JUCHEREAU DUCHESNAY, ELZÉAR-HENRI (appelé aussi Henri-Elzéar), avocat, seigneur, conseiller législatif, sénateur, né à Beauport le 19 juillet 1809, fils d’Antoine-Louis Juchereau* Duchesnay, seigneur de Beauport, et de Marie-Louise Fleury de La Gorgendière, décédé à Sainte-Marie-de-la-Beauce le 12 mai 1871 et inhumé dans l’église paroissiale.

Après avoir reçu une excellente éducation familiale et les leçons d’habiles précepteurs, Juchereau Duchesnay fit sa cléricature et fut admis au barreau le 10 janvier 1832. Un premier mariage, contracté le 24 juillet 1834, l’amena à fixer sa résidence à Sainte-Marie-de-la-Beauce où sa femme, Julie Perrault, fille de Jean-Baptiste-Olivier Perrault*, lui donna trois enfants. À sa mort, survenue le 22 août 1838, elle lui léguait une partie de la seigneurie de Sainte-Marie. Nommé magistrat « stipendiaire » pour le district de Montréal le 22 juillet 1839, puis magistrat de police le 8 avril 1840, Juchereau Duchesnay s’établit à Sainte-Marie-de-Monnoir. Mais, en 1843, il reprenait l’exercice du droit à Québec. Un second mariage, le 17 juin 1844, avec la cousine de sa première femme, Élisabeth-Suzanne, fille de l’honorable Jean-Thomas Taschereau* et sœur du cardinal Elzéar-Alexandre Taschereau*, devait toutefois le ramener à Sainte-Marie-de-la-Beauce. Ils eurent sept enfants qui, ainsi que leurs descendants, s’illustrèrent dans la haute société, entre autres Charles-Edmond, qui fut surintendant de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique en Colombie-Britannique.

Ayant reçu un entraînement militaire dans sa jeunesse, Juchereau Duchesnay devint, en 1846, lieutenant-colonel du 4e bataillon de milice de sa région, le Dorchester. Favorable au parti conservateur, il fut élu conseiller législatif le 29 septembre 1856 pour la division de Lauzon ; il le demeura jusqu’à la Confédération et fut alors appelé au « Sénat de la Puissance », le 23 octobre 1867.

Grand philanthrope, il fut un promoteur et un bienfaiteur de l’éducation. La « guerre des éteignoirs » [V. Meilleur] sévissait dans sa paroisse, comme ailleurs depuis 1846, et la commission scolaire locale s’était dissoute, laissant l’enseignement à l’abandon. Le 28 août 1849, Juchereau Duchesnay adressait à lord Elgin [Bruce*] une requête signée par 42 notables, demandant une nouvelle commission scolaire pour le village. Le 24 septembre, le gouverneur répondait favorablement et le promoteur, devenu le président, assuma la tâche ingrate du relèvement des écoles, se chargeant de toute la correspondance avec le surintendant de l’Instruction publique et rédigeant lui-même les contrats d’engagement des institutrices. Le curé Louis Proulx, arrivé dans la paroisse en 1851, lui accorda un puissant appui. Les deux « amis de l’éducation » réussirent à remettre 15 écoles en activité et le Rapport du surintendant pour 1855 faisait l’éloge de leur zèle infatigable. Juchereau Duchesnay passa les rênes à son collègue au mois d’août 1856.

Juchereau Duchesnay s’intéressa aussi à l’agriculture. Au moment où ressuscita la société d’agriculture du comté, le 23 février 1847, il en devint le président. Le Canadien du 3 février 1864 rapportait sa réélection, lors de l’assemblée annuelle. Il semble bien qu’il n’a pas cessé d’être président entre-temps et qu’il fut ainsi le champion de l’agriculture dans le comté durant au moins 18 ans, fermier lui-même et s’intéressant, en philanthrope, au mieux-être de la profession agricole.

Juchereau Duchesnay fut aussi maire de Sainte-Marie-de-la-Beauce de 1868 à 1870. Enfin, à sa mort, il était encore lieutenant-colonel de la milice de réserve, division de la Beauce. À ses funérailles, ce furent quatre cultivateurs qui portèrent le cercueil.

Honorius Provost

ANQ, QBC, Instruction publique, 28, 29, 35, 36, 37, 41, 42, 43, 50, 51, 55, 62, 64.— Archives de la Fabrique Sainte-Marie (Beauce, Qué.), Papiers des écoles.— JALPC, 1856, app. no 16, Rapport du surintendant de l’Éducation pour le Bas-Canada, pour l’année 1855.— Le Canadien (Québec), 3 févr. 1864.— La Gazette des familles acadiennes et canadiennes (Québec), 15 juin 1871.— Honorius Provost, Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce ; histoire religieuse (Québec, 1967).— P.-G. Roy, La famille Juchereau Duchesnay (Lévis, 1903) ; La famille Taschereau (Lévis, 1901).

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Honorius Provost, « JUCHEREAU DUCHESNAY, ELZÉAR-HENRI (Henri-Elzéar) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/juchereau_duchesnay_elzear_henri_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    1 décembre 2024