JONES, JOHN (Thayendanegea, Tyantenagen), arpenteur, instituteur, prédicateur laïque méthodiste, traducteur et chef sauteux des Mississagués, né le 10 juillet 1798 à la rivière Humber, Haut-Canada, fils d’Augustus Jones et de Tuhbenahneequay (Sarah Henry), fille d’un chef mississagué ; décédé le 4 mai 1847 à London, Haut-Canada.

Le nom agnier de John Jones lui fut donné à sa naissance par Joseph Brant [Thayendanegea*], grand ami de son père. Le jeune Thayendanegea et son frère Kahkewaquonaby [Peter Jones*] grandirent à l’extrémité ouest du lac Ontario, au sein du peuple de leur mère. Celle-ci leur enseigna la religion de ses ancêtres et en fit de bons chasseurs. Leur père, marié légalement à une Agnière, vivait non loin de là et s’intéressait au sort de ses fils mississagués. En 1805, il obtint pour eux, de certains Mississagués, deux concessions de terre de deux milles carrés chacune à la rivière Credit. Les garçons voyaient leur père durant les mois d’été, car la bande de leur mère campait alors sur la partie encore boisée de sa grande ferme. Au cours d’une visite en 1809, le prédicateur méthodiste William Case* baptisa John. Plus tard, probablement après la guerre de 1812, son père l’envoya dans une école des environs. En 1817, John et Peter accompagnèrent leur père et leur belle-mère à leur nouvelle ferme, sur la rivière Grand. Six ans plus tard, à Hamilton, John apprenait le métier de son père, l’arpentage.

Dès la conversion de Peter au méthodisme, en 1823, John devint son bras droit et entreprit avec lui de répandre la parole divine parmi les Mississagués. Il enseigna à l’école de la mission indienne, d’abord à Davisville (près de Brantford) [V. Tehowagherengaraghkwen*] puis à Credit Mission (Mississauga). John West, ministre anglican qui se rendit dans sa classe en juillet 1826, notait : « II [me] parut un instituteur tout à fait qualifié qui, grâce à la vivifiante influence des principes chrétiens, se consacrait tout entier à son travail. »

Dans les derniers mois de 1823, Jones avait épousé Kayatontye, appelée aussi Christiana Brant, la petite-fille de Joseph. L’apport de celle-ci à la vie du village se révéla précieux. Elle avait appris à « tenir maison » comme les Blanches et le montrait aux femmes mississaguées, qui tentaient alors vaillamment de vivre toute l’année dans des cabanes en bois rond plutôt que dans des wigwams. Elle leur enseignait aussi le chant, un art où elle excellait. Cependant, dans les années 1830, une série de tragédies s’abattit sur la famille. La maladie emporta Christiana et quatre des enfants, puis le seul à y avoir échappé se noya dans la rivière Credit. Vers 1830, Jones contracta la tuberculose pulmonaire ; il dut démissionner de l’école de Credit Mission mais continua d’enseigner à l’école du dimanche.

En 1835, remis de sa maladie, Jones épousa Mary Holtby, fille d’un prédicateur méthodiste d’origine anglaise qui vivait juste au nord de la mission. La bande accueillit la jeune femme et lui donna un nom indien, Pamekezhegooqua. Un des quatre enfants nés de cette union, Alfred Augustus Jones (Misquahke), allait enseigner à l’école de la mission et être surintendant de l’école du dimanche de New Crédit pendant 35 ans.

À Credit Mission, John Jones épaula fidèlement son frère Peter et son oncle Joseph Sawyer [Nawahjegezhegwabe*], tous deux chefs de la bande. Il enseigna des techniques agricoles à son peuple et fut secrétaire-trésorier d’une compagnie qui, créée en 1834 aux fins d’exploiter des quais et des entrepôts à l’embouchure de la rivière Credit, appartenait en partie à la bande. Il agit à titre, de prédicateur laïque méthodiste et, en traduisant l’Évangile selon saint Jean avec l’aide de Peter, il contribua à donner aux Sauteux une version des Écritures dans leur langue. Vers 1840, il devint l’un des trois chefs de sa bande et, en 1845, fut secrétaire du grand conseil des Sauteux tenu à Saugeen (réserve indienne de Saugeen). Peter Jones donna à son infatigable frère la meilleure épitaphe qui soit en écrivant, quelques mois après sa mort : « Pour moi comme pour la tribu, il demeure irremplaçable. »

Donald B. Smith

Une lettre datée du 16 août 1845, de John Jones à l’éditeur du Christian Guardian, a paru dans l’édition du 27 août sous le titre de « The Indians of Canada West ». Sa traduction, The Gospel according to St. John, éditée par Peter Jones, a paru à Londres en 1831.

UCC-C, Credit Mission, record-book.— [Elizabeth Field Jones], Memoir of Elizabeth Jones, a little Indian girl, who lived at River-Credit Mission, Upper Canada (New York, 1847).— Peter Jones, Life and journals of Kah-ke-wa-quo-nā-by (Rev. Peter Jones), Wesleyan missionary, [Elizabeth Field et Enoch Wood, édit.] (Toronto, 1860).— Benjamin Slight, Indian researches ; or, facts concerning the North American Indians [...] (Montréal, 1844).— John West, The substance of a journal during a residence at the Red River colony, British North America : and frequent excursions among the north west American Indians [...] (2e éd., Londres, 1827), 292.— Christian Guardian, 6 nov. 1833, 19 mai 1847, 12 janv. 1848.— Betty Clarkson, Credit valley gateway ; the story of Port Credit ([Port Credit (Mississauga, Ontario)], 1967).

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Donald B. Smith, « JONES, JOHN (Thayendanegea, Tyantenagen) (1798-1847) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jones_john_1798_1847_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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