KELLY, WILLIAM MOORE, homme d’affaires et homme politique, né en 1827 à Moncton, Nouveau-Brunswick, fils de J. M. Kelly ; il épousa Eliza Ann Long, de Cocagne, Nouveau-Brunswick, puis, Margaret Fraser, de Chatham, Nouveau-Brunswick, et cinq fils et deux filles naquirent de ces deux mariages ; décédé le 12 décembre 1888 à Montréal.
Le père de William Moore Kelly émigra de Belfast au Nouveau-Brunswick en 1798 et s’établit au coude de la Petitcodiac (Moncton). Aîné d’une famille nombreuse, William Moore exploita, encore adolescent, une ligne de diligences entre Moncton et Chatham. Après la mort de sa première épouse, survenue en 1856, il déménagea à Chatham où il agrandit son entreprise en prolongeant sa ligne dans la vallée de la rivière Miramichi et en obtenant des contrats pour la livraison du courrier dans la région.
La carrière politique de Kelly commença en juin 1867 sous la protection de personnages influents. Lorsque John Mercer Johnson* démissionna de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick pour entrer dans la première chambre des Communes du Canada, il proposa Kelly comme son successeur dans la circonscription de Northumberland où deux sièges étaient à pourvoir. Celui-ci fut élu sans opposition, mais un autre aspirant allégua que Johnson et Peter Mitchell*, protecteurs influents de Kelly, avaient contraint le shérif du comté à clore prématurément la période des mises en candidature. Pendant la courte campagne électorale, Kelly, d’allégeance conservatrice et partisan de la Confédération, avait proposé des mesures telles que l’instruction gratuite, l’amélioration des routes et la construction de l’Intercolonial. En avril 1869, il devint commissaire en chef des Travaux publics dans le cabinet d’Andrew Rainsford Wetmore*, poste qu’il conserva jusqu’en 1878. Il fut réélu aux élections générales de 1870, 1874 et 1878.
Kelly s’engagea à fond dans la construction du chemin de fer alors en cours au Nouveau-Brunswick, tant en qualité de dispensateur officiel de subventions qu’à titre d’investisseur privé. En 1870, il présenta un projet de loi visant à constituer en société la Chatham Branch Railway Company qui devait relier Chatham à l’Intercolonial ; en tant qu’actionnaire et membre du conseil d’administration du chemin de fer, il appuya la compagnie qui eut gain de cause dans sa requête en vue d’obtenir une aide additionnelle du gouvernement provincial en 1873. Deux ans plus tôt, on avait critiqué pour la première fois ses opérations commerciales. L’opposition avait alors exigé qu’il n’acceptât pas du gouvernement de contrat pour la livraison du courrier aussi longtemps qu’il ferait partie du cabinet. Kelly avait rétorqué qu’il avait autant le droit de poursuivre ses affaires de vieille date que les avocats qui étaient également membres du cabinet.
Kelly réussit presque toujours à éviter de se mêler au débat passionné sur le Common Schools Act de 1871 qui divisa les catholiques et les partisans de l’école non confessionnelle [V. George Luther Hatheway*]. Toutefois, en juillet 1873, Jabez Bunting Snowball*, un des entrepreneurs forestiers les plus puissants du Nouveau-Brunswick, qui avait proposé Kelly comme candidat aux élections générales de 1870 et s’opposait au Common Schools Act, critiqua publiquement ce dernier pour avoir fait circuler une pétition engageant les signataires à soutenir la levée d’impôts directs pour le maintien des écoles publiques. Quelques semaines plus tard, la presse de Chatham blâma Kelly qui avait appuyé des demandes de subventions pour la construction de lignes de chemin de fer dans les comtés de l’ouest plutôt que des demandes semblables pour des lignes de chemin de fer dans sa propre région de Miramichi. Afin de se soustraire aux critiques, Kelly omit à plusieurs reprises de se présenter à des assemblées publiques convoquées dans les mois qui suivirent pour discuter des travaux publics et d’autres entreprises gouvernementales.
En mars 1878, Henry O’Leary*, député de l’opposition à l’Assemblée provinciale, accusa Kelly et Robert Young* de s’être servi de leur situation respective de commissaire en chef des Travaux publics et de président du Conseil exécutif pour conclure une affaire louche en 1874 avec John Cameron Brown, l’entrepreneur de chemins de fer qui avait construit la ligne reliant Chatham à l’Intercolonial. On prétendit que Brown avait donné $13 000 à Kelly et abandonné certaines réclamations contre celui-ci, Young et la Chatham Branch Railway, en échange de la promesse qu’il obtiendrait le contrat de construction de la ligne Kent Northern et qu’il recevrait le solde d’une dette de plus de $16 000. Brown, qui obtint le contrat mais non les $16 000, révéla les détails du marché. Un comité spécial de l’Assemblée disculpa Young de toute accusation de malversation, mais un rapport minoritaire critiqua sévèrement Kelly pour avoir en fait soutiré une ristourne clandestine. Néanmoins, ce dernier fut réélu lors des élections générales tenues au mois de juin de la même année. Il avait cependant démissionné de son poste de commissaire en chef avant le déclenchement des élections.
Pendant ses premières années au poste de commissaire, Kelly avait été considéré comme le membre le plus influent et le plus populaire du cabinet. Son déclin politique ultérieur reflète cette époque orageuse du début des années 1870 où les habitants du Nouveau-Brunswick se disputèrent avec véhémence, voire parfois avec violence, au sujet du Common Schools Act et furent divisés par les convoitises que suscitait la construction effrénée de lignes de chemin de fer. Peu de temps après avoir été réprimandé par le comité de l’Assemblée pour ses transactions ferroviaires et à la suite de sa réélection en 1878, Kelly se réfugia dans la quiétude du Conseil législatif où il siégea jusqu’en 1882, année où, miné par la maladie, il déménagea à Toronto. Il mourut en 1888, lors d’une visite qu’il rendait à l’un de ses fils à Montréal.
APNB, Williston family mss, Chatham Branch Railway ; « N.B. political biog. » (J. C. et H. B. Graves), XI : 47.— N.-B., House of Assembly, Journal, 1867–1878 ; Reports of the debates, 1867–1871 ; Synoptic report of the proc., 1874–1878.— Daily Sun, 13 déc. 1888.— Gleaner and Northumberland Schediasma (Chatham, N.-B.), 1867–1873.— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser, 15 déc. 1888.— Canadian biog. dict., II : 668.— CPC, 1878.
Richard Wilbur, « KELLY, WILLIAM MOORE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kelly_william_moore_11F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |