KIWISĀNCE (Cowessess, Ka-we-zauce, Little Child, littéralement « garçon »), chef d’une bande composée de Cris des Plaines et de Sauteux, décédé probablement en avril 1886.
Selon certaines sources, la bande d’Indiens dont Kiwisānce était chef campait régulièrement dans les environs du lac Leech (Saskatchewan) et son mode de vie était basé sur la chasse du bison. Kiwisānce signa le traité no 4 au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle) en septembre 1874, mais semble n’avoir pris aucune part active aux négociations. Ni lui ni sa bande n’avaient envie de choisir une réserve et de se mettre à exploiter la terre, comme le prévoyaient les clauses du traité. Ils étaient bien déterminés à préserver aussi longtemps que possible leurs moyens d’existence traditionnels.
La diminution des troupeaux de bisons amena Kiwisānce et sa bande à aller s’établir dans les monts Cypress (Saskatchewan) en 1876. D’autres Indiens de tous les coins des Prairies canadiennes s’assemblèrent dans la même région dans une recherche désespérée des derniers bisons au nord du 49e parallèle. En 1878, le chef Kiwisānce en était venu à la conclusion que ses compagnons et lui-même devraient bientôt faire face à la famine. Par l’intermédiaire du major James Morrow Walsh*, de la Police à cheval du Nord-Ouest, il supplia le gouvernement canadien d’envoyer quelqu’un pour enseigner l’agriculture à sa bande. Avant qu’on accédât à cette demande, la bande de Kiwisānce fut réduite à vendre ses chevaux, à manger ses chiens et à quêter de la nourriture auprès du corps de police.
Edgar Dewdney*, nouveau commissaire des Affaires indiennes, se rendit dans les monts Cypress en juin 1879, emmenant avec lui des instructeurs agricoles. Il aida Kiwisānce à choisir l’emplacement d’une réserve à Maple Creek (Saskatchewan), à côté de la bande du chef Piapot [Payipwat*]. En 1881, on rapporta que les deux groupes faisaient des progrès considérables en agriculture, et Kiwisānce avait demandé au gouvernement d’envoyer un instituteur à sa bande.
Dès 1879, des instructions avaient été données pour qu’on effectue l’arpentage de la réserve de Kiwisānce ; toutefois, on ne termina jamais ce travail, et le chef se préoccupa beaucoup du caractère précaire des titres fonciers de sa bande sur le territoire où elle résidait. À une occasion, Kiwisānce demanda à l’agent des Affaires indiennes du fort Walsh (Fort Walsh) un acte notarié pour la réserve. Comme il ne réussit pas à l’obtenir, il abdiqua le rang de chef pour manifester son inquiétude ; toutefois, il reprit son titre peu après. Il semble que son geste ait été posé en réaction à un mouvement de dissidence au sein de sa bande, mené par l’un de ses sous-chefs, Louis O’Soup*, bien connu pour son éloquence et ses intrigues. En 1877, O’Soup avait persuadé une faction de la bande d’abandonner les monts Cypress et de retourner dans la vallée de la rivière Qu’Appelle, dans l’espoir de se faire reconnaître chef à la place de Kiwisānce. O’Soup essaya ensuite d’inciter d’autres membres de la bande à quitter les monts Cypress et, en 1880, il réussit à faire arpenter une réserve pour toute la bande au lac Crooked (Saskatchewan), à 300 milles à l’est de Maple Creek où la majorité de la bande était encore installée avec Kiwisānce. Les appréhensions de ce dernier au sujet du territoire qu’on lui avait promis se confirmèrent à l’hiver de 1881–1882. Craignant un conflit entre les Indiens des États-Unis ou les autorités de ce pays et les Indiens des Plaines vivant dans les monts Cypress, le gouvernement canadien décida qu’on devrait persuader tous les Cris et Sauteux de cette région d’aller plus au nord ou à l’est. Afin que ce changement se réalise, le département des Affaires indiennes ordonna d’interrompre la distribution des rations alimentaires dont dépendaient ces Indiens pour leur subsistance. L’agent des Affaires indiennes, Allan McDonald*, atténua considérablement la sévérité de cette mesure ; en effet, il tint tête à O’Soup et le persuada d’abandonner son titre de sous-chef, de cesser ses intrigues et d’accueillir Kiwisānce à la réserve du lac Crooked. À l’été de 1882, le chef y vint avec une partie de sa bande, puis il retourna avec McDonald dans les monts Cypress, dans une tentative de persuader les plus obstinés de ses compagnons – et ceux d’autres bandes – de le suivre. Même si un certain nombre refusèrent, Kiwisānce emmena 100 autres personnes de l’endroit au printemps de 1883, augmentant la population de sa réserve du lac Crooked à 345 habitants. Sa coopération avec les représentants du gouvernement aida beaucoup les autorités à déplacer la grande majorité des Indiens des Plaines de la région avoisinant les monts Cypress.
Une fois installé dans sa réserve de la vallée de la Qu’Appelle, Kiwisānce travailla énergiquement dans sa ferme et encouragea d’autres membres de sa bande à faire de même. En 1883, McDonald déclara que ces Indiens étaient les plus avancés parmi tous ceux qui avaient adhéré au traité no 4 et, en 1884, Kiwisānce reçut une paire de bœufs à titre de chef de la bande qui avait fait le plus de progrès en agriculture. Le département des Affaires indiennes était aussi satisfait de Kiwisānce à cause de son appui indéfectible à la Police à cheval du Nord-Ouest. Le chef indien avait rencontré le colonel James Farquharson Macleod* en 1874 et il était convaincu que les responsables de l’application des lois aideraient les siens en périodes de difficultés. En 1877, un groupe d’Assiniboines attaqua son camp, mais il alla voir la police au lieu de se venger. Lorsque des Indiens affamés de la réserve adjacente de Sakimay pillèrent un dépôt de ravitaillement du gouvernement en 1884 et défièrent les forces de police envoyées pour les arrêter, Kiwisānce blâma les pillards et offrit son fils comme guide aux autorités.
Plus tard au cours de 1884, le chef Piapot convoqua une réunion de tous les Indiens qui avaient adhéré au traité no 4 afin de faire valoir ses allégations voulant que le texte écrit du traité ne contînt pas toutes les promesses faites pendant les négociations. Kiwisānce refusa d’y participer et alla chercher en personne quelques membres de sa bande qui s’y étaient rendus en cachette. Qui plus est, alors qu’O’Soup et quelques autres étaient d’accord avec les actes de Louis Riel et des Métis et Indiens qui se rebellèrent en 1885, Kiwisānce réussit à neutraliser l’influence des messagers de Riel et à conserver la loyauté de sa bande envers le gouvernement canadien. La date exacte et les circonstances de la mort du chef indien, survenue peu après, probablement en avril 1886, n’ont pas été consignées ; il eut pour successeur son éternel rival, O’Soup.
Kiwisānce fut un éminent chef des Indiens des Plaines qui, une fois qu’il eut compris que le mode de vie nomade des chasseurs de bisons n’était plus viable, fit tout en son pouvoir pour coopérer avec les représentants du gouvernement canadien afin d’adapter sa bande à une existence basée sur l’agriculture. Il ne fait pas de doute que ses efforts et son exemple contribuèrent beaucoup à transformer sa bande en l’une des communautés agricoles les plus prospères des Prairies.
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Kenneth J. Tyler, « KIWISĀNCE (Cowessess, Ka-we-zauce) (Little Child) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kiwisance_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |