KILPATRICK, ROBERT, ministre de l’Église d’Angleterre, missionnaire, né en Angleterre, décédé à Trinity, Terre-Neuve, le 19 août 1741.

Robert Kilpatrick desservait Trinity, l’une des différentes missions qui furent établies le long de la côte est de Terre-Neuve, au début du XVIIe siècle. Trinity avait été fondée par des pêcheurs originaires de la partie occidentale de l’Angleterre ; en 1729, ses habitants avaient demandé à la Society for the Propagation of the Gospel de leur envoyer un missionnaire. Comme les colons promettaient au pasteur un salaire annuel de £30, la société envoya immédiatement Kilpatrick.

Arrivé en 1730, il ne s’écoula pas 16 mois qu’il se plaignit à la société de n’avoir reçu aucune lettre de la mère patrie, du coût élevé de la vie, de la rareté des provisions, et des paroissiens « difficiles et déplaisants ». L’aide provenant de ses paroissiens se réduisait à rien ou presque rien et quelques-uns parmi ceux-ci se montraient cruels envers lui, et il était acculé à la famine. Il implora la société de le « retirer de ce coin de terre insupportable ». Cependant, à son départ, la majorité des habitants, en tête desquels se trouvaient les juges de paix, témoignèrent qu’il avait travaillé assidûment et effectué une réforme morale. Œuvrant chez un peuple ignorant et nonbaptisé, il avait construit une église et distribué des livres de prières et des tracts. Plusieurs déploraient son départ.

En juillet 1732, la société envoya Kilpatrick dans la colonie de New York, chez les colons de New Windsor, dont les promesses, semblables à celles des gens de Trinity, révélaient le désir d’un missionnaire. Mais il n’y trouva ni maison, ni subsides, et reçut un accueil hostile. Il demeurait chez une famille à ce point dénaturée qu’elle le menaçait souvent de le jeter dehors au plus fort de l’hiver. Il supplia donc la société, en octobre, de le renvoyer à Terre-Neuve, en augmentant si possible son salaire. La société se rendit à ses demandes. Débarqué à Placentia en juin 1734, en route pour Trinity, il prêcha, baptisa et visita les lieux. Il était entouré de nombreux fidèles qui semblaient, selon lui, avoir besoin d’un missionnaire. Il était de retour à Trinity en septembre 1734.

Durant la saison de pêche estivale, sa congrégation était nombreuse, et, pendant l’hiver, les familles qui étaient restées partaient pour la plupart trapper ou chasser le phoque. Il mit tous ses soins à enseigner la religion à ses paroissiens et fit venir d’Angleterre des livres sur le Nouveau Testament et le Book of Common Prayer. Enfants et adultes reçurent le baptême, et l’on distribua des tracts. À peu près à la même époque, il se maria et commença à élever une famille.

En 1737, Kilpatrick visita l’Angleterre et le siège de la société à Londres, où sa congrégation avait envoyé une pétition dans laquelle elle remerciait la société du travail de son pasteur et demandait qu’on lui envoie plus d’argent. Décrivant Kilpatrick comme « un bon chrétien », George Clinton, ancien gouverneur, appuya la requête. Aidé d’une subvention de £10, Kilpatrick retourna à Trinity où il travailla jusqu’à sa mort, survenue en août 1741. Il laissait sa femme et cinq enfants auxquels la société accorda £25. Henry Jones, de Bonavista, à sa propre demande, fut transféré à la mission de Kilpatrick.

À l’instar de nombreux ecclésiastiques du xviiie siècle, pieux et acharnés au travail, Kilpatrick offrit ses services comme missionnaire, présumément parce qu’il se trouvait sans emploi en Angleterre. On lui promettait des subsides, mais, venant d’un groupe qui ne pouvait compter que sur le rendement aléatoire des pêcheries, de telles promesses n’avaient pas beaucoup de valeur. En pratique, il dépendait de la Society for the Propagation of the Gospel. Les Terre-Neuviens, comme tous les autres colons, ne voulaient pas soutenir un clergé que les sociétés missionnaires prêtaient bénévolement. Les premières tentatives de réforme de Kilpatrick semblent avoir soulevé l’opposition d’hommes qui n’avaient pas l’habitude de subir l’influence de l’Église ; il persista toutefois dans ses efforts pour apporter quelques éléments de civilisation à un groupe de gens frustes et ignorants. Missionnaire type, l’accueil qu’il reçut dans la colonie est caractéristique de celui qui était réservé aux missionnaires.

Frederick Jones

USPG, A, 22, pp. 226s. ; 23, pp. 33–36, 38s., 250 ; 24, pp. 250, 254, 479 ; 25, pp. 148, 319 ; B, 7, p. 249 ; 9/2, p. 54 ; Journal of SPG, 5s. ; 7, pp. 202–204 ; 8, pp. 293s. ; 9.— [C. F. Pascoe], Classified digest of the records of the Society for the Propagation of the Gospe1 in Foreign Parts, 1701–1892 (5e éd., Londres, 1895).— F. M. Buffett, The story of the Church in Newfoundland (Toronto, [1939]).— Prowse, History of Nfld.

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Frederick Jones, « KILPATRICK, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kilpatrick_robert_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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