indiens loyalistes se joignirent par la suite aux Tsonnontouans qui habitaient la partie ouest de l’état de New York, et s’établirent avec eux après 1784 à la rivière Grand, territoire qui devint par la suite partie du Haut-Canada.

On ne sait rien de ce qu’il advint de Klingensmith pendant les dix ans qui suivirent. En 1791, des membres de la famille Hoover, qui avaient connu les Klingensmith dans le comté de Westmoreland, s’établirent au nord du lac Érié, dans le canton de Walpole. Il semble qu’ils aient rencontré White Peter (nom sous lequel Klingensmith était alors connu) et qu’ils aient fini par découvrir son vrai nom. Selon la tradition orale transmise au Canada et en Pennsylvanie, ils le décidèrent à visiter son ancienne maison, où des parents l’accueillirent, mais n’acceptèrent pas sa femme, membre d’une des tribus des Six-Nations. Selon George Dallas Albert, historien du comté de Westmoreland, qui situe cette visite aux environs de 1800, Peter avait espéré pouvoir réclamer la propriété de ses parents, mais ne réussit pas à établir sa véritable identité. Quelles qu’aient été les circonstances précises, on sait qu’il retourna à la rivière Grand.

Même si, de toute évidence, il ne participa pas à la guerre de 1812, Klingensmith appuya effectivement la cause des Britanniques. John Baptist Askin* rappela plus tard que Klingensmith, grâce aux avertissements qu’il avait donnés « au prix même de sa vie », avait joué un rôle déterminant dans le fait que trois officiers de milice (Thomas Talbot, George C. Salmon et Robert Nichol*) avaient échappé aux ravages meurtriers d’un groupe de « vagabonds », conduit par un maraudeur du nom de John Dixon, qui avait saccagé Long Point après que les Américains eurent envahi cette région en 1814. « Habitant honnête, pacifique et travailleur », Klingensmith s’établit par la suite dans le canton de Walpole sur le lot 4 du rang 1 où, en 1827, il avait bâti « une grange solide, à charpente de bois ainsi que des remises – recouvertes de bardeaux et de planches ». Six ans plus tard, il acheta la moitié est du lot 6, devenant ainsi le premier colon à s’établir sur l’emplacement de la ville actuelle de Nanticoke.

Même si Klingensmith avait une grande famille, il semble que quelques-uns de ses enfants seulement vinrent s’établir avec lui dans le canton de Walpole. À la lecture de son testament, on constate que vers 1825, la petite Sarah (Sally) O’Brian, âgée de deux ans, fut confiée par sa mère aux Klingensmith qui l’élevèrent comme leur propre fille. La femme de Peler doit être morte avant 1851, puisqu’elle n’est pas mentionnée dans le recensement du canton de Walpole de cette année-là, qui indique que Peler ainsi que six autres personnes logeaient dans une maison à charpente de bois d’un étage. Parmi les occupants il y avait Sarah et son époux, John Shuler, ainsi qu’Eliza Clingersmith, âgée de six ans. Les sept résidents furent identifiés comme Indiens et membres de l’Église méthodiste épiscopale en Canada. Ailleurs dans le canton vivait John Clingersmith, ouvrier de 26 ans, qui était peut-être le fils ou le petit-fils de Peler. D’autres enfants présumés de Peler se joignirent à la mission indienne des frères moraves à New Fairfield (Moraviantown), sur la rivière Thames, dans l’ouest de la province. Au nombre de ceux-ci, se trouvait une fille, à la peau blanche, venant de la rivière Grand, du nom de Pahellau, baptisée en 1834 sous le nom de Ketura et identifiée alors comme faisant partie de la tribu des Loups (Munsees) ou des Loups (Mohicans) (tribu de sa mère), ainsi que son frère venant également de la rivière Grand, Peler Clensmith (Klingersmith), baptisé en 1844 sous le nom de John Peler. Plus tard, ce dernier ainsi que sa famille utilisèrent Peler comme nom de famille. D’autres parents, identifiés tantôt comme Clingersmith, Clinansmith, Clingsmith ou Clinger, se joignirent à la mission par la suite, à différentes époques.

Peler Klingensmith, personnage plus important dans la tradition orale que dans les documents écrits, mourut soit en 1855, date qui figure sur sa pierre tombale au cimetière Union, à Nanticoke, ou au début de 1856 (son testament fut enregistré le 13 février). Il légua sa ferme à Sarah Shuler et, à son fils aîné, qui portait le nom de « Fisjary (appelé auparavant High flyer) », il laissa un cheval.

William A. Hunter

AO, RG 1, C-IV, Walpole Township, concession 1, lot 4, J. B. Askin à Thomas Clarke, 13 juin 1827.— APC, RG 5, A1 : 16395–16398, 69624–69630 ; RG 31, A1, 1851, Walpole Township (mfm aux AO).— Haldimand Land Registry Office (Cayuga, Ontario), Abstract index to deeds, Walpole Township, 1, concession 1, lot 6 (mfm aux AO, GS 2771) ; Deeds, Walpole Township, 2 : 731 (testament de Peter Klingensmith) (mfm aux AO, GS 2776).— Moravian Arch. (Bethlehem, Pa.), Indian mission records, box 166 (New Fairfield diaries, 1825–1851) ; box 168, folder 4 (New Fairfield reg., 1870–1903) ; box 313, folder 8 (reg., including New Fairfield to 1870).— É.-U., Bureau of the Census, Heads of families at the first census of the United States taken in the year 1790 ; Pennsylvania (Washington, 1908), 262–263.— Pennsylvania archives [...], Samuel Hazard et al., édit. (9 sér. en 119 vol., Philadelphie et Harrisburg, 1852–1935), 1re, sér., 9 : 240–241 ; 12 : 155–158.— Pennsylvania German pioneers : a publication of the original lists of arrivals in the port of Philadelphia from 1727 to 1808, R. B. Strassburger, compil., W. J. Hinke, édit. (3 vol., Norristown, Pa., 1934 ; réimpr., 2 vol., Baltimore, Md., 1966), 1 : 212–215, 678–681.— G. D. Albert, « The frontier forts of western Pennsylvania », Pa., Indian forts commission, Report of the commission to locale the site of the frontier forts of Pennsylvania (2 vol., [Harrisburg], 1896), 2 : 379–380.— K. [N.] Brueton, Walpole Township centennial history ([Jarvis, Ontario, 1967]), 7–9.— History of the county of Westmoreland, Pennsylvania, with biographical sketches of many of its pioneers and prominent men, G. D. Albert, édit. (Philadelphie, 1882), 721.— [I. D. Rupp], Early history of western Pennsylvania, and of the west [...] by a gentleman of the bar [...] (Pittsburgh, 1848), app., 259.

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William A. Hunter, « KLINGENSMITH (Clingersmith, Clinglesmith), PETER, dit White Peter », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/klingensmith_peter_8F.html.

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Année de la publication:    1985
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