KENNEDY, GEORGE ALLAN, médecin, chirurgien de la Police à cheval du Nord-Ouest et fonctionnaire, né le 16 avril 1858 à Dundas, Haut-Canada, fils de Thomas Kennedy, chaudronnier, et de Jane Allan ; le 19 septembre 1883, il épousa à Cornwall, Ontario, Alice Maude Allen, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 8 octobre 1913 à Winnipeg.

George Allan Kennedy fit ses études à la grammar school de Dundas et au St Catharines Collegiate Institute. Excellent élève, il étudia à la Toronto School of Medicine et obtint en 1878, de la University of Toronto, un baccalauréat dans cette discipline. Il fit son internat au Hamilton General Hospital avant que son ex-doyen à Toronto ne recommande sa candidature à un poste de médecin à la Police à cheval du Nord-Ouest. La démission de Richard Barrington Nevitt avait laissé cette place vacante.

Un arrêté en conseil daté du 23 septembre 1878 nomma Kennedy adjoint au chirurgien auprès de la Police à cheval. Sa nomination entrerait en vigueur le 1er octobre et son salaire annuel s’élèverait à 1 000 $. Entre cette date et sa démission le 30 juin 1887, il travailla surtout au fort Macleod (Fort Macleod, Alberta) [V. James Farquharson Macleod*]. Pendant certaines périodes avant novembre 1882, il s’occupa des urgences au fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan) ; par la suite, il eut quelques attributions au fort Calgary (Calgary). En 1882, la fonction de chirurgien-chef lui échappa au profit d’Augustus Jukes, mais, de l’avis général, Kennedy était un médecin efficace qui aimait vivre dans une région pionnière.

En 1881, le salaire de Kennedy avait été porté à 1 200 $. La moitié de cette somme lui serait versée par le département des Affaires indiennes, car il avait passé du temps à combattre des épidémies dans les camps cris et assiniboines situés près du fort Walsh. En une seule journée de septembre 1880, dans un campement cri, il soigna 150 malades atteints de diarrhée ou de dysenterie, mais bon nombre d’entre eux, des enfants surtout, moururent. Dès 1882, son principal objectif était de vacciner les enfants contre la variole.

Étant donné les divers contextes dans lesquels devaient exercer les médecins des Prairies et l’état des connaissances médicales, les tâches de Kennedy ne semblent pas avoir été exceptionnelles. Mal outillé pour traiter les maladies infectieuses, il insistait sur la prévention, surtout dans ses rapports sur les avant-postes et centres divisionnaires de la Police à cheval du Nord-Ouest. Il acquit la conviction que l’air de l’Ouest était sain mais que la Police à cheval ne tirait pas parti de cet avantage. Certaines casernes étaient exiguës et mal aérées, avaient un système d’évacuation des eaux déficient et étaient souvent construites sur des lits de cours d’eau. Selon Kennedy, il fallait plutôt construire, sur des terrains plus élevés et mieux drainés, des bâtiments spacieux et mieux aérés. Améliorer les conditions importait encore plus dans les hôpitaux et aussi dans les salles de police, non seulement pour la santé des prisonniers mais aussi pour celle des policiers, qui se déclaraient souvent malades après avoir été de faction. Kennedy accordait une attention spéciale aux installations hospitalières. L’intégration d’un hôpital de première classe dans les nouveaux quartiers construits au fort Macleod et occupés à compter de 1884 fut l’une de ses victoires.

Souvent, dans des conditions d’isolement, des interventions courantes prenaient l’allure de véritables exploits pour Kennedy. En 1880, il amputa un jeune Amérindien à mi-cuisse après un examen approfondi sous anesthésie. Son rapport à ce sujet inspira des éloges à un médecin qui le lut dans les années 1950 et atteste que Kennedy s’efforçait de se tenir à jour dans sa pratique. Il devait fabriquer certains instruments chirurgicaux et, à l’occasion, il était appelé à examiner des cadavres pour déterminer la cause du décès. On peut citer le cas d’un Cri qui avait été scalpé et qui portait de multiples blessures causées par des balles et des coups de poignard et un cas où il y avait apparence de suicide mais où le témoignage de Kennedy incitait à conclure plutôt à une attaque par derrière.

Bien préparé par ces années d’expérience fort diversifiée au sein de la Police à cheval du Nord-Ouest, Kennedy se mit à la pratique privée au fort Macleod en 1887. Sa réorientation coïncida avec le point culminant de l’activité de la Police à cheval à cet endroit et avec l’essor provoqué par l’arrivée du chemin de fer canadien du Pacifique. Même avant de quitter la Police à cheval du Nord-Ouest, Kennedy avait commencé à s’installer dans la localité (qui serait constituée en municipalité en 1892) et à contribuer à son développement. En 1884, il fit venir de Toronto le pharmacien John David Higinbotham pour tenir la pharmacie qu’il avait ouverte, la première en Alberta. Le « comité municipal » dont il fut président en 1885–1886 organisa la construction d’un hôtel de ville et lança la Macleod Improvement Company. Ensuite, Kennedy resta actif en tant que simple citoyen. Il appartint au premier comité directeur du Bureau de commerce, formé en 1888. Apparemment, ce fut vers 1895 que sa participation à la vie locale fut le plus intensive. Il fut alors administrateur scolaire et, discrètement, rédacteur en chef de l’Outlaw, journal satirique indépendant publié à Scotts Coulee pendant une courte période avant les élections fédérales de 1896. Anglican et franc-maçon, Kennedy appartint, par intermittence, au comité directeur du Macleod Club, de la Macleod Turf Association et du Royal Macleod Golf Club. Cofondateur de la University of Alberta, il fut membre du conseil universitaire en 1908–1909, puis du conseil d’administration de 1911 à 1913.

Dans son premier champ d’intérêt, la santé – Kennedy exercerait la médecine à Macleod jusqu’à sa mort en 1913 –, il y avait convergence entre ses engagements à l’échelle locale, régionale et nationale. À titre de membre du comité de l’hôpital du fort Macleod, il avait sûrement contribué à l’adoption de l’ordonnance qui constitua cet établissement en 1887. Pendant une partie des années 1890, il fut inspecteur de la santé publique à Macleod. Il pressa le conseil municipal d’améliorer le système d’évacuation des eaux usées et supervisa personnellement les mises en quarantaine et les soins pendant les épidémies, y compris l’épidémie de variole survenue en 1892 à la réserve indienne Blood, non loin de Macleod. En outre, il fut inspecteur des hôpitaux des Territoires du Nord-Ouest de 1897 à 1905 et exerça de 1895 à 1913 la fonction de chirurgien auprès des ouvriers du tronçon de la passe du Nid-du-Corbeau, qui faisait partie du chemin de fer canadien du Pacifique.

Kennedy ne perdit jamais de vue l’importance d’élargir son cercle de relations, surtout pour acquérir des connaissances en médecine. Président de l’Alberta College of Physicians and Surgeons en 1907–1908, il avait été vice-président de la Canadian Medical Association de 1889 à 1892. Dans une communication présentée à l’assemblée de cet organisme à Banff en 1889, il attira l’attention sur la salubrité du climat du sud de l’Alberta. Avec d’autres éminents praticiens de l’Ouest, il promut le Conseil médical du Canada, où il fut élu en 1913.

Incontestablement, George Allan Kennedy incarnait le mouvement de professionnalisation à l’œuvre dans l’Ouest. Dans son rapport de 1886 à la Police à cheval du Nord-Ouest, il avait plaidé en faveur d’une analyse systématique des fièvres locales qu’il n’avait pu identifier de manière concluante. Un même esprit l’amena à entreprendre son dernier voyage vers l’est, en 1913. Le cancer l’empêcha d’aller plus loin que Winnipeg, mais son intention était de se rendre en Europe pour étudier la tuberculose puis de se spécialiser dans le traitement de cette maladie avec son fils, Alan Hugh Neville, à Macleod.

Carl Betke

Le compte rendu de George Allan Kennedy sur la dernière grande bataille amérindienne dans le Nord-Ouest canadien entre les Cris des Plaines et les Assiniboines en 1870 figure dans J. D. Higinbotham, When the west was young : historical reminiscences of the early Canadian west (Toronto, 1933), 231–238. On trouve les rapports de Kennedy à titre d’adjoint au chirurgien auprès de la Police à cheval du Nord-Ouest dans Can., Police à cheval du Nord-Ouest, Report (Ottawa), 1879–1882 et 1884–1886. Son exposé de 1889 intitulé « The climate of southern Alberta and its relation to health and disease » a été publié dans le Montreal Medical Journal, 18 (1889–1890) : 247–257 ; une version abrégée a paru dans American Medical Assoc., Journal (Chicago), 13 (juill.–déc. 1889) : 376–379. Parmi les articles qu’il a écrit pour des revues médicales, on trouve aussi « Case of penetrating bullet wound » dans le Canadian Practitioner (Toronto), 13 (1888) : 377–379. AN, MG 29, D61 : 4534–4537 ; RG 31, C1, Dundas, [Ontario], 1861 : 34 ; 1871, div. 2 : 44.— AO, RG 80-5-0-120, no 11830.— Gendarmerie royale du Canada (Ottawa), Hist. sect., Service file O.38.— Lethbridge Herald (Lethbridge, Alberta), 1905–1913, particulièrement 9 oct. 1913.— Macleod Gazette (Fort Macleod Alberta), 1882–1900.— Canada Lancet (Toronto), 47 (1913–1914) : 304.— Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 3 (1913) : 1016.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Fort Macleod – our colourful past : a history of the town of Fort Macleod, from 1874 to 1924 (Fort Macleod, 1977).— H. C. Jamieson, Early medicine in Alberta : the first seventy-five years (Edmonton, 1947).— A. O. MacRae, History of the province of Alberta (2 vol., [Calgary], 1912), 679.— H. [M.] Neatby, « The medical profession in the North-West Territories », Sask. Hist., 2 (1949), no 2 : 1–15.— J. B. Ritchie, « Early surgeons of the North-West Mounted Police, III : Doctor George Alexander Kennedy », Calgary Associate Clinic, Hist. Bull., 22 (1957–1958) : 171–181, 201–210 ; « George Alexander Kennedy, s.d., 1858–1913 », Canadian Journal of Surgery (Toronto), 1 (1957–1958) : 279–286.— G. D. Stanley, « Medical pioneering in Alberta », Alberta Hist. Rev. (Edmonton), 1 (1953), no 1 : 6–15.— L. H. Thomas, « Archival studies : early territorial hospitals », Sask. Hist., 2, no 2 : 16–20.— J. P. Turner, The North-West Mounted Police, 1873–1893 [...] (2 vol., Ottawa, 1950).

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Carl Betke, « KENNEDY, GEORGE ALLAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kennedy_george_allan_14F.html.

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Auteur de l'article:    Carl Betke
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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