KELLOGG (Kellug, Kalogg), JOSEPH, milicien, agent auprès des Indiens, interprète et commerçant, né le 8 novembre 1691 à Hadley, Massachusetts, fils aîné de Martin Kellogg et de Sarah Lane, née Dickinson, décédé à Schenectady, New York, à l’été de 1756.
Arrivé à Deerfield, Massachusetts, avec sa famille vers 1692, Joseph Kellogg est capturé par les Indiens en février 1704 au cours du raid sanglant de Deerfield que dirigeait Jean-Baptiste Hertel* de Rouville. Son frère cadet, Jonathan, est tué sur-le-champ. Ses parents et son demi-frère aîné, Martin, ont tôt fait de s’échapper, mais Joseph et ses sœurs, Joanna et Rebecca, sont faits prisonniers et emmenés au Canada. Par la suite, ses sœurs épousent des Indiens ; Joanna refusera de retourner au Massachusetts. Joseph passe une année de captivité à la mission du Sault-Saint-Louis (Caughnawaga, Québec). Il apprend avec facilité la langue des Agniers et, grâce à ses talents de linguiste, est rendu aux Français, naturalisé en mai 1710 et engagé comme interprète dans les expéditions de traite. Il relatera par la suite qu’il voyageait ici et là en toute liberté, apprenant la langue de chacune des tribus indiennes avec lesquelles il trafiquait, tout en amassant des sommes considérables.
C’est avant tout un manuscrit des archives de la Royal Society of London intitulé « A short account of a trading voyage performed by Joseph Kellug [...] to Missasippi in the year 1710 [...] » qui aurait fait connaître Joseph Kellogg. Ce récit écrit en 1721 après le retour de Kellogg au Massachusetts est l’œuvre de Paul Dudley, alors juge de la Cour supérieure du Massachusetts et homme de science amateur qui entretenait depuis longtemps une correspondance avec la Royal Society of London. « Le Journal, écrira Dudley en mars 1721, contient les propos que j’ai recueillis de sa bouche et agencés selon la méthode que vous voyez, et bien qu’il ne soit pas homme de lettres, il possède tant d’honnêteté et de candeur que vous pouvez croire que ce qu’il dit est vrai. » La Royal Society s’intéressa vivement au rapport surtout parce qu’il contenait des données propres à corriger certains détails géographiques du pays des Illinois notés peu de temps auparavant par John Senex sur sa carte de l’Amérique du Nord (1710) et à confirmer quelques affirmations du père Louis Hennepin* dans sa Description de la Louisiane (1683).
Il semble que Kellogg ait été le premier Anglais à pénétrer au pays des Illinois. Parti de Montréal, son groupe de « six Français du Canada » se rendit au lac Huron en passant par le lac Nipissing et hiverna à Michillimakinac. Puis, longeant le lac Michigan jusqu’à « Chigaquea [Chicago] », ils firent du portage jusqu’à la rivière des Illinois qu’ils parcoururent jusqu’au Mississipi et poursuivirent vers le sud jusqu’à l’embouchure de l’Ohio. C’est là qu’en 1711 « la compagnie de M. Kellug termina son voyage de traite et puis s’en retourna au Canada ». Kellogg décrivit, en plus de la géographie, la flore et la faune de l’Illinois et ajouta quelques commentaires sur les établissements français qui jalonnaient la route.
Accompagnant une commission du Massachusetts chargée de recouvrer des captifs au Canada, Martin, le demi-frère de Kellogg, ramena celui-ci au Massachusetts en 1714. Joseph retourna dans sa famille alors établie à Suffield (Conn.). Le 20 juin 1716, le gouvernement du Massachusetts le nomma interprète auprès des Indiens et sergent de la garde à Northfield (Conn.). Ce fut le début d’une carrière à laquelle il dévouera la majeure partie de sa vie. Il est promu lieutenant et commandant en second à Northfield en 1721, capitaine en 1723, et de, décembre 1726 à juin 1740 il occupe le poste de commandant du fort Dummer (au sud de Brattleboro, Vermont), construit en 1724. Nommé « interprète officiel de la Province [du Massachusetts] » le 26 décembre 1740, il exerce ces fonctions jusqu’en 1749.
Kellogg avait mis sur pied un poste de traite au fort Dummer ; en 1728, il y est nommé officier chargé du commerce. Il effectue au moins deux visites au Canada, en 1721 et en 1727–1728, en vue d’obtenir la libération de prisonniers. On le retrouve également à plusieurs reprises comme agent et interprète dans les négociations avec les Indiens et c’est à ce poste qu’il meurt à Schenectady en 1756, alors qu’il accompagnait le gouverneur William Shirley du Massachusetts. Le gouvernement de la province le tenait en haute estime et le considérait comme un agent fidèle, courageux, judicieux, vigilant et comme le meilleur interprète de son temps ; il le récompensa en lui offrant des terres et de nombreux dons en argent. Kellogg avait épousé Rachel Devotion, de Suffield, en 1720. Ils eurent cinq enfants.
Le récit fait par Dudley du voyage de Kellogg se trouve à la Royal Society of London, Archives, Classified papers (1660–1740), VII/2, no 1, et il est intitulé : A short account of a trading voyage performed by Joseph Kellug an English man of New England in company with six French men of Canada to Missasippi in the year 1710 in two cannoos made of birch bark, with some general remarks made by the said Kellug. Il existe une copie dans le Register book, XI (1722–1724) : 132–136. Ce texte a été publié par R. P. Stearns Joseph Kellogg’s observations on Senex’s map of North America (1710), Mississippi Valley Hist. Rev., XXIII (1936) : 345–354. La lettre de Dudley concernant le récit se trouve également à la Royal Society, Archives, Guard-book, D/1no, 73 (copie dans Letter-book, XVI : 195s.). Ces documents ont été cités avec la permission du président et des membres de la Royal Society of London. La carte de Senex se trouve au BM, K. Top. , 148.e.3. [r. p. s.]
Mass., Archives, Council records, VI, VII : Court records, XIV ; « Mass. Archives », XXXI, XXXII, LXXII.— The acts and resolves, public and private, of the province of the Massachusetts Bay (21 vol., Boston, 1869–1922), XII.— Belcher papers, Coll. of the Mass. Hist. Soc., 6e sér., VI (1893), VII (1894).— Indian treaties, Coll. of the Maine Hist. Soc., 1re sér., IV (1856) — 124s., 129, 131.— Journals of the House of Representatives of Massachusetts (40 vol. parus, « Mass. Hist. Soc. publ. », Boston, 1919– ), IV–VI, VIII–XVII, XXXI, XXXII.— Coll. of the Mass. Hist. Soc., 1re sér., IV (1795) ; X (1809).— New Eng. Hist. and Geneal. Register, IV (1850) ; IX (1855).— New-England Courant (Boston) (contient ici et là des notices concernant Kellogg à partir du 26 nov. 1722).— Coleman, New England captives.— Dean Dudley, History of the Dudley family with genealogical tables, [...] (2 vol. et suppléments, Wakefield, Mass., 1886–1901).— Timothy Hopkins, The Kelloggs in the old world and the new (San Francisco, Calif., 1903) (cet ouvrage contient une copie inexacte du « Short account » du voyage de Kellogg [r. p. s.]).— Sylvester Judd, History of Hadley, including the early history of Hatfield, South Hadley, Amherst, and Granby, Mass. [...] (Springfield, Mass., 1905).— J. P. Kellogg, A supplement to notes on Joseph Kellogg of Hadley ([Genève, Suisse], 1899).— Kellogg, French régime.— J. H. Temple et George Sheldon, History of the town of Northfield, Massachusetts, for 150 years [...] (Albany, 1875).
Raymond P. Stearns, « KELLOGG (Kellug, Kalogg), JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/kellogg_joseph_3F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
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