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JONES, PETER EDMUND (Kahkewaquonaby), médecin, chef mississagué de la tribu des Sauteux, agent des Affaires indiennes, rédacteur en chef et éditeur, né le 30 octobre 1843 à London, Haut-Canada, fils de Peter Jones* et d’Elizabeth Field* ; le 27 février 1873, il épousa à Brantford, Ontario, Charlotte Elvin, veuve de William Dixon, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 29 juin 1909 à Hagersville, Ontario.
Un gouffre culturel séparait Peter Edmund Jones de nombre de ses frères mississagués de la région de la rivière Credit. Après avoir passé son enfance près de London, à Muncey Mission, où son père, également appelé Kahkewaquonaby, était pasteur méthodiste, Jones avait vécu dans la société en majorité blanche de Brantford. À la maison de campagne familiale, de style anglais, il avait fait ses premières classes auprès d’une gouvernante avant d’entrer à la Brantford Grammar School. Plus tard, il étudia à la University of Toronto et au Queen’s College de Kingston ; il reçut son diplôme de médecine en 1866, soit un an avant Oronhyatekha, ce qui en fait probablement le premier Indien avec statut au Canada à obtenir ce diplôme.
Jones idéalisait la mémoire de son père, mort quand il avait 12 ans, et il suivit son exemple en œuvrant au sein d’une communauté autochtone. Il s’établit à Hagersville et pratiqua la médecine parmi les Mississagués de New Credit. Chef principal de 1874 à 1877, puis de 1880 à 1886, il voulait obtenir pour les Indiens du Canada les droits civils dont jouissaient les autres sujets britanniques, y compris le droit de vote, et ce, sans qu’ils aient à renoncer à leur statut juridique distinct. Grâce à ses excellentes relations avec le Parti conservateur, il pressa aussi le gouvernement fédéral d’accorder aux bandes plus de pouvoir sur leur propre administration. Il n’y parvint pas, mais sollicita et obtint néanmoins le premier poste d’agent des Affaires indiennes auprès de sa bande, poste qu’il occupa de 1887 jusqu’à la défaite des conservateurs aux élections fédérales de 1896.
Bien qu’aux trois quarts blanc, Jones était un Amérindien dans l’âme. Un an après son mariage avec l’Anglaise Charlotte Dixon, il annonça au conseil que, s’ils avaient des enfants, ils voulaient les élever comme « des enfants indiens ». Ni l’ensemble de sa bande, ni même sa famille ne croyaient cet objectif réalisable. Le leader autochtone David Sawyer [Kezhegowinninne*] estimait pour sa part que, selon la loi indienne, « une personne ayant moins d’un quart de sang indien cess[ait] d’être indienne ». Le chef Jones avait cependant l’appui de la majorité des membres de sa bande et il en demeura le médecin officiel, bien que son cousin George Henry eût tenté de lui ravir ce titre. Jones continua donc à pratiquer la médecine durant et après ses mandats de chef et d’agent des Affaires indiennes.
Homme aux intérêts multiples, Jones se fit rédacteur de son propre journal, l’Indian, qu’il publia pendant un an au milieu des années 1880. Collectionneur de pièces archéologiques autochtones, il possédait une belle bibliothèque sur les Amérindiens du Nord et conserva beaucoup des précieux documents et livres qui avaient appartenu à son père. Il adorait jouer aux échecs et, s’écartant radicalement des coutumes de son peuple, il pratiquait la taxidermie. Un visiteur parle de la « fascinante collection de créatures sauvages, si habilement montées » qu’il avait pu voir dans sa maison de la réserve.
Jones était un homme court, au teint foncé, à la face large, et aux pommettes saillantes. Toute sa vie, il souffrit de claudication. Enfant, il avait dû marcher avec des béquilles et, vieillard, il se servit d’une canne. Au début de la soixantaine, il fut atteint d’un cancer sous la langue, dont il devait mourir. Il avait été anglican bien des années, et c’est en chrétien, mais en chrétien aux larges vues, qu’il mourut.
Peter Edmund Jones était un être déroutant tant pour les membres les plus conservateurs de sa bande, des hommes comme David Sawyer et George Henry, par exemple, que pour les fonctionnaires des Affaires indiennes qui encourageaient les autochtones instruits à renoncer à leur statut d’Indien. Il semble toutefois plus compréhensible aujourd’hui. Comme bien des gens d’ascendance indienne, il avait grandi dans une société en majorité blanche, mais se définissait comme un Indien et en était fier.
Les renseignements concernant Peter Edmund Jones ont été donnés par un petit-neveu, Macdonald Holmes, d’Edmonton, dans une entrevue qu’il a eue avec l’auteur le 3 octobre 1976. M. Holmes, qui était âgé de 75 ans à ce moment, avait connu le docteur Jones durant son enfance à Hagersville, Ontario. [d. b. s.]
Jones a publié 24 numéros de Indian (Hagersville) du 30 déc. 1885 au 29 déc. 1886. Il est également l’auteur de « Red man v. white man », lettre qui a paru dans le Mail de Toronto du 14 décembre 1875, à la page 2 ; « The Indians of Haldimand », entrée dans l’Illustrated historical atlas of the county of Haldimand, Ont. (Toronto, 1879), 9–10 ; et une lettre à sir John Alexander Macdonald* datée du 30 mai 1885 et signée « Chief Kahkewaquonaby, M.D. », dans Canada, Chambre des communes, Débats, 1885 : 2371. Ses rapports sur les Mississagués de New Credit pour le département des Affaires indiennes figurent dans le Rapport annuel (Ottawa), 1887–1896 de ce dernier.
On trouve des lettres manuscrites de Jones aux AN, MG 26, A : 62348–62350, 209783, 209818–209820, 211992–211995 ; MG 29, D22, Jones à Miss Merritt, 4 mars 1899 ; à la Smithsonian Institution, National Anthropological Arch. (Washington), Jones à H. F. Gardiner, 25 mai 1898 ; et à la Wis., State Hist. Soc. (Madison), Draper mss, Joseph Brant papers, 13F13, Jones à W. L. Stone, 31 oct. 1882 ; Jones à Lyman Draper, 12 nov. 1882.
AN, RG 10, 2207, dossier 41812 ; 2238, dossier 45742.— D. B. Smith, Sacred Feathers : the Reverend Peter Jones (Kahkewaquonaby) and the Mississauga Indians (Toronto et Londres, 1987).
Donald B. Smith, « JONES, PETER EDMUND (Kahkewaquonaby) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jones_peter_edmund_13F.html.
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Auteur de l'article: | Donald B. Smith |
Titre de l'article: | JONES, PETER EDMUND (Kahkewaquonaby) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 décembre 2024 |