KERR, ROBERT, médecin, chirurgien, fonctionnaire et juge, né vers 1755 en Écosse ; il épousa Elizabeth Johnson, fille de sir William Johnson* et de Mary Brant [Koñwatsiˀtsiaiéñni*], et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 25 février 1824 à Albany, New York.

On sait peu de chose sur la jeunesse de Robert Kerr, sur sa famille ou encore sur son éducation. La première mention de sa présence en Amérique du Nord révèle qu’il servit à titre d’auxiliaire médical de 1776 à 1781. Il participa également à l’expédition de John Burgoyne* en 1777, au cours de laquelle il fut fait prisonnier. Après sa libération, il se joignit au 2e bataillon du King’s Royal Régiment of New York, et le zèle avec lequel il servit dans cette unité lui valut l’approbation de ses supérieurs. Après la guerre, il s’installa à Cataraqui (Kingston, Ontario) et soigna les loyalistes qui venaient de s’y établir, mais en 1789 il habitait déjà la région de Niagara. C’est là qu’il allait exercé son activité pour le reste de sa carrière.

Kerr s’illustra aussi comme franc-maçon. De 1797 à 1802, il occupa la fonction de grand maître adjoint de la Grande Loge provinciale, alors sous la direction de William Jarvis*. Au cours d’une rupture survenue dans la franc-maçonnerie du Haut-Canada, qui traduisait probablement la rivalité existant entre York (Toronto), où Jarvis s’était installé, et Niagara (Niagara-on-the-Lake), Kerr prit une part active à la formation à Niagara d’une grande loge provinciale dissidente en 1803. Il en fut aussi le grand maître de 1807 jusqu’à sa retraite en 1820. Une fois le schisme réglé après la fusion de 1822, Kerr resta un membre estimé de la Grande Loge provinciale ; ce serait, semble-t-il, un certain hommage à son tact et à sa diplomatie.

En 1788, Kerr devint chirurgien au département des Affaires indiennes, avec un salaire de £100 par année ; il conserva ce poste jusqu’en 1820 au moins. Il soigna aussi les membres du Royal Régiment of Artillery en garnison à Niagara, ainsi que le personnel de la marine, du génie, des casernes et du commissariat. Il remplit en outre les fonctions de chirurgien du régiment en l’absence de ce dernier. À la fin de 1789 ou au début de 1790, sir John Johnson, auquel Kerr était apparenté, proposa sans succès au gouverneur lord Dorchester [Guy Carleton*] de le nommer au sein du Conseil exécutif du Haut-Canada. Kerr occupa cependant bon nombre de postes dans le district de Niagara. Il y fut juge de la Cour de surrogate à partir de 1792, membre du conseil des terres, commissaire de la paix, commissaire chargé de faire prêter le serment d’allégeance aux officiers à la demi-solde et commissaire d’écoles publiques. De même, il fit partie du Médical Board of Upper Canada à partir de 1822, mais il semble n’avoir assisté qu’à une seule réunion.

En plus de ses nombreuses fonctions, le docteur Kerr possédait une clientèle privée. Sa facture pour avoir soigné les membres de la maison de William Jarvis indique qu’il utilisait beaucoup les purges et les saignées, comme c’était l’usage à l’époque. Kerr soigna aussi les chevaux qui appartenaient aux Jarvis. En 1794, il présenta à William Berczy* une facture de £70 pour avoir prodigué des soins aux familles allemandes de Queenston et, trois ans plus tard, il fit paraître, avec le docteur James Muirhead, une annonce selon laquelle il était possible de recevoir une inoculation de petite vérole (gratuite pour les pauvres). Il semble avoir exercé la médecine presque jusqu’à la fin de sa vie.

Kerr joua un rôle essentiel durant la guerre de 1812, même s’il avait déjà dépassé le milieu de la cinquantaine. C’était un homme assez important pour faire partie de l’entourage officiel qui assista aux obsèques d’Isaac Brock*. On sait également qu’il perdit une trousse d’instruments lors de la prise de Niagara par les Américains le 27 mai 1813, qu’il soigna le major de brigade John Baskerville Glegg au quartier général britannique à Burlington Heights (Hamilton) au cours de la même année, et qu’il s’occupa des blessés à la bataille de Chippawa en 1814. Comme les Américains avaient incendié sa maison et sa grange à Niagara en 1813, Kerr réclama £1 227 en dommages de guerre. En 1824, on annonça que les réclamations seraient payées au taux de 25 %.

Au retour de la paix, Kerr avait repris ses multiples occupations dans la région de Niagara. À l’automne de 1823, il s’installa à Albany, où il aurait compté de nombreux amis. Il y mourut en février de l’année suivante, à l’âge de 69 ans, et fut enterré dans le cimetière de l’église épiscopale St Peter. Il laissa chez les habitants de Niagara le souvenir d’un homme grand et bien bâti qui aimait les sports. En fait, on l’appelait parfois « le juge boxeur ». Sur sa pierre tombale, une inscription louait « sa sociabilité et sa cordialité ».

Comme beaucoup d’autres, Robert Kerr avait cherché à acquérir des terres. En 1795, il affirmait posséder 2 200 acres et croyait pouvoir en obtenir davantage. En 1797, ses concessions ne totalisaient que 2 856 acres, ce qui était relativement modeste pour l’époque. Sa fille Mary Margaret épousa Thomas Clark, homme d’affaires de Niagara, et son fils William Johnson Kerr*, Elizabeth Brant, fille de Joseph Brant [Thayendanegea*], renforçant ainsi les liens qui unissaient les Kerr à cette importante famille agnière.

Charles G. Roland

Deux portraits de Robert Kerr se trouvent dans la collection John Ross Robertson à la MTL.

AO, RG 1, A-II-1, 1 : 89.— APC, MG 23, HII, 6, vol. 2 : 377 ; MG 24, K2, 10 : 158, 161–162 ; RG 1, L3, 268 : K1/1–3, 7, 21, 24, K2/17, 23, 29, K4/8, 14, 20–22 ; 269 : K5/29 ; L4, 6 ; RG 5, B1, 1 ; B6, 1, lettre de Kerr, 15 mai 1820 ; D1, 24 : 183 ; RG 8, I (C sér.), 84 : 206 ; 287 : 9 ; 288 : 10–11 ; 704 : 305.— Thomas Gilcrease Institute of American Hist. and Art (Tulsa, Okla.), John and Guy Johnston docs. : 84 (photocopies aux APC).— The battle of Queenston Heights [...], John Symons, édit. (Toronto, 1859), 19.— The Talbot papers, J. H. Coyne, édit. (2 vol., Ottawa, 1908–1909), 1 : 187.— Chadwick, Ontarian familles, 1 : 67.— Jean Johnston, « Ancestry and descendants of Molly Brant », OH, 63 (1971) : 86–92.— Officers of British forces in Canada (Irving).— William Canniff, The medical profession in Upper Canada, 1783–1850 [...] (Toronto, 1894 ; réimpr., 1980).— Carnochan, Hist. of Niagara.— J. R. Robertson, The history of freemasonry in Canada from its introduction in 1749 [...] (2 vol., Toronto, 1900).— William Colgate, « Dr. Robert Kerr : an early practitioner of Upper Canada », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 64 (1951) : 542–546.

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Charles G. Roland, « KERR, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kerr_robert_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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